Ski de fond : Tania Kurek revient de loin
Après un hiver 2022/2023 marqué par trois sorties internationales – dont une participation aux Jeux mondiaux universitaires de Lake Placid (Etats-Unis) -, Tania Kurek, membre du Haute-Savoie Nordic Team après quatre années à la Fédération française de ski (FFS), visait forcément mieux cette saison. Lourdement blessée à une cheville en juillet puis opérée d’un kyste en novembre, elle a malheureusement connu une préparation tronquée.
Malgré tout revenue à la compétition en janvier, elle a remporté la poursuite classique de la coupe de France de Prémanon (Jura) dimanche dernier. Une victoire synonyme de qualification pour la FESA Cup de Schilpario (Italie) des prochains jours. Avant cela, Tania Kurek a accepté de se confier longuement à Nordic Magazine. Entretien.
- Lorsque vous vous êtes blessée à la cheville en juillet dernier lors d’un trail, imaginiez-vous pouvoir décrocher un ticket international durant l’hiver ?
Je pensais surtout à reprendre les compétitions. C’était en tout cas mon objectif : revenir pour la coupe de France de La Clusaz [prévue fin janvier, NDLR]. Quand je suis revenue, j’ai donc pris les courses les unes après les autres sans me mettre en pression. Je savais que si ça n’allait pas, il y avait une raison.
- Il s’agit donc de votre blessure : pouvez-vous revenir sur ce moment et tout le processus de guérison qui vous a permis de reprendre la compétition le mois dernier ?
Plâtrée, j’ai pu faire beaucoup de Skierg et de gainage pour travailler le haut du corps. Ensuite, il y a eu de la kiné pendant trois mois, jusqu’à début décembre. En parallèle, j’ai repris les stages fin septembre avec le Haute-Savoie Nordic Team puis le ski-roues mi-octobre. J’ai remis les skis mi-novembre, mais j’ai repris trop vite et cela a tiré sur la cheville si bien que j’ai déclenché une inflammation du tendon d’Achille. J’ai donc de nouveau eu une petite coupure. C’était dur parce que j’avais l’impression de ne pas me sortir de ce cercle vicieux de la blessure. J’ai aussi subi une opération fin novembre d’un autre problème.
- Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
On m’a découvert un kyste ovarien en octobre 2023, et il fallait l’enlever pour éviter que mon ovaire se torde et, donc, de le perdre. Fin novembre, j’ai eu une cœlioscopie et, ensuite, deux semaines d’arrêt de sport obligatoires. C’était encore un gros coup dur mentalement d’être de nouveau à l’arrêt et, surtout, de se faire opérer, parce que cela m’a coupé dans ma reprise. Je ne pouvais pas faire d’intensité. Ainsi, j’ai repris mi-décembre, les entraînements intenses début janvier, et les compétitions le 14 janvier sur le Grand Prix de Chamonix.
- Quelques jours plus tard, vous participez à la coupe de France de La Clusaz (Haute-Savoie), votre premier test grandeur nature : comment vous y êtes-vous sentie ?
Il y avait de l’appréhension parce que je ne savais pas trop où me situer par rapport aux autres filles. J’étais aussi dans une phase un peu moins bonne après avoir fait du volume les semaines précédentes. Ce n’était pas la grande forme, mais je n’étais pas trop larguée au niveau des résultats. Cela m’a donc rassurée parce que, même en n’ayant pas fait une préparation complète, je pouvais jouer avec certaines filles.
- Finalement, vous décrochez votre qualification pour la FESA Cup de Schilpario (Italie) lors de la coupe de France de Prémanon (Jura) : pouvez-vous nous raconter votre week-end…
Quand j’ai su que c’était un week-end de sélection, je me suis dit que je n’avais rien à perdre et qu’il fallait que je tente tout pour donner mon meilleur. Je n’étais pas du tout stressée parce que je sentais que la forme revenait tranquillement. Sur l’individuel classique, j’étais contente de voir que c’était serré et de mon résultat [une sixième place, NDLR]. J’étais tout de même frustrée de ne pas être parvenue à combler cet écart de quatre, cinq secondes pour être sur le podium. Vu tout ce qui m’est arrivé en 2023 entre la blessure et l’opération, je pouvais quand même être fière de moi.
- Le lendemain, vous gagnez la poursuite classique, ce qui vous ouvre les portes du circuit FESA…
J’étais un petit peu plus stressée et tendue parce que c’était ma première confrontation en classique depuis ma reprise. En face, il y avait les filles de l’équipe de France, et je me disais que je pouvais craquer si ça partait fort. J’appréhendais, mais, pendant la course, je me suis accrochée. Les filles étaient bien plus fortes que moi dans les bosses, mais ce qui a fait ma force pour gagner, c’est mon mental. C’est embêtant d’être blessée, mais j’ai beaucoup gagné mentalement grâce à cet arrêt. Dans le dernier tour, je n’ai fait que penser aux choses mises en place pour revenir. J’ai fait des sacrifices énormes, et il fallait que ça paye. Je gagne finalement au sprint, dans un finish que j’aime beaucoup, devant Félicie Chappaz et Manon Favre Bonvin, deux filles du Haute-Savoie Nordic Team comme moi.
- Que ressentez-vous lorsque vous gagnez ?
Je n’y croyais pas ! Je n’arrivais pas à pleurer, mais je pleurais un peu, je faisais des câlins à tout le monde… J’étais étonnée de me dire que j’avais réussi à matcher avec les filles qui avaient fait une préparation complète. On peut dire que j’étais fière de moi dans le sens où je n’ai rien lâché tout le long de la course et, plus largement, depuis juillet. Tous les sacrifices ont été récompensés par cette victoire.
- Comment avez-vous réagi quand vous avez appris votre sélection ?
Quand j’ai gagné, et même si cette poursuite servait de base à la sélection, je ne savais pas si ça allait le faire parce que je n’avais pas fait toute la préparation et le début de saison. Finalement, je suis sélectionnée et j’en suis contente, mais je n’arrive pas à être complètement heureuse parce qu’il n’y a pas Félicie [Chappaz] ou Eve-Ondine [Duchaufour] qui avaient le même niveau que moi. Je n’étais pas la seule à mériter de monter en FESA Cup.
- Dans quel état d’esprit allez-vous aborder la FESA Cup de Schilpario ?
Je suis super contente d’y aller et je ne vais pas me mettre de pression. Je ne sais pas où me situer par rapport aux étrangères, mais je sais qu’il y aura un gros niveau. Je n’y vais pas non plus en mode découverte parce que j’ai envie d’y performer, mais sans me poser de questions. Je veux jouer et encore apprendre parce que je n’ai pas beaucoup de FESA Cup seniors au compteur. Pour moi, c’est une énorme performance d’être parvenue à prendre cette sélection. Je ne m’y attendais pas du tout.
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