Théo Deswazière évolue au sein du Team Decathlon Experience. Pour Nordic Magazine, il revient sur cette saison inédite de la Visma Ski Classcis au terme de laquelle il a terminé dans le top 10 des meilleurs jeunes. Son rêve pour la prochaine saison : décrocher le dossard rose.
Quel bilan dressez-vous globalement de votre hiver sur la Visma Ski Classics ?
Dans l’ensemble, je suis content de ma saison. C’était la première année où je m’investissais complètement dans la Visma Ski Classic dû au manque de course de fond spécial. Au vu de mes résultats cet hiver, ainsi qu’à mon classement général (9e jeune et 49e au scratch), je pense que ça été bénéfique pour moi. J’aime aussi aller jouer les sprints dès que l’occasion se présente. Je rêverais de décrocher le dossard vert du meilleur sprinteur et le dossard rose du meilleur jeune la saison prochaine. Cependant, je suis toujours en apprentissage sur ce circuit au niveau très élevé. Monter dans le ranking mondial n’arrive pas en un claquement de doigt, c’est un travail de longue haleine et un investissement important.
« La prochaine fois, on réfléchira à deux fois avant de mettre notre vie en danger pour une simple performance. »Théo Deswazière
- La saison a débuté avec la terrible Diagonela. Comment avez-vous vécu cette course disputée par un froid polaire ?
J’ai pris le départ insouciant du danger, pensant me réchauffer pendant l’effort, sans me rendre compte des risques que je prenais. Mais arrivé à 25 km de course, j’étais complètement gelé, j’ai tenté de continuer la course malgré tout, mais ne pouvant plus tenir, j’ai abandonné à quelques kilomètres de l’arrivée. Mon corps me faisait des grands signaux d’alerte : sensation de froid intense qui me parcouraitdes pieds à la tête pendant plusieurs heures, cracher du sang, hypothermie, brûlures aux genoux et au visage, etc. J’ai mis plusieurs heures à me réchauffer et plusieurs jours à m’en remettre.
- Voir certains coéquipiers hospitalisés, est-ce que cela vous a fait réfléchir ?
J’ai été en effet très touché par l’hospitalisation de mes collègues et d’autres athlètes. Les blessures graves de mes coéquipiers ainsi que mes ressentis pendant la course m’ont fait prendre conscience de notre erreur de prendre le départ dans des conditions pareilles. La prochaine fois, on réfléchira à deux fois avant de mettre notre vie en danger pour une simple performance.
« Le sport c’est aussi du spectacle. Sans supporters, la course est plus fade. »Théo Deswazière
- L’année a aussi été marquée par le coronavirus. La caravane des fondeurs a été plongée dans l’incertitude du lendemain, contrainte aux gestes barrières et autres restrictions sanitaires ? L’ambiance en a-t-elle été affectée ?
Effectivement, ça a été une année compliquée pour le monde du sport avec des annulations et déplacement de courses de dernière minute, des protocoles fastidieux (PCR quelques jours avant, tests antigéniques la veille des courses, masque au départ et arrivée, formulaire santé à remplir….). Malgré tout, on a été pas trop mal lotis au vu du nombre de courses.
Mais cette saison n’a pas été difficile uniquement pour les athlètes, elle l’a été aussi pour ses supporters (big up à la Team Farté) car, en effet, le sport c’est aussi du spectacle. Sans supporters, la course est plus fade. Dans tous les cas, au sein de mon team, nous nous sommes serrés les coudes et l’ambiance a redoublé de joie !
- Etait-ce difficile pour vous dont la compagne est par ailleurs infirmière et donc directement confrontée à la Covid-19 ?
En effet, ma compagne est infirmière et travaille dans les services Covid à l’hôpital d’Annecy. Lysiane reste très silencieuse sur le sujet mais je sais que ça n’a pas été facile pour elle, elle a hâte que tout redevienne « normal » dans les services. J’espère que cette crise sanitaire va faire prendre conscience à tous de l’importance et de l’utilité de leur métier dans nos vies au quotidien et la nécessité d’une revalorisation de leur profession. Malgré tout, comme le dirai la Visma Ski Classics sur leurs masques, F*@k Covid-19 ! Ahaha
- Vous réalisez votre meilleur résultat sur la Toblach-Cortina. Est-ce aussi votre meilleur souvenir ?
Oui, c’est mon meilleur résultat cette saison et elle reste un bon souvenir pour moi, mais ce n’est pas le meilleur souvenir de l’année ! Je n’ai pas eu de bonnes sensations tout le début de course. Heureusement la forme est revenue par la suite. En plus, ce n’était pas le parcours initial donc moins fun.
Mon meilleur souvenir, ce serait plutôt ce mois entier passé en Suède avec mon équipe et toutes ces belles courses.
« Maxime Grenard est un petit magicien, aussi bien pour les skis que pour la prépa physique. »Théo Deswazière
- Dont les 100 km de l’Årefjällsloppet en guise de feu d’artifice. Ont-ils été durs à parcourir ? Cette distance vous convient-elle ?
Ce n’était pas une petite promenade de santé du dimanche, je vous l’avoue, mais c’était une super aventure et une belle expérience. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre et, au final, je suis trop content de cette course aussi bien par mon résultat que par le format. En plus, j’ai fait 2e du premier sprint, juste derrière Oskar Kardin, une petite fierté 😉
- Maxime Grenard est le nouveau coach du team Decathlon Experience. Qu’a-t-il apporté à l’équipe ?
Maxime est un petit magicien, aussi bien pour les skis que pour la prépa physique. En effet, il a apporté des nouvelles choses intéressantes au team mais complètement différentes d’Emilien, les deux sont donc incomparables car complémentaires dans ma carrière et au sein de l’équipe.
- C’était du coup le dernier hiver d’Emilien Buisson. Voilà un coach qui a compté dans votre parcours.
Oui, Emilien a compté pour moi et compte encore car il peut parler pendant 8 h consécutives de bus lors d’un déplacement sur une course d’une performance sportive [Rires]. Plus sérieusement, il seconde Maxime au sein du team et c’est un ami qui me soutient.
- Que vous inspire le parcours du Suédois Emil Persson, qui a quasiment votre âge et qui a (presque) tout gagné ? Incarne-t-il le futur des longues distances où il a choisi de s’investir, au détriment de la coupe du monde ?
J’aimerais bien être à sa place, il a été sacrément bon cette saison. Il est effectivement très fort et il a donc sa place en haut du classement du circuit de la Visma, mais ce qui fait la beauté du sport, c’est qu’on ne peux jamais prédire l’avenir ! Cet hiver, il est le meilleur, mais le sera-t-il l’année prochaine ?
« Alexis Jeannerod et Roxane Lacroix nous apporte beaucoup grâce à leur expérience et leur savoir-faire. »
Théo Deswazière
- En fin d’hiver, on a vu d’ailleurs des athlètes de coupe du monde prendre le départ des courses suédoises. Que vous êtes-vous dit alors ?
J’ai trouvé ça cool que les longues distances attirent des coureurs de la coupe du monde, ça amplifie les enjeux !
- Les leaders de votre équipe s’appelle Alexis Jeannerod et Roxane Lacroix. Qu’apportent-ils au collectif ?
Boah, pas grand chose [Rires]. Je rigole ! Ces deux athlètes nous apporte beaucoup grâce à leur expérience et leur savoir-faire, en plus ils sont très gentils !
- C’est quoi le programme pour vous ces prochaines semaines ?
Ski de rando, repos, potos, mojito… et trouver un boulot parce que c’est bien beau, mais le ski, ça paye pas trop ! D’ailleurs, avis aux intéressés, je suis à la recherche de sponsors pour vivre de sport !
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