SKI DE FOND – Blessé et opéré du tendon d’Achille en septembre dernier, le skieur de fond de Chamonix Martin Collet a retrouvé la joie du ski en douceur ce début d’hiver. Le jeune homme se confie longuement à Nordic Magazine et évoque les différences phases qui ont suivi son opération.
« J’ai réalisé à quel point le ski de fond comptait pour moi »
- Martin Collet, trois mois et demi après votre opération suite à une rupture du tendon d’Achille, vous avez rechaussé les skis de fond. Comment avez-vous vécu ces retrouvailles ?
Pour être honnête j’avais déjà rechaussé les skis-roues à la fin de mon premier séjour au CERS de Saint Raphaël. Encadré par les kinés pour vérifier la réaction de mon tendon, c’est sur les routes du sud que j’ai retrouvé les sensations de glisse (ou de roulement…) pour la première fois.
Ce fut vraiment un moment très fort pour moi. Après 3 mois à me déplacer en béquilles puis en marchant, ça fait du bien de dépasser les 5 km/h ! J’ai pu réaliser à quel point ce sport comptait pour moi, et j’avais vraiment l’impression d’être un enfant dans un parc d’attractions lorsque j’ai pu remettre mes skis!
- Vous avez donc repris le ski de fond en mode poussée pour ne pas trop solliciter votre cheville. Comment sont les sensations de glisse après une si longue attente ?
Les sensations sont vraiment bonnes! Je prends avec plaisir tout ce que je peux faire en termes de ski, tout en suivant les recommandations des kinés et des médecins qui me suivent. Je ne pensais pas pouvoir glisser de nouveau si tôt dans l’hiver, alors je profite à fond de tous les bons moments sur mes planches!
- Comment s’est passée votre longue rééducation depuis cette opération ?
Après l’opération, j’ai eu une longue période de convalescence de 6 semaines en béquilles. Cette première période qui me faisait un peu peur de part sa durée s’est finalement bien passée, en grande partie grâce à mes proches qui m’ont soutenus, ainsi qu’à l’ensemble de mes entraîneurs et amis dont les attentions m’ont fait chaud au cœur!
Suite à cette première période, j’ai commencé le travail de kiné à La Maison de la Santé de Chamonix où je bénéficie d’un super suivi (merci à eux!) avant de descendre à Saint Raphaël pour un premier séjour de 15 jours. Là bas j’avais de grosses journées (9h-17h) ou j’alternais entre travail à sec, en piscine et préparation physique. Actuellement je débute mon deuxième séjour, de 3 semaines cette fois, avec toujours le même programme, un peu plus intensif cette fois!
J’ai accepté que cette année je serais sur un tout autre rythme
- Durant cette période, de quel accompagnement avez-vous pu « profiter » ?
J’ai suivi les conseils de mon chirurgien qui m’a indiqué le CERS de Saint Raphaël pour la rééducation. Le suivi y est vraiment bon, l’ensemble du staff est à l’écoute et on arrive parfaitement à adapter le programme en fonction de l’état de mon tendon au jour le jour! La réathlétisation se fera à Albertville, mais je n’en suis pas encore à ce stade!
- Humainement, comment avez-vous vécu le début de saison des copains, sans être avec eux sur la ligne de départ ?
Plutôt bien je dois dire! J’ai accepté que cette année je serais sur un tout autre rythme, et ma priorité c’est ma blessure, alors je prends le temps nécessaire pour que mon corps récupère au mieux. Au final, je pense plus à ma récupération et à mon évolution perso qu’aux compétitions.
C’est vrai que c’est par moment difficile de voir mes coéquipiers partir sur les coupes du monde, mais en même temps quand je me retourne sur la préparation estivale, je peux me réconforter car mon niveau par rapport à eux était encourageant! Je me réjouis de voir mes amis performer comme ils le font en coupe du monde, ça me donne de la force pour revenir plus fort et les rejoindre au meilleur niveau possible!
- Vous attaquez une nouvelle “préparation” à Saint-Raphaël pour reprendre la course à pied. Qu’attendez-vous désormais des prochaines semaines ?
Je ne me projette pas sur l’ensemble du séjour, j’essaye le plus possible d’écouter ma blessure afin de m’adapter au fur et à mesure et de noter les petits progrès chaque jour! C’est difficile de savoir comment mon corps va réagir à l’accumulation du travail et donc de viser un objectif élevé comme la reprise de course, mais je mets toutes les chances de mon côté pour que cela avance bien et jusqu’ici tout suit son cours! Donc si je peux reprendre la course à pied à la fin de mon séjour c’est tant mieux, mais si les médecins et kinés estiment je dois patienter ça ne me pose pas de soucis!
- La reprise de la compétition, vous y pensez déjà ou c’est trop tôt ?
Non, c’est justement quelque chose que je ne veux pas intégrer dans ma réflexion pour le moment. J’ai envie de faire les choses par étape et le mieux possible, et le dossard n’est pas au goût du jour. Je n’exclus pas de refaire une course en poussée pour le plaisir en fin de saison, mais c’est uniquement envisageable si le corps médical me donne son aval en temps voulu! Je ne m’attends pas à devenir champion de France en fin de saison, alors autant prendre le temps de bien faire les choses!
Photo : Martin Collet / Nordic Magazine