SKI DE FOND – L’expérimenté skieur du Team Vercors Isère nordique Robin Duvillard en devient le directeur sportif. Il revient sur sa nouvelle mission.
La ligne sportive du Team Vercors Isère
Le médaillé olympique de ski de fond avec le relais tricolore à Sotchi en 2014 avait déjà tenté avec succès l’expérience du coaching dans le cadre de son projet autour de la Foulée Blanche ou dans l’accompagnement de Clément Arnault (néo-retraité) et Louis Schwartz dans le haut-niveau.
Robin Duvillard, 20 ans d’équipe de France à son actif et de l’expérience à revendre, est désormais le directeur sportif du Team Vercors Isère (anciennement Team Grenoble Isère Nordique) dont il a été longtemps un des fers de lance.
Une aventure humaine de plus pour celui qui officie sur l’antenne d’Eurosport et qui a co-créé Zecamp avec les époux Marie et Loïs Dorin-Habert : « Oui j’ai toujours dit que je ne voulais pas faire qu’un seul métier, explique-t-il à Nordic Magazine. C’est plus ma conception du sport et de la transmission qui s’illustre derrière un écran comme à Eurosport, de l’entraînement, de l’accompagnement de sportifs, de gérer un hôtel pour sportifs et actifs… J’ai passé 20 ans au team avec des gens dont je suis assez proche.»
« Ce qui m’intéresse désormais, c’est de cadrer les choses car on n’est pas seulement un team de longues distances. Nos 20 athlètes évoluent en ski, en biathlon, en groupe fédéral ou non, jouent des Samse ou des OPA, voire des sélections en coupe du monde… les situations sont trop multiples. J’ai envie de poser des lignes directrices assez simples et de base pour l’entraînement, la fatigue, la gestion des études, le relationnel avec le staff… Je veux juste être là pour mettre du lien entre le team et le comité en fonctionnant un peu comme une équipe de vélo. »
Aux côtés des entraîneurs Etienne Rolin et Rémi Salacroup en ski de fond et biathlon, Duvillard souhaite « remettre la ligne sportive au clair pour être compris des gens du team comme des gens de l’extérieur. »
Légitimité d’athlètes
« J’ai cette légitimité de parler plus clairement aux athlètes en définissant des objectifs atteignables avant de passer à d’autres niveaux. Le circuit Visma, par exemple, ne peut pas être la seule finalité d’une équipe, poursuit-il. Le chemin pour y aller est compliqué et aujourd’hui, si on veut y jouer, le premier truc à faire c’est d’abord de gagner les courses françaises en classique. Car exister sur la Visma demande une préparation vraiment spécifique et longue pour les athlètes. Je veux juste que les athlètes mettent en place l’entraînement en face des objectifs visés. »
S’il n’a pas réalisé la saison dont il rêvait cette année, quoique marquée par une victoire sur la Gatineau Loppet au Canada et un podium sur l’American Birkebeiner, le toujours tenant du titre de La Transjurassienne et la Foulée Blanche (après leurs annulations) visera donc, avec ses troupes de fondeurs tournés vers cette spécialité, les longues distances populaires françaises.
« La visibilité passera par des performances sur nos terres tricolore : Bessans, Foulée Blanche et Transjurassienne constitueront déjà le tryptique de base auquel on peut ajouter l’Engadine, Les Saisies voire Les Glières… On va caler, sur le modèle de l’équipe de France, un système de sélection de haut-niveau : t’es bon, tu montes sur tel rendez-vous, et si tu n’es pas dans le coup, tu n’es pas retenu. Ce ne sera pas dramatique car la sélection a quelque chose de sain dans la vie de groupe et l’apprentissage du haut-niveau où c’est la guerre tous les jours. C’est aussi ce qui leur servira toute leur vie d’après ! »
La rigueur montera donc d’un cran, toute proportion gardée entre des athlètes jouant la coupe du monde et des athlètes en cours d’études : « On peut avoir moins de temps pour s’entraîner qu’un mec qui a un contrat mais si on veut des résultats, il faut s’entraîner et mettre toutes les chances de notre côté. »
« On a un super groupe. Mon travail sera de les orienter en termes d’entraînement et d’objectifs qui paieront car les jeunes s’investissent énormément en termes d’heures d’entraînement. Ces heures sont un indicateur mais ne garantissent pas un entraînement qualifié et profitable pour la suite. »
La pandémie de Covid-19 va compliquer les choses pour la reprise « même si ce confinement, pour un sportif nordique, arrive au « meilleur » moment de la saison. Il faut le prendre comme une chance pour se reposer, faire le plein de fraîcheur en cette période coûteuse mentalement parlant. Il y a aura des complications, mais pas plus pour nous que pour les autres. »
Photos : Nordic Magazine / Instagram.