SKI DE FOND – Le fondeur argentin Matias Zuloaga, 21 ans, a remporté il y a quelques jours l’Ushuaialoppet, course la plus fameuse du continent sud-américain. L’olympien et mondialiste a accepté, pour Nordic Magazine, de revenir sur cette course, son parcours et l’état du ski de fond dans son pays. Un entretien enrichissant.
Entrer en contact avec Matias Zuloaga, homme du XXIe siècle, est une formalité via les réseaux sociaux. En trois clics, un premier message est envoyé. De suite, depuis le sud de l’Argentine – El fin del Mundo comme les locaux nomment cet endroit où a lieu l’Ushuaialoppet –, le jeune fondeur albiceleste répond, enthousiaste. Le début d’une correspondance instructive.
- Les conditions climatiques étaient idylliques dans le sud de l’Argentine au moment de la course, est-ce toujours le cas ?
- Vous attendiez-vous à remporter l’Ushuaialoppet ?
Cette année, après trois victoires de suite sur la Marchablanca (course de 25 kilomètres ayant lieu en parallèle de l’Ushuaialoppet, ndlr.), j’ai choisi de prendre part au marathon. Au départ de la course, mon idée était de gagner ma première Ushuaialoppet. Je savais que ce serait difficile en raison de la qualité des athlètes présents, mais vous ne pouvez pas penser gagner sans planifier une bonne stratégie, puisque c’est une très longue course. En parlant de stratégie, l’alimentation pendant la course et les jours précédents est tellement importante. Aussi, le matériel devait être en parfait état pour ce jour-là et c’était le cas. En course, tout s’est déroulé comme prévu et j’ai pu l’emporter.
« Aujourd’hui, c’est difficile parce que tout se passe dans notre pays »
- Que représente votre victoire en Argentine ? C’est le meilleur souvenir de ta carrière ?
C’est très bien de pouvoir gagner à la maison et c’est super que ce soit un Argentin qui remporte une course internationale de ce type. Il ne fait aucun doute que cette course fait partie des meilleures de ma carrière. Ma plus grande victoire a été la Marchablanca, dans laquelle je rêvais très tôt de gagner. Mon meilleur moment de ma carrière professionnelle ce sont les Jeux olympiques de PyeongChang en 2018.
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Une publication partagée par Matias Zuloaga (@matizuloaga) le 18 Août 2019 à 5 :24 PDT
- Comment qualifieriez-vous l’Ushuaialoppet ?
Comme un événement incroyable avec 50 kilomètres de montagne pure et des paysages fabuleux et inoubliables pour les amateurs de ski de fond. De nombreux ressortissants des pays nordiques et des États-Unis participent à cette compétition. Cela rend l’événement divertissant.
- Quel est l’état du ski de fond en Argentine ?
Le ski de fond en Argentine se développe peu à peu parce que c’est un sport coûteux. Comme les temps sont actuellement durs économiquement, il est difficile de couvrir certaines dépenses. Le travail avec les plus jeunes athlètes se développe, et c’est très important pour l’avenir. Aujourd’hui, nous comptons sur l’appui de l’équipe nationale d’Argentine pour les voyages dans l’hémisphère nord et l’hémisphère sud, ce qui permet aux athlètes de haut niveau de continuer à pratiquer ce sport merveilleux. En nous comparant aux puissances mondiales du ski nordique, nous sommes encore loin, nous les athlètes et en matière d’infrastructures. Le ski de fond sud-américain va pouvoir s’améliorer mais cela prendra du temps : ce n’est pas facile aujourd’hui, car tout se passe dans notre pays.
« Petter Northug m’a inspiré »
- Personnellement, quels seront vos objectifs pour l’hiver à venir ?
Les objectifs pour cette année sont d’arriver dans les meilleures conditions possibles pour la saison européenne où nous disputerons de nombreuses compétitions FIS. L’objectif final, ce sont les championnats du Monde des moins de 23 ans d’Oberwiesenthal (28 février-8 mars 2020, ndlr.).
- Le ski de fond, pour vous, c’est depuis l’enfance ou c’est un coup de foudre intervenu sur le tard ? Vous ne faites que ça ?
Je pratique le ski de fond depuis que je suis enfant. À 3 ans j’avais déjà des skis ! Ma famille a été inspirée par ce sport puisque mes oncles sont des athlètes olympiques. J’ai commencé la compétition à 11 ans. À partir de là, j’ai gagné quelques courses et choisis de me consacrer à ce sport avec de très grands rêves, comme participer à des Jeux olympiques. Le reste du temps, je travaille avec ma famille, passe du temps avec des amis ou me repose. En été, je participe à plusieurs courses de trail en montagne.
- Avez-vous été inspirée par un athlète ?
L’athlète qui m’a inspiré, c’est le Norvégien Petter Northug. Je regardais tout le temps ses vidéos et ses courses sur Youtube. J’étais émerveillé par sa façon de skier si fort et de pouvoir gagner le sprint un jour et les 50 km le lendemain.
Photos : Facebook Ushuaia Loppet/Marchablanca