Ski de fond : Valentin Chauvin se confie sur sa retraite
A 26 ans, le Jurassien Valentin Chauvin, notamment auteur d’un podium en coupe du monde en sprint par équipes, vient d’annoncer sa retraite. C’est après un hiver 2021/2022 très difficile, et marqué par un burn-out, qu’il a décidé de raccrocher les skis.
Quelques heures après l’officialisation de la nouvelle, Valentin Chauvin s’est confié à Nordic Magazine pour expliquer les raisons profondes de sa fin de carrière. Entretien.
- Pourquoi avez-vous pris la décision de vous stopper à 26 ans seulement ?
Je pense que j’en ai eu marre, surtout, de lutter contre moi-même. J’étais fatigué de plein de choses qui duraient depuis des années et je n’avais plus l’énergie de me rebattre une année de plus. Comme on est déjà en juillet, il fallait que j’avance et, même si des courses me faisaient encore envie, comme la coupe du monde des Rousses ou les Mondiaux de Planica, j’ai décidé de m’arrêter. Tout ce qui va avec le quotidien du sportif de haut niveau ne me plaisait et ne m’attirait plus. J’adore la compétition et le sport, mais je ne veux plus en faire tous les jours.
- Comment l’expliquez-vous ?
A mon avis, j’ai trop tiré sur la corde. Je n’ai pas su m’écouter et je pense que je ne serais pas à ce niveau de fatigue si j’avais su me faire confiance à certains moments dans ma carrière. Des fois, j’aurais dû dire les choses aux entraîneurs, comme sur certaines séances à enlever. Cela m’a amené à avoir beaucoup de problèmes de sommeil. Avec les années cumulées sans trop dormir, le corps a dit stop l’automne dernier. Je ne me vois pas continuer si je ne suis pas à 100%, et c’est toujours le cas.
- Vous avez expliqué que cela faisait quelques années que vous réfléchissiez à vous arrêter, sans jamais avoir franchi le pas jusqu’à cette semaine : pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Après les Jeux olympiques de 2018, je m’étais effectivement déjà posé la question d’arrêter. Au printemps, je n’avais pas envie de reprendre. Cela passait, mais j’ai eu pas mal de périodes comme cela où je me remettais beaucoup en question. C’était en dents de scie au niveau mental sur le fait de continuer ou pas. D’autres choses me faisaient envie, mais les résultats m’ont tenu dans le haut niveau. Je ne considérais pas vraiment ces pensées puis j’ai eu pas mal de périodes de stress et de peurs qui sont arrivées. C’était une manière de me dire stop inconsciemment. Je n’ai pas voulu les écouter et j’ai trop tiré sur la machine.
- Ce n’est pas facile pour un athlète en début de carrière et en progression d’en faire moins…
C’est cela ! J’étais en progression et je commençais à me faire confiance sans avoir peur du résultat, comme c’était le cas en début de carrière. Je savais que j’avais le niveau de faire de bonnes choses, mais la flamme et l’envie sont parties ce printemps. Notamment à cause de l’olympiade précédente où j’ai été tout le temps sous pression entre défendre mon dossard jaune de l’OPA Cup et faire mes preuves en coupe du monde. J’étais toujours entre les deux circuits et c’était dur. Cela m’a coûté énormément d’énergie. Après coup, je me dis que j’aurais dû faire différemment en disant non à certaines coupes du monde ou d’Europe. Je n’ai pas su communiquer comme il le fallait.
- Avoir été retiré des collectifs fédéraux au printemps a-t-il joué dans votre décision ?
Non, pas du tout. Au contraire, j’étais presque prêt à me faire une préparation tout seul avec des choses qui me correspondent. En équipe de France, il y a des moyens financiers et humains qu’il n’y a pas ailleurs, mais j’avais envie d’essayer un programme d’entraînement à ma sauce pour voir ce que cela donnait. Mais je n’ai pas retrouvé l’énergie nécessaire pour cela.
- Quand vous regardez ce que vous avez réalisé dans le monde du ski de fond, que vous dites-vous ?
J’ai fait des bons résultats, mais je pense que j’aurais pu faire mieux si je m’étais plus fait confiance. Par exemple, des choses ne me convenaient pas dans l’entraînement, comme les stages en altitude qui me fatiguaient énormément, et, en le disant, peut-être que cela aurait été différent. Je regrette aussi d’avoir été rarement à mon meilleur niveau en coupe du monde à cause de mes questionnements et du manque d’énergie en découlant. J’aurais aimé voir ce que j’aurais pu donner avec tous mes moyens en coupe du monde ! Il y a un petit regret de ne pas avoir fait de podium individuel, mais tout cela était ma manière de fonctionner.
- Retenez-vous en premier toutes les rencontres et les moments passés en équipe ?
C’est exactement cela ! Tous les relais réalisés avec le club, le comité et l’équipe de France, ce sont des moments incroyables. En stage, on passait de bons moments, d’autant qu’on était toute l’année ensemble. Ce sont forcément des moments qui marquent !
- Vous étiez la figure du ski de fond dans le Jura : comment voyez-vous la suite dans le comité ?
Il y a souvent eu des jeunes, bons chez les juniors, qui ont arrêté tôt dans le Jura. Je ne sais pas pourquoi, mais on n’arrive pas à garder les talents. Cette année, Rémi Bourdin et Eve-Ondine Duchaufour sont en équipe de France, mais il n’y en a jamais plus comme en Haute-Savoie. C’est peut-être cela qui manque, de la densité. Si un jour, je peux retransmettre mon expérience via le comité, ce sera avec plaisir.
- D’ailleurs, de quoi sera fait votre avenir ?
J’ai beaucoup aimé faire moniteur l’hiver dernier. J’adore transmettre et le coaching, mais je ne sais pas si je vais y aller tout de suite. J’ai besoin de faire un petit break. J’adore enseigner, on m’a d’ailleurs souvent dit que j’étais fait pour cela ! Je m’épanouis vraiment là-dedans et si, plus tard, je peux coacher pour éviter à des jeunes de faire mes erreurs, ce sera top.
- Dans votre post Instagram, vous avez expliqué vouloir découvrir d’autres sports : quels sont-ils ?
J’adore le tennis, je m’y met actuellement en tournoi ! Sinon, j’aime bien le vélo et la course à pied, des sports d’endurance comme le ski de fond. Il y a moyen de bien s’amuser là-dedans !
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