Ski de fond : les dernières confidences de Tania Kurek
En début de semaine, Tania Kurek a annoncé sur ses réseaux sociaux avoir décidé de mettre un terme à sa carrière de skieuse de fond. Âgée de 23 ans, la fondeuse du Pays Rochois, prometteuse dans ses années juniors, ne sera finalement jamais parvenue à passer le cap du très haut niveau.
Avant le début des championnats de France des Saisies (Savoie), où elle fera ses adieux à la compétition ce week-end, Tania Kurek a accepté de se confier longuement à Nordic Magazine. Entretien.
- Pourquoi avez-vous décidé d’arrêter votre carrière en cette fin d’hiver, à 23 ans ?
Après le début de saison compliqué que j’ai eu, je me suis posée beaucoup de questions et je ne savais pas, notamment, si ça allait rebondir ou pas. Pendant ma coupure en décembre, j’ai pris du temps pour moi pour faire des choses que je n’avais pas forcément pas le temps faire avant. En prenant du recul, je me suis dit que ce n’était que du ski et que j’avais envie de faire autre chose de ma vie. Cela fait longtemps que je suis dans le monde du ski de fond et je sentais que c’était un peu la fin. Si je repartais pour un hiver, je sentais que ce serait la saison de trop.
- Quand avez-vous acté définitivement votre choix ?
Au fond de moi, je réfléchis à tout cela depuis janvier. J’ai finalisé cette réflexion en février quand j’ai repris la compétition. Je ne voulais pas me mettre de pression pour faire une bonne fin de saison. Avec du recul, j’ai vu que c’était compliqué d’aller prendre des sélections et je voyais que ça allait être très compliqué de me replonger dans une préparation complète. Je préfère arrêter avant que ça pète pendant la préparation.
« Je voulais continuer à persévérer, mais les sélections ont été un échec »Tania Kurek à Nordic Magazine
- Vous aviez fait une pause durant l’hiver. Pourquoi ?
Ce n’était pas seulement lié aux résultats. Courant novembre, j’ai eu pas mal de problèmes personnels [dont elle ne souhaite pas parler dans les détails, NDLR]. J’ai dû les régler et cela m’a pris une énorme charge mentale pendant tout le mois de novembre. Avec les sélections qui arrivaient, j’avais du mal à gérer tout cela et ça ne suivait pas physiquement… J’étais ultra fatiguée et je suis arrivée une dizaine de jours avant les sélections en étant incapable de mettre un dossard tellement c’était compliqué mentalement pour moi. Je voulais continuer à persévérer, mais les sélections ont été un échec. Après, je me suis dit que je ne pouvais pas continuer ma saison sans avoir réglé mes problèmes. J’ai donc coupé pendant un mois de demi avant de reprendre.

- Comment avez-vous traversé cette période ?
C’était un moment très compliqué pendant lequel Pierre [Belingheri], men entraîneur, m’a beaucoup aidé et soutenu. Mes coéquipiers d’entraînements, notamment les filles qui sont au courant, ont été beaucoup là pour moi. Les garçons, aussi, ont compris que ça n’allait pas et ont essayé d’être présents pour que ça aille mieux.
« Je n’ai pas dormi ces dernières nuits parce que je ne pense qu’à ça »Tania Kurek à Nordic Magazine
- Qu’est-ce qui aurait pu vous faire continuer votre carrière ?
J’aurais pu reparti pour une saison pour tenter de remplir les objectifs que je n’ai réalisé cette année. Pour être claire, je voulais prendre ma sélection en FESA Cup pour ensuite faire la coupe du monde aux Rousses. Cela ne l’a pas fait. J’aurais donc pu repartir si cette année, j’aurais été capable de prendre au moins une sélection. Là, malheureusement, je vois bien que la densité chez les filles est énorme. Quand on arrive en seniors cinquième année, c’est très compliqué de monter en FESA Cup. Faire de la coupe de France toute ma vie, ce n’est pas ce qui m’intéresse.

- Que vous dites-vous en repensant à toutes ces années de ski de fond ?
Je me remémore tout ce que j’ai pu faire, où est-ce que j’ai pu aller et avec qui j’étais. Avec l’annonce faite sur mes réseaux sociaux, pas mal de souvenirs sont remontés, forcément. Globalement, je me refais le film ! Forcément, c’est encore compliqué parce que c’est tout frais. Par exemple, je n’ai pas dormi ces dernières nuits parce que je ne pense qu’à ça.
« Je n’ai juste pas réussi à trouver ce petit truc en plus, ce petit gap pour aller chercher encore plus haut »Tania Kurek à Nordic Magazine
- Avez-vous des regrets sur certains moments de votre carrière ?
Je ne dirais pas que j’ai de regrets. Le niveau que j’ai eu quand j’étais juniors était plutôt élevé, mais je suis ensuite arrivée sur un plateau… Je n’ai juste pas réussi à trouver ce petit truc en plus, ce petit gap pour aller chercher encore plus haut, notamment les podiums en FESA Cup pour accéder à la coupe du monde. Si je n’y suis pas parvenue, c’est que je n’avais pas le niveau. Malgré tout, j’ai quand même participé à des super beaux événements, je me suis éclatée pendant toutes ses années. Je pense que c’est un beau parcours même s’il manque la coupe du monde !

- Ce week-end, vous allez participer à vos dernières courses, lais vous avez déjà fait votre dernier championnat de France des clubs pour le SCN Pays Rochois dimanche dernier à Autrans (Isère)…
J’ai beaucoup pleuré à l’arrivée, pendant une heure, je n’arrivais pas à me calmer [rires] ! J’ai été lancée en tête et j’avais envie de faire un podium pour le club. J’étais hyper déçue de ne pas l’avoir fait, mais c’était surtout quelque chose de réaliser que c’était ma dernière sur cette compétition si importante, la course de l’année !
« Je vais rester de très près dans le monde du ski de fond ! »Tania Kurek à Nordic Magazine
- Savez-vous déjà de quoi sera fait la suite ?
Au niveau de mes études, je vais reprendre à partir d’octobre en faisant un DE en préparation mentale à Clermont-Ferrand en distanciel. Cela va me permettre de bosser à côté. Je ne peux pas encore tout dire de quoi il en retournera, mais je vais rester de très près dans le monde du ski de fond !
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