Ski de fond : le bel été de Maurice Manificat
Au printemps dernier, le Haut-Savoyard Maurice Manificat, 37 ans, a gardé, malgré des résultats en berne sur la saison écoulée, sa place dans les collectifs fédéraux. Cependant, au lieu de figurer dans le groupe coupe du monde, c’est au sein du collectif relève que le fondeur français le plus médaillé de l’histoire aux Jeux olympiques a trouvé refuge. « Repartir avec un autre groupe va lui faire changer ses habitudes même si, avec son expérience, il est capable d’avoir une certaine autonomie, expliquait à l’époque dans nos colonnes Alexandre Rousselet. Dès qu’il aura le niveau dans la saison, il n’y aura pas de soucis pour qu’il revienne avec nous en coupe du monde. J’espère que ce sera le cas. »
En cette fin d’été, après plusieurs mois passés sous la direction de Mathias Wibault, un ancien coéquipier, et avec six autres fondeurs bien plus jeunes que lui, Maurice Manificat se confie longuement à Nordic Magazine.
Un été avec la relève du ski de fond tricolore : « Un groupe qui me fait retourner dans ma jeunesse »
« C’est un super groupe avec des plus jeunes ! Hormis Arnaud Chautemps avec qui j’ai moins d’écart d’âge [11 ans tout de même, NDLR], ils ont tous 15, 16 ans de moins que moi. C’est un groupe qui me fait retourner dans ma jeunesse [rires]. Je suis un grand enfant ! On s’est éclatés en passant un bel été divisés en trois blocs de deux semaines à Prémanon en juin, juillet et août. J’étais en colocation avec Rémi Bourdin et Arnaud Chautemps, ce qui nous permettait de sortir du CNSN [Centre national de ski nordique, NDLR] où on était en juillet, sur les mois de juin et d’août. On a fait de super entraînements sous la direction de Mathias [Wibault], qui était athlète avec moi par le passé. Je le connais bien parce que, en plus, il est du Mont-Blanc comme moi et on a été au lycée ensemble. C’est marrant de se retrouver et de l’avoir comme coach. Il est très appliqué dans ce qu’il fait, dans l’agencement des séances et de la programmation. On travaille bien ensemble et cela me redynamise et me remet un nouveau cadre, ce qui change beaucoup de choses. »
« Je me suis tout de suite impliqué dans le groupe. C’était ma volonté parce que j’aurais aussi pu faire le choix de ne faire le truc qu’à moitié et de m’entraîner seul le reste du temps. Je voulais être dans un groupe. J’ai grandi dans cet esprit-là et c’est une partie importante de la performance d’avoir un fort collectif. On est sept gars et on s’éclate, ce qui contribue à bien faire passer les séances. On se pousse vers l’avant. Les jeunes sont contents que je sois là et je suis content d’être avec eux. C’est du donnant-donnant ! J’avais déjà pu les côtoyer sur la fin de saison en OPA Cup, mais c’est différent lors d’une préparation. On échange bien et on s’amuse ! »
Pas de stages à l’étranger : « Je voulais un cadre d’entraînement différent »
« Je n’avais pas forcément envie de retourner en Norvège et de faire trop de compétitions estivales. Je voulais un cadre d’entraînement différent, moins partir et avoir plus de flexibilité pour pouvoir rentrer à la maison les week-ends. Il y avait une sorte de cadre plus métro-boulot, mais c’est ce que je voulais. C’était très excitant de voir les courses à la télévision et cea donnait envie, mais je n’ai pas du tout de regrets. Justement parce qu’on a vécu un bel été sur Prémanon où il a toujours fait un super beau temps. »
« C’était bien également de pouvoir exploiter à fond les moyens du CNSN de Prémanon, d’avoir l’expertise présente sur place via Jonas Forot, la salle de musculation avec notre préparateur physique ou le tapis de ski-roues pour pouvoir y faire de la technique, des tests et quelques intensités. En France, ces moyens sont seulement concentrés à Prémanon et, si ce n’est pas au niveau des Norvégiens, on a des choses qui fonctionnent et il faut les utiliser pleinement. »
Un premier été sans blessure depuis plusieurs années : « Cela fait du bien de pouvoir s’entraîner sans en faire trop ou pas assez, juste ce qui est prévu »
« J’ai fait un été assez régulier et j’ai pu suivre la préparation exactement comme souhaité. Cela fait plaisir de terminer le mois d’août dans de bonnes conditions et en ayant digéré tout le travail effectué qui, en plus, doit continuer. On ne baisse pas les bras et on reste sur le même régime. Certes, c’est la rentrée pour les écoliers, mais il faut le voir comme une continuité jusqu’au mois d’octobre ! Cela fait du bien de pouvoir s’exprimer comme cela et s’entraîner sans en faire trop ou pas assez, juste ce qui est prévu. »
Retour sur le Vincent Vittoz
« C’était un week-end totalement classique, ce qui est bien parce qu’il reflète notre début de saison où il y en aura beaucoup ! C’était bien de pouvoir mettre l’accent sur ce côté-là d’autant qu’en France il y a plus facilement des courses en skate. Le samedi, sur la piste des Tuffes [à l’occasion d’un individuel, NDLR], cela a été une mise en route. Mes sensations étaient correctes, mais c’était dur de se rentrer dedans avec la pluie ! Par contre, le dimanche, sur la montée et un effort continue que j’apprécie beaucoup plus que les jeunes, je fais une belle course. J’ai pu m’exprimer pleinement et je me sentais vraiment bien. J’ai pu faire du travail technique et essayer des choses en retrouvant un esprit de course. J’ai bien digéré le volume et on peut continuer sereinement la préparation. Tout cela, d’ailleurs, n’avait pas été préparé spécifiquement parce qu’on suit une programmation plus globale : c’était un bon test et un point de passage pour essayer de mettre en application les choses travaillées l’été. »
Ses ambitions pour la saison à venir : « Je suis en reconstruction »
« L’objectif, en passant par une montée en régime sur la coupe de France et l’OPA Cup, est d’aller chercher la sélection en coupe du monde sur le Tour de Ski. A partir du moment où les sensations seront là et que je ferai de belles performances pour aller me sélectionner pour le Tour de Ski, ce sera beau et un pari gagné. Forcément, le but n’est pas juste de me sélectionner, mais d’aller chercher la plus haute performance possible et étant le plus régulier possible et en prenant du plaisir. J’essaye cependant de ne pas me fixer un objectif précis parce que, au final, je suis en reconstruction. Le but est certes de retourner en coupe du monde, mais à quel moment et de quelle manière, c’est à définir, même si de prime abords je vise ce Tour de Ski. Dans tous les cas, il faudra que je sois performant d’entrée de jeu ! Il faudra être très bon. C’est trop tôt pour dire à partir de quelle performance je considérerais mon hiver comme réussi, mais il faudra à minima un retour en coupe du monde. »
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