Ski de fond : les premières déclarations de Thibaut Chêne après sa nomination comme coach du groupe sprint
Ce mardi après-midi, Thibaut Chêne a été nommé, par Eric Lazzaroni, DTN de la FFS, et Olivier Michaud, patron des équipes de France de ski de fond, entraîneur du groupe sprint masculin. Un nouveau poste pour celui qui a mené, huit années durant, les fondeuses tricolores jusqu’au plus haut niveau, et notamment au podium de la coupe du monde pour Delphine Claudel.
Pour Nordic Magazine, Thibaut Chêne revient sur les raisons de sa nomination et fait le bilan, avec émotion, de son travail réalisé à la tête du groupe féminin. Entretien.
- Comment en êtes-vous arrivé à être nommé entraîneur du groupe sprint de l’équipe de France masculine de ski de fond ?
Cela a été un vrai cheminement parce que, déjà, je ne m’attendais forcément à ce que Cyril [Burdet] arrête ses missions avec les sprinteurs. Puis, en discutant, je me suis rendu compte qu’au bout de huit ans avec l’équipe dames, j’ai toujours tout donné pour faire avancer les filles. On n’a pas tout le temps tout réussi, mais je l’ai fait avec le cœur. Au même moment, l’opportunité est arrivée de prendre en mains ce groupe sprint. Cyril m’a dit qu’il me voyait bien à ce poste, Olivier Michaud [directeur des équipes de France de ski de fond, NDLR] également. A partir de ce moment-là, cela m’a décidé. Je pense que c’était le bon moment pour moi et les filles de changer de fonctionnement et de cadre.
- Dans quel état d’esprit êtes-vous au moment d’accepter cette nouvelle mission ?
C’est avec un gros sens des responsabilités et beaucoup d’humilité que je vais essayer de poursuivre l’œuvre de Cyril Burdet. C’est un honneur parce qu’il me lègue l’une des meilleures équipes du monde. Il va falloir que je sois à la hauteur. Je vais tout faire pour accompagner l’équipe de France au mieux et aller battre tous les adversaires. C’est évident.
- Que vous-a-t-il attiré dans le groupe sprint ?
Le défi d’essayer de faire progresser cette équipe, ces garçons-là que j’ai vu évoluer ces dernières années au sein des équipes de France. J’ai beaucoup d’attachement pour eux. J’adore les moments de sprint en coupe du monde, j’aime aussi la distance et je me rends compte que c’est une équipe polyvalente qui va chercher plusieurs formats. C’est hyper stimulant intellectuellement.
- Finalement, vous allez passer d’un groupe féminin composé de distanceuses et de sprinteuses à un groupe masculin où ce sera un petit peu pareil…
Je vais me retrouver avec un groupe où il y aura des sprinteurs et des polyvalents [rires] ! C’est du ski de fond global comme je l’aime. Ensuite, je passe des filles aux garçons, mais je n’ai jamais vraiment coaché les féminines avec une recette spéciale. Je m’adapte aux athlètes que j’ai en face de moi selon leurs spécificités. Je suis quelqu’un de pragmatique.
- L’avantage, c’est que vous connaissez déjà tous les membres du groupe : vous ne serez pas déboussolé…
C’est sûr ! Cela fait plus de trois ans que je suis sur la coupe du monde à partager tous les moments de compétition. On a la chance en ski de fond d’avoir le même circuit pour les filles et les garçons. J’ai donc passé beaucoup de temps à échanger avec le staff et j’avais énormément d’affinités avec Cyril Burdet. C’est quelqu’un que je respecte et qui est très riche intellectuellement. Il m’a beaucoup stimulé et appris. Je l’adore. C’est une continuité parce que je connais les athlètes via le staff.
- La pression est-elle plus forte pour l’entraîneur du groupe sprint que du collectif féminin ?
Je pense qu’il y en a plus, c’est une évidence. C’est un groupe beaucoup plus dense sur la coupe du monde. Forcément, l’attente est plus forte. Je vais avoir plus de pression et de lumière, mais j’aurai le même engagement total que j’ai mis avec les filles.
- Pour revenir sur vos huit ans passées à la tête du ski de fond féminin français, il doit y avoir une immense fierté de l’avoir mené du quasi néant jusqu’aux podiums de Delphine Claudel…
La filière et le groupe dames sont constitutifs de moi. C’est une énorme partie de ma vie. J’ai et j’aurai toujours un lien affectif avec ces filles-là. Ce sont elles qui m’ont amené à l’entraîneur que je suis. Je leur doit beaucoup, surtout à Delphine Claudel. On a formé un binôme fort. On a dû beaucoup reconstruire. Huit ans, cela paraît être long, mais on travaille ensemble depuis qu’elles ont 16, 17, 18 ans ! On a fait une belle partie de notre vie ensemble. Cela a été l’un des moments les plus marquants de ma vie.
- Comment jugez-vous votre bilan ?
J’en suis très fier, mais j’aurais forcément aimé en faire plus, aller plus loin en décrochant la médaille olympique à Pékin. On y a cru, parfois plus que d’autres, en faisant un énorme travail de l’ombre. Il y a eu beaucoup de critiques et de moments difficiles, mais j’en suis extrêmement fier. Je garde un sourire en me disant que, quand elles iront chercher cette médaille, j’espère être toujours dans le staff pour le vivre. Je vais tout faire pour que la transition avec Alexandre Pouyé se passe bien.
- Cela a dû être compliqué de mettre un terme à cette aventure, large chapitre de votre vie…
C’était dur et cela fait quelque chose… Emotionnellement, cela a été un moment fort parce que j’y ai mis beaucoup de moi.
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