William Poromaa : le bronze comme une délivrance
Il l’a fait. William Poromaa a décroché la médaille de bronze du 50 km classique des Mondiaux de Planica (Slovénie). La première de sa carrière. A l’arrivée, le jeune homme de vingt-deux ans n’a pas pu retenir ses larmes, dissimulant son visage dans ses mains. Submergé par l’émotion et épuisé par l’effort accompli : « J’ai pleuré comme un bébé. J’avais juste l’impression que j’allais mourir sur cette ligne d’arrivée, je voulais montrer à tout le monde ce dont j’étais capable », témoignait l’athlète sur Viaplay (repris par Aftonbladet). Une manière d’affirmer que l’exploit réalisé lui offrait une légitimité que sa personnalité peut mettre à mal.
« Il y avait beaucoup de pression. Je suis tellement reconnaissant envers tous ceux qui ont cru en moi et m’ont donné le temps de m’épanouir », a ajouté le Suédois.
Dans les derniers mètres, ils n’étaient d’ailleurs plus que quatre. Derrière Paal Golberg, le vainqueur, et Johannes Hoesflot Klæbo, Calle Halfvarsson et William Poromaa se sont battus pour la dernière marche du podium. Au sprint, le plus jeune l’a emporté sur le vétéran.
Sur la piste, il venait de fournir un énorme travail. Comme lorsqu’à trois kilomètres de la fin, avec le Finlandais Iivo Niskanen, il tenté de se débarrasser de ses encombrants compagnons.
L’homme des polémiques
Dans le peloton, le fondeur ne laisse pas indifférent. Ses sautes d’humeur sont bien connues. Il fait d’ailleurs régulièrement la une des journaux, comme lorsqu’il s’en est pris à un collègue andorran lors des Jeux olympiques de Pékin, quand il a écopé d’une lourde pénalité après avoir fait tomber Jules Chappaz durant un quart de finale du sprint de Val di Fiemme en janvier dernier (il avait écopé d’une pénalité de trois minutes). Samedi, il a carrément adressé un doigt d’honneur à la caméra de la SVT qui le filmait. Cette liste n’est pas exhaustive.
Vendredi, après le relais où ils ont terminé quatrième, les Français lui en ont aussi voulu. « On s’attendait à ce qu'[il] soit un vrai mec (sic) », dénonçait Alexandre Rousselet, entraîneur du groupe coupe du monde, dans Nordic Magazine. « Il n’a pas ski et m’a neutralisé », confirmait Clément Parisse.
Dimanche matin, dans le quotidien Nettavisen, William Poromaa confiait : « J’ai toujours été comme ça en tant que personne, j’ai connu beaucoup de hauts et de bas (…) Il y a quelque chose qui ne va pas chez moi ». Il m’a même jusqu’à se définir comme « bipolaire ». Frida Karlsson, avec qui il est en couple, assure que rien ne cloche chez son chéri. Son entraîneur, Anders Bystroem, y voit une source d’« énergie » et de volonté » qui, sur la piste, se révèlera dangereuse pour ses adversaires.
Le bronze et la manière dont il l’a été acquis dans l’ultime compétition des championnats du monde en est la preuve. C’est la première fois en six ans que la Suède remporte une médaille mondiale chez les hommes.