Ski de fond : Emmanuel Jonnier attend une confirmation de ses athlètes sur le plan individuel
La semaine a été intense sur les pistes de Lygna (Norvège). Au bout de ces Mondiaux juniors et U23 de ski de fond, la France repart avec une médaille d’argent, sur la toute dernière course et le relais mixte composé de Mélissa Gal, Théo Schely, Jules Chappaz et Eve-Ondine Duchaufour.
Pour Nordic Magazine, l’entraîneur de cette équipe de France hommes, Emmanuel Jonnier, revient sur les moments forts de ces championnats du monde, pour le moins riches en émotions.
- Comment analysez-vous les résultats des Bleuets sur ces Mondiaux juniors et U23 ?
C’est assez mitigé. Il y a eu du très bon, des performances du haut niveau mondial, d’autres correctes et d’autres très mauvaises. C’est le lot de toutes les équipes. L’avantage, c’est que l’on n’est pas rentrés bredouille. On a pu voir des choses qui sont positives, sur lesquelles il faudra capitaliser dessus. C’est très bien pour la suite.
- L’objectif annoncé était de deux médailles. Est-ce une déception pour vous de ne pas avoir pu l’atteindre ?
La déception aurait été de ne pas en avoir du tout. Si les planètes étaient alignées, on aurait pu en avoir trois selon moi, avec le relais hommes juniors et le sprint U23.
Mais, vous savez, les incidents en finale ne sont jamais des hasards. Les tout meilleurs ne cassent jamais de bâton, hormis s’ils sont un peu plus fragiles mentalement ce jour-là. Jules Chappaz était en forme. Il a atteint la finale, ce qui était le minimum syndical pour lui. Mais il a eu cette malchance avec lui.
Il y avait aussi le relais hommes juniors également. Mathis Desloges avait de belles chances de médaille par exemple.
- Justement, vous parlez du relais hommes juniors. Qu’a-t-il manqué aux Bleuets pour aller décrocher la médaille ?
Pour nous, la semaine a été assez perturbée par ce format 30 km la veille du relais. C’est une programmation qui n’existe pas. Chez les pros, la longue distance est toujours en fin de championnats. Mais les Norvégiens nous ont mis un planning comme celui-là. Le 30 km skate a toujours réussi aux Français, donc on était un peu obligés de mettre beaucoup de jus dedans, en sachant que ça allait mettre en péril le reste de la semaine. Et c’est ce qui s’est malheureusement produit.
Pour la première fois, l’individuel classique était beaucoup plus ouvert que la mass-start skate. Quand tu vois que les quatre premiers dossards finissent aux quatre premières places avec une minute d’avance sur tous les autres… ce n’était même pas la peine de s’aligner dans cette mass-start. Mais on n’a pu le voir qu’après coup évidemment. C’était une abomination de balancer nos forces dans ce 30 km.
Toutes les autres nations ont eu du mal après à s’en remettre. Tout le monde s’est retrouvé complètement cramé après ce 30 km. Les quatre Russes se promenaient en fait alors qu’on était tous à bloc. Les Allemands, les Suisses, les Italiens… tout le monde a eu les mêmes problèmes que nous.
Je n’ai pas osé leur demander d’abandonner, car ce n’aurait pas été honteux d’abandonner dans cette programmation des organisateurs que je qualifierai d’honteuse. Cela aurait été pour s’économiser pour le relais du lendemain. Mais ce n’était pas une mauvaise course que Mathis Desloges et Luc Primet faisaient, ils se sont super bien battus.
- En revanche, il y a une course qui a dû vous faire plaisir, c’est le relais mixte U23. Comme d’habitude, on a presque envie de dire, les épreuves collectives réussissent bien à l’équipe de France…
C’est une médaille qui reste dans la tradition de la réussite du collectif français. C’est quelque chose qu’on n’arrive pas à reproduire dans les grandes compétitions individuelles. Les athlètes arrivent à se transcender pour lutter vraiment face à des gens qui sont parfois beaucoup plus forts qu’eux.
Aujourd’hui, ça fait des dizaines d’années qu’il y a des athlètes qui se transcendent dans nos rangs quand il s’agit d’un relais. Il y a une pression différente, on se bat pour les autres. La hiérarchie est beaucoup plus restreinte aussi, ce n’est pas la même chose de se battre à quinze qu’à cent athlètes en individuel, les duels sont plus ciblés.
- Est-ce ce qu’il s’est passé selon vous ce dimanche lors du relais mixte ?
On a vu les quatre relayeurs qui ont incroyablement augmenté leur curseur sur ce relais. Mélissa Gal a fait un incroyable relais en classique, comme l’année dernière à Vuokatti. Elle n’a vraiment rien à envier aux meilleures des U23, alors qu’elle a eu plus de mal quand c’est pour elle, c’est flagrant.
Pareil pour Théo Schely, il a fait ce qu’il a voulu. C’était lui le patron de son relais, clairement. Il a pris les commandes quand il a voulu, il a tenu jusqu’au bout. Il a mis une mine aux Norvégiens dans la grosse bosse. Pour eux, ce sont des repères qui sont énormes et ce sont des courses sur lesquelles ils doivent capitaliser pour la suite. Ils voient qu’ils peuvent jouer avec les meilleurs des pays étrangers dans leur même tranche d’âge et qu’ils n’ont absolument rien à leur envier.
Jules Chappaz avait envie de montrer qui il était. Il a fait un énorme relais. Pour Eve-Ondine Duchaufour, elle avait affaire à une Russe qui était quand même déjà médaillée olympique, Veronika Stepanova. Elle a fait une course qu’elle n’a jamais faite auparavant, c’est sa plus belle course et de loin. Eventuellement, on se dit toujours que, pourquoi pas, on pouvait jouer la médaille d’or selon certaines circonstances. Même face à la Norvégienne, elle a pris ses responsabilités et la Norvégienne ne s’attendait sans doute pas à cette adversité. C’est une fierté de se placer entre la Norvège et la Russie, on était tous très heureux.
- Comment avez-vous réussi à mobiliser les troupes et à les motiver jusqu’au dernier jour de compétition ?
On s’est dit que sur la semaine, tant qu’il y a des courses, on y va et on continue à se battre. On n’a rien lâché et c’est finalement sur la dernière échéance que ça a marché. C’était tellement une belle course qu’on s’est vraiment régalés. L’ambition, c’était de jouer devant et c’est ce qu’on a réussi à faire ce dimanche. C’était une belle manière de terminer en beauté.
- Y a-t-il une autre satisfaction à souligner côté Français sur ces Mondiaux ?
Chez les juniors filles, le relais aussi a été très bon. Liv Coupat a tapé dans l’œil de tout le monde sur son relais, elle a fait le deuxième meilleur temps en skate au total. Les autres ont aussi très bien couru, entre Julie Pierrel, Cloé Pagnier et France Pignot. C’était une très belle sixième place pour elles.
Ce mercredi, retrouvez l’interview de Samuel Régé-Gianasso, l’entraîneur des juniors et U23 féminines, qui entrera plus en détails sur les performances des Bleuettes.
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