Ski de fond : un retour de blessure réussi pour Maëlle Veyre après une longue blessure
Eloignée des pistes de ski de fond depuis le début de saison après avoir été longuement blessée, Maëlle Veyre a tout de même pu prendre le départ de quelques compétitions en fin d’hiver. Troisième au scratch et première U23 de la mass-start skate des championnats de France de Bessans (Savoie) le 1er avril dernier, la Haut-Alpine a mis un joli point final à une saison difficile.
Elle raconte ces derniers mois particuliers avec émotion à Nordic Magazine.
Les deux pieds touchés
« Je me suis blessée en octobre. Au début, c’est au pied gauche que j’avais mal. J’ai rapidement fait des examens et une IRM. C’est là que l’on a vu que j’avais des œdèmes osseux qui étaient apparus suite à des fractures de fatigue. J’ai été à l’arrêt pendant dix jours où cela s’est aussi révélé au pied droit. Cette fois-ci, j’avais trois fractures de fatigue à ce pied. J’ai été en convalescence pendant presque deux mois où je ne pouvais presque pas m’appuyer sur mes pieds. J’ai limité mes déplacements au maximum. »
« Je suis donc rentrée chez moi pour me faire chouchouter par mes parents [Rires] ! Mais j’ai rapidement eu envie de bouger. J’ai commencé par faire du gainage puis du Skierg en trouvant des solutions pour limiter les appuis sur le pied. J’étais donc assise ou sur les genoux. J’ai pu faire un peu d’intensité car cela me manquait et que je « kiffais » de faire cela ! Pendant ce gros mois et demi, je me suis bien entretenue en faisant beaucoup de yoga également. J’ai eu également beaucoup de cours pour aussi occuper l’esprit. Cela s’est plutôt bien passé. »
« J’avoue qu’il y a des moments où j’ai craqué »
« C’était un peu long et dur quand je voyais les copains partir en stage. J’avoue que j’ai eu des moments où j’ai craqué. Mais je n’avais pas le choix et il fallait que je respecte ce temps d’arrêt au maximum pour revenir ensuite le plus vite possible sans douleur. »
« J’ai attaqué les séances de kiné pendant près de trois semaines dans un cabinet à Chambéry. Je faisais de la rééducation. J’amenais même mes ski-roues dans la salle pour retrouver des sensations [Rires] ! C’est là où nous avons trouvé d’où venait mes problèmes. C’était au niveau de mes semelles de ski qui appuyaient au mauvais endroit mais il y avait aussi un peu de surentraînement. J’ai repris la course à pied de manière trop brusque avec de nouvelles chaussures donc cela n’a pas aidé pour faire avancer les choses. »
« Il a donc fallu que je me remuscle et trouve de nouvelles habitudes pour éviter ce genre de blessures à l’avenir. J’ai pu rapidement remonter sur les skis pour retrouver des sensations et appliquer ces nouvelles méthodes sur neige. Je n’ai fait que du skating car je n’avais pas le droit de faire de la poussée en m’appuyant sur mes pointes de pied. »
Une réathlétisation à Albertville
« Pour faire accélérer mon processus de guérison, j’ai pu entrer dans le centre de réathlétisation d’Albertville. Cela a rapidement été pris en main par la Fédération. C’est cool car j’ai directement pu intégrer ce centre sans trop tarder. J’y trouvais beaucoup de points positifs. J’ai vu les choses d’une autre manière. Les préparateurs, qui sont plus tournés vers le ski alpin, ont vraiment su s’adapter à mon cas. Nous avons notamment fait un bilan postural sur tout mon corps pour prendre le problème de A à Z et pour que celui-ci ne se reproduise plus. »
« Pendant deux mois, il y a eu des hauts et des bas. D’une semaine à l’autre, les douleurs disparaissaient puis revenaient. C’était une période difficile car j’ai vraiment du m’adapter et m’écouter sur mes douleurs et mes sensations. Il ne fallait pas que j’en fasse trop. Ce qui est compliqué quand tu as envie de revenir le plus vite possible mais j’ai vite compris qu’il fallait que je me concentre sur ma réathlétisation avant de penser au retour à la compétition. »
La nécessité d’être suivie de près
« Je pouvais reprendre le ski et faire des intensités au seuil pour ne pas mettre trop d’impact. Le classique est revenu très progressivement. Je n’ai pas vraiment fait beaucoup de séances dans ce style-là. A côté de cela, je faisais beaucoup de préparation mentale pour traverser cette période. Je voulais ressortir plus forte physiquement, mais aussi mentalement de cette période. »
« Peu à peu, j’avais de moins en moins de réathlétisation. J’ai fait pas mal de kilomètres sur les pistes de La Féclaz [Rires] ! Cela me faisait énormément de bien mentalement. C’est assez dur d’aller en réathlétisation tous les jours. Il faut se motiver et cela devient un peu lourd à force. Tu as juste envie de sortir et de pouvoir faire ce que tu aimes. »
« Je rentrais quand je pouvais chez moi pour voir mes parents et me vider l’esprit mais cela était compliqué puisque je naviguais entre Chambéry et Albertville. J’ai toujours suivi mes copains en les félicitant après une belle performance ou même en leur envoyant des messages de réconfort quand je sentais que c’était plus difficile pour eux. »
« Malgré la routine de la réathlétisation, il y a eu du positif. A la sortie, j’ai eu comme un déclic. Je me suis rendu compte que le ski me manquait énormément. C’était dur de ne pas pouvoir faire ce qui me fait vibrer. Cela était difficile de ne plus avoir ces émotions au moment de prendre un départ. C’est ma vie de partir en compétition et de tout donner. »
« Mon coach [Samuel Régé-Gianasso, NDLR] est resté très proche de moi même s’il avait beaucoup de déplacements pour les compétitions. Je me suis toujours senti soutenue dès la réathlétisation. Cela me faisait du bien de me retrouver avec des gens avec qui je pouvais partager mes moments de doute car nous étions tous blessés. On s’entraidait beaucoup. Et, après cela, quand tu te retrouves seule à skier, cela est assez dur d’y trouver du plaisir. »
Le déclic après une perte de poids importante
« J’ai perdu beaucoup de poids. Je n’ai pas encore d’explication par rapport à cela. C’est peut-être dû au moment où j’étais souvent toute seule et que je me suis un peu renfermé sur cette perte de poids. Je n’avais pas forcément la volonté de perdre du poids pour être plus performante. Tu ne t’en rends pas trop compte au début puis le déclic arrive un jour. »
« Ce déclic, je l’ai eu la veille de mon premier dossard. Je ne pouvais pas me mettre dans des états pareils. Je voyais que je n’étais plus heureuse et que je me renfermais dans quelque chose de super négatif. Ma préparatrice mentale a pu m’orienter vers une personne de confiance qui me suis encore aujourd’hui. Je suis contente d’avoir eu ce déclic mais aussi d’avoir pris les choses en main. Ce n’est pas toujours simple de le faire. »
Le retour à la compétition tant attendu
« J’ai repris la compétition sur une course régionale. C’était très sympa car il y avait tout le comité et des entraîneurs avec qui je m’entends bien. C’est là aussi où je me suis rendu compte que cela n’allait pas physiquement. Des gens qui me suivent depuis toute petite me l’ont fait remarquer. Cela te conforte dans l’idée qu’il faut changer les choses. Mais ce premier dossard a comblé un vide. »
« Aujourd’hui, je suis très bien entourée. J’ai de la chance d’avoir une famille qui me soutient, des coachs géniaux qui m’écoutent et qui font tout pour que cela évolue. Je me sens hyper libre de parler de cette situation car je pense que les choses doivent changer. Cela prend du temps mais on y arrive. »
« Je suis allé aux championnats de France des clubs. Je me suis accrochée tout au long de ma préparation pour y être. Je voulais passer du temps avec mes coachs. Mais c’était aussi une course où tu n’as pas de pression. Tu as juste à faire ton ski et profiter de l’ambiance. Je savais que j’allais voir tous mes potes et c’était trop bien ! »
Un titre au bout d’une saison difficile
« Aux championnats de France de Bessans, cela a été compliqué sur le sprint classique. Comme je l’ai dit, je n’ai fait que très peu de séances dans ce style. Je ne pouvais pas faire d’intensités lactiques car mes pieds supportaient très peu ce genre d’effort. Je ne faisais que des séances aux alentours des 10 kilomètres mais jamais vraiment de sprint donc c’était un peu difficile ce jour là. Je savais que je pouvais être dans le match sur un 20 kilomètres en skate. J’y suis allée en totale décontraction. J’étais tellement heureuse d’être au départ avec toutes mes copines autour. J’étais juste trop bien là où j’étais ! »
« Sur la course ce n’était que du « kiff », même si cela ne glissait pas et que j’ai fait 10 kilomètres toute seule face au vent [Rires] ! Mais j’avais cette force mentale et j’ai senti que je faisais le trou avec les filles derrière. J’ai vraiment profité dans le dernier tour où il y avait mes parents, l’un de mes premiers coachs, les parents des copains… C’était dingue ! »
« Tout le monde connaissait un peu mon parcours et j’ai vu beaucoup de gens contents pour moi. A l’arrivée, j’ai eu je ne sais combien de félicitations et c’est parfois encore le cas aujourd’hui. Cela m’a fait beaucoup de bien de repartager ces moments de sport avec mes copains et toute ma famille autour. »
« Cette vie est juste dingue et il faut en profiter à fond ! »
« Je suis fière de mon parcours car j’ai appris énormément de choses durant ces six mois. Cela te permet de relativiser par rapport à des moments dans une saison où te dit que c’est la galère. Cette vie est juste dingue et il faut en profiter à fond ! Je me rends compte que j’ai énormément de chance d’avoir cette vie là et qu’il faut profiter de chaque moment même si les performances ne sont pas toujours au rendez-vous. »
« Je vais tout de même prendre du repos car c’était une saison difficile. Cela demande beaucoup d’énergie d’aller à l’entraînement seule tous les jours. Les gens m’ont soutenu et m’ont poussé à ne pas lâcher et je me sens chanceuse d’avoir été si bien entourée. Maintenant, l’objectif est de prendre soin de moi et de revenir en mai avec autant de motivation. On verra ce que la suite donnera mais je n’ai jamais été aussi sûre de ce que je veux et de comment je veux désormais aborder ma vie de sportive de haut niveau. »
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