Ski de fond : Olivier Michaud a encore des étoiles dans les yeux après le relais
Il y a des performances qui vont marquer certains pendant longtemps. Le directeur des équipes de France de ski de fond, Olivier Michaud, n’est pas resté de marbre après la médaille de bronze du relais masculin dimanche dernier.
Pour Nordic Magazine, il revient sur les moments clés, à l’heure actuelle, de ces Jeux olympiques de Pékin 2022 pour les fondeurs tricolores. Entretien.
- Comment analysez-vous les performances des Bleus jusqu’à présent sur ces Jeux olympiques ?
Je pense que mon bilan ne serait pas intéressant tant qu’on n’a pas fini ces Jeux. C’est difficile de juger pour l’instant car il reste encore deux courses sur lesquelles on a de beaux espoirs. Ce sont deux courses qu’on a cochées, le 50 kilomètres hommes et le 30 kilomètres dames, donc cela pourrait influencer mon bilan général. Donc j’attendrai de voir avant de me prononcer.
- Pour revenir sur les moments phares de ces Jeux pour vous, on imagine la déception qui a été la vôtre après le sprint skate. Y a-t-il eu une mauvaise approche en ce qui concerne cette épreuve ?
Cela a été un moment extrêmement douloureux pour tout l’effectif. On a refait mille fois le scénario, mais cela n’a pas tourné en notre faveur toute la journée. Léna Quintin fait trente-et-unième de la qualification et échoue à rien des finales. En quarts, Renaud Jay était bien parti pour se qualifier, mais il est tombé. Pour Richard Jouve et Lucas Chanavat, ils étaient tous les deux dans la première demie, et objectivement, la finale s’est faite sur cette course. C’est triste parce que ces jeunes hommes méritaient vraiment une médaille, leurs entraîneurs avec. Mais c’est le sport et il faut passer à autre chose.
- Justement, comment arrive-t-on à passe à autre chose après cette désillusion ?
Il faut encore du recul pour bien analyser cela, mais on doit tout de suite se focaliser sur la suite. À mon sens, il faut le transformer en bon souvenir parce que c’est constructif pour la suite. Ils apprennent la gestion de ces événements, de sentir qu’il y a un collectif derrière eux. C’est ce qui fait notre supplément d’âme donc il faut s’en servir.
- A contrario, il y a eu évidemment beaucoup de bonheur après cette médaille de bronze sur le relais. C’est une grande satisfaction pour vous et l’ensemble de l’équipe de France…
On peut dire que c’était incroyable. Ce jour-là, on n’avait peut-être pas toutes les armes pour jouer. En bord de piste, cela a sans doute été l’une des pires courses qu’on a pu suivre, de tension, de stress jusqu’au bout. Par contre, ce relais, il va rester légendaire. On a vu quatre gars, des loups affamés qui n’ont jamais rien lâché. Un collectif… remarquable. C’est ce supplément d’âme qui a fait qu’on est allés chercher cette médaille. Cela fait un bien fou à tout le système, et surtout à la filière générale du ski de fond français. Tout le monde a un petit bout de cette médaille. C’est une médaille collective, tout le monde est concerné, c’est une reconnaissance générale.
- Ce choix de titulariser Maurice Manificat en quatrième et dernier relayeur, c’était le coup de poker que le staff des Bleus a tenté, et a magnifiquement réussi. Expliquez-nous cette décision…
On n’improvise rien. On ne se met pas aux coins d’une table et on tire des noms au hasard. Dès qu’on est on arrivé sur le site, chacun analyse la piste, les forces en présence. Après, on voit avec nos athlètes ceux qui sont en forme ascendante et ceux en forme descendante. Selon le profil de la piste, on détermine l’ordre du relais. Il y a plein de données qu’il faut intégrer. Mais il y a aussi ce ressenti, ce feeling. Maurice Manificat n’était pas prévu pour y être. On a tous bien travaillé, avec Alexandre Rousselet en chef d’orchestre. Concrètement, notre discipline n’a jamais été un sport individuel. C’est un ensemble.
- On a vu dans le relais quelques problèmes au niveau des skis notamment, très lents par rapport à habituellement. Comment analysez-vous cette erreur ?
Dans l’ensemble, on a de très bons skis. Vraiment, les techniciens font du super travail et des journées de folie. On a juste eu des difficultés sur le relais, tout le monde l’a vu, c’était clair et net. On a débriefé après, ce n’était pas si évident quand on a fait l’analyse. Mais ce jour-là, on avait vraiment des skis moyens, surtout à haute vitesse. Dès que la vitesse augmentait, les skis saturaient. Mais globalement, ils font un super boulot et cela a mieux fonctionné sur les autres courses.
- Pensez-vous que ce site de Zhangjiakou pourrait apparaître sur le circuit mondial à l’avenir ?
C’est un tracé exceptionnel, avec des largeurs très élitistes, exigeantes. C’est une piste qui nous plaît parce que cela convient à nos athlètes, surtout que c’est en altitude. Après, j’espère pour la Chine qu’ils vont être sur le circuit au vu de leurs investissements. Je n’ose pas imaginer qu’il n’y ait pas d’étape en Chine ou même un bloc en Asie, pour qu’on puisse servir au développement du ski dans ces pays. On voit les Chinois en compétition, il y a beaucoup de choses à faire pour la suite. On va y revenir je pense, à moins qu’il y ait des problèmes géopolitiques. Mais il faudrait, c’est un trop beau site.
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