SKI DE FOND – Vainqueur de La Transju’Classic pour la troisième fois consécutive, Marie Kromer a découvert la Vasaloppet. Cette spécialiste du style classique s’est classée 7e dame. Du jamais vu pour une Française. Entretien.
- Le week-end dernier, vous terminez 7e dames de la Vasaloppet. C’est un résultat fantastique. Dans quel état d’esprit étiez-vous quand vous avez appris votre classement ?
Emilien Buisson, notre coach que je remercie au passage pour les skis qu’il nous avait préparés, était à quelques points stratégiques pour nous ravitailler, nous renseigner ou palier à d’éventuelles casses de bâtons… Il m’annonce une première fois, aux alentours des 75 km que je suis 8e. Dans la masse, j’avais perdu de vue rapidement la plupart des filles et je ne me situais pas vraiment… Aux vues des sensations et de la physionomie de course, je me dis que le top 10 est jouable, mais je n’y pense pas vraiment, je reste concentrée.
Au km 80, il essaie de me ravitailler une dernière fois et m’annonce : « 7e , grosse course Marie ! » Je commence à y penser vraiment. 7e, à l’arrivée ! Beaucoup de fierté mais, au delà de la place, c’était surtout la fierté d’avoir terminé la Vasaloppet ! J’ai mis un peu de temps à réaliser vraiment ce top 10.
- Comment s’est déroulée cette course ?
J’avais un peu de pression mais surtout beaucoup d’excitation au départ. Partir au milieu de 15 000 autres skieurs, c’est fou et il y avait beaucoup de paramètres à gérer. Je m’attendais à un départ beaucoup plus rapide et nerveux. Tout se passe bien pour moi. Les trois premiers km de bosses sont impressionnants et je me retrouve dans les « embouteillages ». Puis on arrive sur les grandes traversées, le peloton s’étire sur des centaines de mètres, j’essaie de me replacer. Quelques filles sont là, mais difficile de se situer vraiment.
J’avais de bonnes sensations. Dans une bosse, je fais l’effort de sortir du groupe en montant à mon rythme. Je distance les deux filles avec qui j’étais, et reste dans un bon groupe de gars qui s’écrèmera au fur et à mesure. Je reste concentrée, l’important est de se ravitailler. Les kilomètres défilent, je suis bien jusqu’au km 15 environ. Là, petit coup de moins bien, je n’arrive plus à me ravitailler comme il faut. Et ça ne pardonnera pas : hypo sur les 7 derniers km. Je finis comme je peux au mental en passant plus de temps à regarder derrière les filles qui reviennent que devant… Je conserve ma 7e place pour 10 sec, très contente d’avoir participé et terminé cette fameuse Vasaloppet.
- A aucun moment, 90 km, vous vous êtes dit : c’est bien long ?
90 km, 5h11 de poussée, je confirme, c’est long !! On a bien le temps de voir défiler les km, de penser à des milliers de choses… Mais je me sentais bien et j’ai toujours réussis à rester concentrée.
- Par rapport aux autres populaires que vous connaissez, qu’est-ce qui caractérise la Vasaloppet ?
La Vasaloppet c’est le mythe du ski de fond, celle que tout fondeur qui se respecte rêve de faire un jour ! Ces 90km en font d’elle la plus longue ! Et ces quelques 15 800 inscrits réunis en un seul départ, c’est magique ! C’est une immense fête du nordique. Nous avons pu profiter de l’ambiance à l’arrivée jusqu’à 18h30, et c’est un flux de personnes qui arrivent en continu c’est incroyable !
- Vous évoluez au sein du e-Liberty Ski Team. Qu’est-ce que cela vous apporte dans une journée comme celle-ci ?
Le team m’apporte énormément tout au long de l’année et de la préparation. Sur un week end comme celui-là, c’est toute la logistique, le transport, la préparation des skis, l’émulation du groupe… Seule, tout cela n’aurait pu être possible !
La Vasaloppet est une incroyable expérience.
- Avez-vous déjà envie de courir une nouvelle fois cette Vasaloppet ?
Avec quelques jours de repos, je peux dire oui ! C’est une incroyable expérience ! Que je recommande vraiment. Au-delà de la performance en soit, ce sont émotions fortes, une ambiance de folie, une organisation au top…
- Vous avez gagné pour la troisième fois la Transju’Classic. Avec un peu de recul, compte tenu des conditions météo compliquées (pluie et froid), cette édition 2019 n’a-t-elle pas été la plus difficile à conquérir ?
De mes trois participations, c’est sans aucun doute ma plus dure oui. Le parcours était plus roulant et j’en avais d’ailleurs profité pour partir en poussée et préparer la Vasa, mais les conditions ont rendu la course très difficile. Mais c’était pour tout le monde pareil et c’est aussi ca qui fait que l’on s’en souviendra !
- Vous occupez actuellement la 13e place de la Visma Ski Classics. Vous êtes la meilleure tricolore. Vous êtes 14e de la FIS Worldloppet Cup. Quel va être votre programme jusqu’au printemps ?
Ma 13e place sur la Visma Ski Classics reflète ma régularité sur le circuit et il y a encore de belles échéances avec l’Engadine dès ce week end et le week end prochain la Birkebeinnerrennet en Norvège. L’Engadine en skating sera un sacré défi pour moi. Spécialiste du classique, je n’ai pas couru dans ce style depuis le mois de décembre. J’ai eu la chance de découvrir la Birke l’an passé (15e), j’aimerais confirmer mes bonnes sensations du moment avec un nouveau top 10.
Et il y aura ensuite comme chaque année, les trois week ends de championnats de France.
- Quel rêve a aujourd’hui l’athlète que vous êtes ? Quelle course, quelle victoire, quelle aventure aimeriez-vous vivre ?
J’ai découvert une grande partie du circuit Visma Ski Classics et engranger de l’expérience. J’aimerais maintenant jouer complètement ce circuit et tenir le top 10.