Delphine Claudel : « Je ne m’y attendais pas, c’est exceptionnel »
Quatrième pendant un long moment, la mass-start skating de Delphine Claudel s’est décantée dans les cinq cents derniers mètres lorsque la Vosgienne a débordé Yulia Stupak pour, finalement, terminer à la troisième place. Après ce fabuleux résultat que les amateurs de ski de fond attendaient depuis 2013 et le podium d’Aurore Jean à Sochi, la jeune Française a répondu ce lundi après-midi aux questions de Nordic Magazine.
- Que ressentez-vous au lendemain de votre premier podium en carrière ? Cela fait sept ans que la France attend cela, parvenez-vous à réaliser la performance exceptionnelle que vous venez d’accomplir ?
Je commence tout doucement à me rendre compte de ce que j’ai réussi à faire. Après la course, hier, j’avais beaucoup d’émotions et c’était très compliqué de réaliser ce qu’il venait de m’arriver. Aujourd’hui, je me dis : « Purée Delphine, tu viens de faire ton premier podium en carrière, c’est extraordinaire ! » Sincèrement, je ne m’attendais pas à ce que cela arrive cette saison, c’est exceptionnel. Je suis hyper contente parce que cela me prouve que je suis capable du meilleur et cela me motive à aller encore plus loin à l’avenir !
- Au moment où vous passez devant Yulia Stupak dans les cinq cents derniers mètres, à quoi pensiez-vous ? Croyiez-vous en la troisième place ?
Depuis le bas de la bosse, j’étais quatrième donc je savais parfaitement où je me plaçais. Quand j’ai vu des grands noms du circuit tels que Diggins, Stupak et Andersson partir devant, je n’ai pas voulu me mettre dans le rouge, je n’ai pas osé les suivre.
Ensuite, malgré le petit écart, j’ai vu que je me rapprochais de la Russe et, à ce moment-là, dans ma tête, je me suis dit : « Delphine, c’est ton jour ! Aujourd’hui, c’est fait pour toi, c’est bâti pour ton gabarit, tu peux le faire ! ». À cet instant, je me sentais bien, je n’étais pas encore dans le dur donc je me suis donnée à 100 %. Yulia Stupak étant partie bien plus rapidement que moi, j’ai eu la chance de pouvoir en remettre quand j’ai senti qu’elle craquait.
Dimanche, cela s’est joué au mental, j’avais vraiment envie de monter sur cette boîte. Il était impossible pour moi d’échouer à cette quatrième place. Je ne voulais pas avoir de regrets. Je suis contente d’avoir réussi à me focaliser sur mon objectif et à déconnecter mon cerveau le temps de cette dernière partie de course.
- Vous aviez coché cette course depuis le début de la saison. Qu’est-ce qui vous plaisait dans son profil ?
Déjà, cette étape était cochée car c’était une course en skate et, qui plus est, la seule mass-start sous ce format du Tour de Ski. Le fait d’être à la bagarre directe avec toutes les autres concurrentes est excitant ! Ce ne sont pas les mêmes sensations que lors d’un individuel ou d’une poursuite.
L’an dernier, j’ai eu la chance de découvrir ce format que j’avais particulièrement aimé donc forcément, cette course était dans ma tête depuis longtemps. Et puis j’aime bien grimper, donc c’était la course idéale.
- Que retenez-vous de ce Tour de Ski ? Êtes-vous satisfaite de votre 16e place ?
Non, je ne me suis pas forcément satisfait de cette 16e place. Il y a eu du bon, du très bon, mais je ne peux pas oublier qu’il y a eu du moins bon et du très mauvais également. J’ai eu quelques mésaventures à Toblach où une Suédoise m’a empalée, ce qui m’a provoqué des courbatures ainsi que des douleurs aux cervicales, au cou et au dos. J’ai eu un peu de mal a performer en classique à Val di Fiemme et d’autant plus sur le sprint où j’ai fait une mauvaise course.
Le bilan est donc mitigé. C’est vraiment un Tour de Ski super pour moi parce qu’il y a eu des performances incroyables, mais l’ensemble est largement améliorable. Je peux être bien plus performante sur tous les styles et tous les formats pour être meilleure au général.
« Je vais me préparer pour le 10 km skate des Mondiaux d’Oberstdorf »
- Après ce Tour de Ski riche en émotions, quels objectifs vous fixez-vous à présent ? Avez-vous les Mondiaux d’Oberstdorf en ligne de mire ?
Bien évidemment, c’est mon objectif premier depuis le début de la saison. C’est, en partie, pour lui que je m’entraîne tous les jours ! D’ici là, il y aura quelques belles étapes à disputer donc j’y vais petit à petit et je coche les courses les unes après les autres pour être prête en mars. Quand je prends le départ d’une course, c’est à chaque fois pour faire de mon mieux. J’essayerai donc d’être compétitive à chaque rendez-vous, mais mon regard est bel et bien tourné vers les Mondiaux d’Oberstdorf. Je vais me préparer pour être à 100 % d’énergie et à 100 % de mes capacités sur le 10 km skate qui est mon épreuve phare, celle où je performe le plus.
- Votre préparation aux Mondiaux commence dès aujourd’hui, quel est votre programme pour les prochains jours ? Allez-vous privilégier l’enchaînement des courses ou plutôt du repos et des impasses pour être en bonne forme physique en mars ?
Je ne serai pas sur les formats de sprint donc, avec ce qu’il me reste sur le calendrier, il y aura des bons moments de préparation. Je ne pense pas faire beaucoup d’impasses, sauf si on ne parvient pas à se déplacer sur les sites de compétitions à cause de la pandémie. Sinon, je verrai au jour le jour l’évolution de mon état de santé et de ma forme physique pour faire les meilleurs choix en vue des Mondiaux.
Pour ce qu’il en est des prochains jours, je dois absolument recharger les batteries. Je ressens bien évidemment de la fatigue après cette période intense à Val di Fiemme. Je vais également essayer de récupérer au mieux sur le plan physique puisque mes cervicales me font toujours mal aujourd’hui. Un repos maximal est donc prévu avant de reprendre la préparation comme on l’a planifiée.
À lire aussi :
- Tour de ski : premier podium en carrière pour Delphine Claudel
- Delphine Claudel : « je ne m’y attendais pas »
- Tour de ski : Delphine Claudel dans le gratin mondial à Toblach
- Delphine Claudel : « Ce top 10 était un objectif »
- Tour de Ski : Top 10 héroïque de Delphine Claudel
Photo : Nordic Focus.