Ski de fond : Quentin Lespine en patron chez les U18
Double médaillé sur les Jeux olympiques de la jeunesse de Gangwon (Corée du Sud) en janvier dernier, Quentin Lespine a également remporté le classement général de la coupe de France U18 de ski de fond ainsi que le titre de champion national du sprint classique à Méribel (Savoie). Entretien au micro de Nordic Magazine avec un jeune homme ambitieux et déterminé.
- Quel premier bilan tirez-vous de votre saison ?
C’est un hiver incroyable que ce soit sur le plan de la performance ou celui des rencontres et de l’ambiance avec le comité, le club ou la fédération. Après, j’ai eu deux, trois moments avec quelques baisses de forme et de motivation. Mais ce n’est pas rare et j’ai su me reprendre pour donner le meilleur de moi-même sur chaque course. Dans l’ensemble, les résultats sont plus concluants même si j’aurais aimé pouvoir plus en découdre en fin de saison mais j’étais malade.
- Comment expliquez-vous ces baisses de forme et de motivation apparues au cours de la saison ?
Les baisses de forme m’arrivent souvent car je tombe souvent malade même si cela m’arrive de plus en plus rarement car je fais attention. Pour la motivation, il y avait peut-être une forme de « pression » d’être dans la peau d’un leader et cela me préoccupait un peu. Après, cela n’a jamais été très méchant non plus !
« Je savais que j’étais « l’homme à abattre » »Quentin Lespine à Nordic Magazine
- Vous sentiez-vous attendu avant de lancer votre hiver ?
Oui, surtout qu’en ski-roues, sur les cinq courses que l’on a faites, j’ai tout gagné. Je savais que j’étais « l’homme à abattre ». Mais j’ai relativisé en me disant que ce n’est pas parce qu’on est le meilleur sur le papier que l’on l’est aussi au moment des courses. Il fallait que je fasse ce que je sais faire et cela a plutôt bien marché.
- Au sein de la catégorie U18, beaucoup de jeunes athlètes semblaient en mesure de jouer la gagne chaque week-end…
Il y a un beau panel de jeunes prometteurs. On a toujours envie de se placer devant car on sait que le niveau global est assez élevé. Si on arrive à l’être, c’est que l’on vaut quelque chose.
- Vos plus sérieux adversaires sont aussi, pour certains, vos partenaires d’entraînement. Comment gérez-vous cela ?
C’est un peu comme ça depuis que nous sommes rentrés au comité. Sur les courses, nous ne sommes pas spécialement copains, mais, en dehors, on s’entend tous super bien ! Cela n’entraîne pas de problème. On est contents quand les autres font une grosse performance. On va toujours à l’entraînement avec le sourire.
- Puis cela doit également vous tirer vers le haut mutuellement…
On sait que cela fait plusieurs années que notre comité domine le circuit dans certaines catégories. Il y a souvent un ou une athlète du Mont-Blanc qui se place parmi les leaders. On sait qu’on joue parmi les favoris donc cela peut ajouter une pression. Mais, d’un autre côté, quand on court les relais avec les athlètes de la coupe du monde, c’est super enrichissant.
« C’est la meilleure chose qui me soit arrivé de toute ma vie sur les skis »Quentin Lespine à propos des Jeux olympiques de la jeunesse
- Cet hiver, vous avez également représenté l’équipe de France sur les Jeux olympiques de la jeunesse de Gangwon (Corée du Sud), racontez-nous cette expérience…
C’était incroyable. C’est la meilleure chose qui me soit arrivée de toute ma vie sur les skis. En prime, j’ai ramené deux médailles qui étaient assez inattendues. Même sur le sprint, je ne pensais pas pouvoir accéder aux portes de la finale. Je suis éliminé à cause d’une erreur de placement mais le fait de voir que les douze demi-finalistes se tiennent en une demi-seconde, cela remonte le moral.
On a aussi découvert de nouvelles personnes avec de nouvelles manières de fonctionner. C’était aussi super cool de rencontrer d’autres athlètes étrangers et venant d’autres disciplines. En temps normal, je ne serais jamais allé en Corée du Sud. C’était super enrichissant de découvrir ce pays avec sa culture et ses mentalités tout en faisant ce qu’on aime. A l’international, on apprend vraiment beaucoup de choses.
- Ensuite, à votre retour en coupe de France, il a fallu rapidement se remettre en jambe pour jouer le classement général…
Oui car on sait aussi que l’on est attendus sur ces moments-là. On savait que les autres nous attendaient et ne nous feraient pas de cadeaux. L’an dernier, après le FOJE, j’avais montré que je pouvais faire de belles performances. Cette année, je savais donc comment gérer. Sur le premier départ, il y avait quasiment autant de pression qu’aux JOJ car je voulais montrer que j’étais là et que je n’étais pas parti en Corée sur un coup de chance.
A Prémanon, quand je gagne les deux jours, cela met en confiance. Cela fait plaisir car les performances à l’international sont rendues possibles par nos prestations en coupe de France.
- Vous avez également brillé à Méribel (Savoie) lors des championnats de France. Il fallait pourtant tenir bon après une saison chargée…
Sur le sprint, cela s’est super bien passé car j’arrive à conserver mon titre. Cela fait plaisir car je n’avais pas couru de sprint classique depuis longtemps. Le lendemain, sur le relais par comités, je courais dans l’équipe une face aux fondeurs de la catégorie U20. Je savais que cela allait être dur de faire une grosse performance car Milhan [Laissus] et Charly [Deuffic] ont été très forts. J’ai tout de même réussi à m’accrocher à Aubin [Gaulier] pour ramener le relais en quatrième position. Hugo [Lapalus] tombe juste avant l’arrivée mais on monte tout de même sur le podium du championnat de France car le Dauphiné avait deux équipes dans le top 3 de la course.
Sur le relais des clubs, c’était une course en classique pour moi et c’est bien mon truc. J’avais vraiment envie de courir et on avait une belle équipe. On termine à nouveau troisième et je ne me plains pas de ces dernières car cela fait plaisir et notamment de courir avec des fondeurs comme Lucas [Chanavat] ou Hugo.
- En revanche, cela a été plus difficile pour vous sur le dernier week-end des Saisies (Savoie). Arrivez-vous à l’expliquer ?
Aux Saisies, cela n’était pas dingue car je n’avais pas dormi de la nuit après être tombé malade. Sur l’individuel classique, je suis tombé et je n’accrochais pas trop donc c’était un peu chaotique même si je termine quatrième et que ce n’est pas non plus désastreux comme résultat. En revanche, sur le 20 kilomètres skate, c’était vraiment dur. Je n’ai pas réussi à m’accrocher même si j’ai réussi à bien finir ma course.
« Je repars de zéro et tout recommence »Quentin Lespine à propos de ses débuts en U20 l’hiver prochain
- Désormais, place au repos avant de découvrir les compétitions dans la catégorie des moins de 20 ans. Comment appréhendez-vous ce changement ?
Cela fait plusieurs années que certains athlètes du comité ont un peu de mal à digérer ce passage de U18 à U20. Je ne sais pas trop comment aborder cela mais, pour en avoir discuter avec les coachs, je repars de zéro et tout recommence. Je vais faire comme avant en m’entraînant sans me prendre la tête et sans me poser trop de questions. Je sais que cela sera plus dur car les heures vont augmenter mais j’essaye de ne pas trop me mettre la pression en continuant à exécuter ce que je sais faire.
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