Ski de fond : Richard Jouve entre dans le club très fermé des vainqueurs d’étape en coupe du monde
Richard Jouve est entré dans l’histoire du ski de fond français. Le pensionnaire de Méribel (Savoie) est le premier tricolore à remporter une course dans le style classique, hormis sur le skiathlon. Victorieux sur le sprint de Drammen (Norvège), ce jeudi, il s’est confié à Nordic Magazine sur le plus grand succès de sa carrière, à 27 ans. Entretien.
- Richard Jouve, quel sentiment cela vous fait d’être vainqueur d’une étape de coupe du monde ?
C’est évident que gagner, c’est bien plus fort qu’un podium. T’es en haut des marches, sur la plus haute qui plus est, donc c’est vraiment cool de se dire que, sur la journée, c’est moi qui ai gagné la course. C’est quelque chose que j’attendais depuis longtemps, c’est hyper satisfaisant. Et puis cela coche une case dans les objectifs mis en place depuis quelques années. C’était vraiment une bonne journée, en plus à Drammen, sous de bonnes conditions et avec un grand soleil. C’est super cool.
- Et c’est très bien parti pour vous dès les qualifications ce jeudi matin…
C’était ma première victoire sur une qualification, c’était déjà l’objectif de la matinée. Je ne me sentais pas fatigué après, j’étais plutôt satisfait de mon temps. Quand je fais de bonnes qualifs, généralement derrière je suis bien physiquement et mentalement. Cela m’a donné beaucoup de confiance pour la journée, et puis tout s’est bien déroulé après.
- On sent que vous avez été en contrôle tout au long de la compétition, où avez-vous eu le plus de difficultés ?
Pour moi, le passage le plus difficile de la journée, c’était la demi-finale. C’est parti extrêmement vite, il a fallu s’accrocher car je savais que j’avais une bonne dernière ligne droite et je ne voulais pas me faire encore avoir et ne pas passer au temps. J’ai réussi à bien gérer mon quart et ma demi pour m’assurer la finale. Après, on sait que c’est toujours une course différente. J’ai réussi à mettre en place mon ski et faire ce que je voulais faire donc c’était plutôt bien.
- Comment avez-vous réussi à gérer la stratégie du Chinois Qiang Wang, notamment en demi-finale, où il a pris les devants dès le début de la course ?
C’est vrai qu’il fait très souvent ça. Il part très vite, il fait des très bons temps. En demi, il a fallu s’accrocher car c’était difficile, mais on a eu une super glisse en descente, donc on a pu rentrer avec Lucas sur lui et se repositionner correctement. Il est hyper fort, hyper régulier dans ses qualifs, il rentre toujours très bien et derrière il fait des grosses courses. J’avais dit à Lucas qu’il allait faire podium à Lahti, ça a finalement été une semaine plus tard. Mais il est très fort.
- C’est aussi spécial de partager ce podium avec Lucas Chanavat. Vous vous êtes beaucoup suivis pendant la demi-finale et la finale. Est-ce que c’était une stratégie préparée ?
Absolument pas, ça se fait comme ça dans l’action de la course. On a tendance à se suivre si on est ensemble car on sait les points forts de l’autre. En général, on est au même niveau donc on n’a pas trop de soucis à se dire qu’on va peut-être se ralentir l’un l’autre. On est plutôt confiants là dessus. C’est pour ça qu’on privilégie d’être dans nos skis, il y a de bons automatismes, c’est plus simple à gérer.
- Vous êtes le premier Français à remporter une course en classique. Est-ce que vous vous en doutiez que ce serait sur ce format ?
Je pensais plutôt gagner une épreuve en skate pour ma première. Mais bon, si c’est un classique je ne vais pas dire non, surtout à Drammen. On progresse d’année en année en classique. Personnellement, j’adore ça et j’ai vraiment envie d’y performer. Les résultats montrent que le travail est bien fait et qu’il n’y a plus à dire qu’on est moins bien sur des courses en classique qu’en skate.
- Et puis de gagner à Drammen surtout, sur les terres norvégiennes…
C’est le site que je préfère de la saison. C’est une course où on est chez les Norvégiens, il y a toujours un niveau relevé et c’est en classique. C’est une très belle piste autour de cette église et dans la ville. Ici, il y a toujours un peu de monde en plus, donc ça fait plaisir de courir à Drammen. C’est toujours une course particulière.
- Avez-vous eu le temps de célébrer cette victoire et ce double podium avec l’équipe ?
Malheureusement, les autres partaient vite pour rentrer en France, alors que moi, je suis resté pour disputer le 50 km d’Oslo. On a quand même eu le temps de prendre la photo et on a pu savourer sur l’aire d’arrivée. C’est toujours un bon moment. On sait fêter ça entre Français, on sait prendre du plaisir après la course pour se dire que la journée a été réussie. Aujourd’hui, c’était une très belle course d’équipe, où tous les garçons ont passé les qualifs et où on fait tous top 15 en Norvège. Même s’il n’y avait pas tout le monde, c’est très satisfaisant.
- Il n’y avait pas tout le monde effectivement. Il manquait des athlètes comme Johannes Hoesflot Klæbo, Alexander Terentev ou encore Alexander Bolshunov. Est-ce que cette victoire a quand même un goût d’inachevé, sans les meilleurs ?
C’est une victoire en coupe du monde, donc je la prends. Après je suis bien conscient qu’il manquait pas mal de monde donc il faut relativiser sur la performance. Mais aujourd’hui, il y avait une course, il fallait la gagner. Je suis content d’avoir répondu présent même s’il y avait des absents.
- C’est une période un peu spéciale pour vous entre la médaille de bronze sur le relais olympique et cette première victoire en coupe du monde…
Disons que c’est une période où j’arrive à être très régulier. Je ne dirais pas jusqu’à dire que tout marche, mais ça fonctionne bien en classique et sur les sprints skate. Donc, pour le moment, je surfe sur la vague. Je prends ce qu’il y a à prendre et ça fait pour l’instant une belle saison.
- Vous revenez à seulement 95 points de Johannes Hoesflot Klæbo au classement du petit globe du sprint. Avez-vous cette récompense dans un coin de la tête ?
Il faut prendre les courses les unes après les autres. Si je veux aller chercher ce globe, il faudra que je gagne à Falun le week-end prochain. Après, cela m’étonnerait que Klæbo ne soit pas là. Mais s’il n’est pas là, ça pourrait le faire. Il faut aussi ramener des points au général, car je suis cinquième pour l’instant. Il y a moyen que je passe quatrième, donc il va falloir que j’engrange le plus de points possible sur les dernières courses qu’il reste.
- Justement, quelles vont être vos ambitions pour le 50 km d’Oslo-Holmenkollen dimanche ?
C’est un peu différent. C’est une course où j’ai envie de me faire plaisir. C’est un 50 km à Oslo, avec beaucoup de public. En classique, je pense qu’il y a moyen de faire une très bonne course. Après, je ne me suis pas fixé d’objectif précis en terme de résultat. On verra bien ce que ça donne. Cela peut très bien marcher comme pas du tout et très vite devenir un enfer sur la fin. Mais j’y vais pour prendre du plaisir avant tout.
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