SKI DE FOND – Les Français ressortent bronzés d’une fantastique épopée sur ce relais masculin des mondiaux de Seefeld. Leurs réactions.
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« On va savourer la cérémonie des médailles »
En zone mixte, après le relais du ski de fond masculin des mondiaux de Seefeld, les Bleus semblent faire abstraction de la pluie. Le quatuor Adrien Backscheider, Maurice Manificat, Clément Parisse et Richard Jouve ne pensent qu’à une chose : ils sont allés chercher le bronze.
« On va savourer la cérémonie des médailles ce soir, confie Maurice Manificat. J’ai l’impression qu’on a déjà tout dit aux Jeux olympiques l’an dernier. Je ne sais plus comment analyser la course. C’est juste fabuleux. » Fabuleux, c’est le mot.
Adrien Backscheider lançait le relais tricolore dans une position à laquelle il n’est pas habitué. « Ça allait plutôt bien, j’aime bien ces conditions, dit-il juste après son relais, alors que Manificat se bat sur la piste. C’était la foire d’empoigne, ça n’allait pas très vite. Il y avait des petites attaques donc c’était un peu stressant. Il n’y avait pas beaucoup de place pour se replacer et à un moment j’ai fait l’erreur de vouloir me replacer et j’ai pris un carton. C’est toujours embêtant mais une fois lancé, j’ai foncé. C’est stressant quand il n’y a pas de rythme, pas de place pour se replacer. Pour moi c’était une première. On avait de supers skis. Si j’avais maintenu la pression, je ne me serais pas fait enfermé et j’aurais pu mieux tenir mais j’ai limité la casse. Maintenant, on attend… Je n’ai pas l’habitude mais on fait tous notre maximum. Je sais qu’on fait de notre mieux et on vise la médaille. »
« On est fier d’avoir tenu le coup »
Et il ne croit pas si bien dire ! De retour en zone mixte après le podium, le fondeur arbore un grand sourire. « Pour Richard c’était la situation idéale, il s’en frottait les mains et il a pris du plaisir. C’est bien, il y avait du suspens. On est fier d’avoir tenu le coup, d’avoir assumé cette composition. On a aussi une pensée pour les remplaçants. Jean-Marc ou Jules auraient fait aussi bien que moi, voire mieux. C’est une équipe où les places sont chères et Jules se vengera un de ces quatre, plaisante-t-il. Partager la joie avec tout le monde, c’est génial. Richard apporte sa touche et ça fait plaisir. On a tous fait de notre mieux, le coaching, le matériel, on n’avait rien à se reprocher. Ce n’était pas agréable d’attendre mais ça décuple les émotions. Je suis content de faire partie de cette histoire. »
« Beaucoup de nations nous envient »
Maurice Manificat ne peut qu’approuver. « Adrien m’a donné le relais dans de bonnes dispositions, commence-t-il. Tout le monde savait que la neige était difficile, tout le monde était prudent sur les premiers tours. Ça m’a arrangé parce que je suis un peu bridé même si ça revient. J’avais des supers skis et ça aide beaucoup. Ça m’a permis d’être prudent pour tout donner seulement dans le dernier tour et il a fallu s’arracher, affirme le Français. Niskanen a vu qu’avec l’Allemand on était limite et donc il a essayé de nous faire sauter. Il a fallu maintenir l’écart. J’aurais aimé donner le relais à Clément avec un moins gros écart quand même… Après la course, on veut la réécrire mais c’est comme ça. »
Manificat confie ensuite les ambitions de ce relais médaillé : « depuis l’automne, on veut jouer mieux que le bronze. C’est pour ça qu’on a aligné Richard. On va se dire que ce sera bon pour la prochaine fois… Ces dernières années, on a tellement fait de bons relais qu’on avait un peu la confiance aujourd’hui, on se disait que ça allait le faire avec Richard même si on ne sait jamais… Je suis content de mon relais, j’aurais aimé mieux faire mais on peut être satisfait. Encore une fois, on l’a refait. On est fiers de tenir notre rang. On a le dossard 3, on arrive 3 et ce n’est pas rien quand on voit la composition des autres équipes. Beaucoup de nations nous envient, c’est incroyable. »
Intelligence de course
Clément Parisse continue de raconter l’histoire de ce relais au micro de Nordic Magazine : « j’ai essayé de partir fort mais sans trop en mettre pour en garder dans le dernier tour, explique-t-il. C’était la tactique qu’on avait choisi avec les entraîneurs. S’il fallait rentrer, il fallait le faire intelligemment et ne pas griller toutes les cartouches d’entrée de jeu. J’ai essayé de ne pas m’exciter parce que dans la tête, ce n’était pas facile. Je me disais « ça rentre, ça rentre pas, ça va rentrer ». Au final ça rentre au pied de la bosse où Bolshunov attaque donc ça a été très dur, je me suis revu partir tout de suite. J’ai serré les dents parce que je voulais donner le relais à Richard au plus près. Quand j’ai vu que le Finlandais lâchait, j’ai voulu me rapprocher de lui. »
Assez près pour permettre au sprinteur de l’équipe de raccrocher Hyvarinen. « C’est super, réagit aussitôt Richard Jouve. Pour ma part, ça s’est super bien passé. J’étais vraiment en forme tout le long des 10 km. Je suis resté dans les skis du Finlandais et j’ai attendu jusqu’à la dernière ligne droite pour faire ce que je sais faire. J’ai un petit regret sur la deuxième place parce que j’ai vu dans la bosse qu’Ustiugov n’était vraiment pas bien. J’avais les jambes pour y aller… J’ai hésité mais j’ai écouté le coach, j’ai sécurisé la médaille. Il vaut mieux repartir avec le bronze que rien du tout. On était une super équipe. Ils me ramènent le relais en 4e position mais à quelques secondes du Finlandais donc on ne pouvait pas rêver mieux. »
Le public a alors vibré avec le sprinteur tricolore, tandis qu’il allait chercher la médaille. « Sur la ligne finale, c’était vraiment top, sourit Jouve. On est concentré, on n’entend pas toujours la foule pendant le tour mais quand je l’ai passé, que j’ai décéléré, c’est vraiment cool d’entendre tout ce monde. »
Clément Parisse ajoute : « il y a une super ambiance sur ces mondiaux. Ce sont les plus beaux que j’ai fait. C’est super chouette, sur les compétitions et dans le village. Il y a encore de belles choses à faire sur le 50 km, je suis en forme donc ça peut jouer », termine-t-il.
Comme Manificat, Parisse croit à un beau résultat sur la dernière course des mondiaux. Résultats dimanche.
Photo : Nordic Focus et Nordic Magazine