SKI DE FOND – Guillaume Bonnafond, le manager du team Jobstation, annonce, en exclusivité à Nordic Magazine, le non-engagement de l’équipe l’hiver prochain sur le circuit Visma Ski Classics. Un crève cœur.
Il y a quelques semaines, nous vous annoncions la perte par le team Jobstation de son principal partenaire. Guillaume Bonnafond, le manager de l’équipe française professionnelle de ski de fond, était donc en recherche de nouveaux soutiens financiers. Une peine perdue, selon l’ancien cycliste d’AG2R-La Mondiale et de Cofidis : « On espérait toucher des partenaires mais c’est trop court pour eux pour s’engager sur des montants aussi importants. Notre projet a intéressé, il est cohérent. Mais aujourd’hui, on n’a pas eu de suites concrètes qui nous permettent d’envisager une suite. »
« On avait une équipe qui pouvait remporter des épreuves »
Pas d’équipe française en Visma l’hiver prochain
La deadline pour les inscriptions en Visma Ski Classics étant fixée dans une quinzaine de jours, le team Jobstation n’y sera pas l’hiver prochain. « C’est un peu dommage. On avait une équipe qui pouvait jouer le top 5, voire s’approcher du podium. On pouvait remporter des épreuves, rappelle Bonnafond. On avait une équipe qui, en matière de médiatisation et de performance, était dans le jeu. C’est cela qui est un peu dommage. »
« Il y avait plein de choses intéressantes à faire »
Pour le Drômois, le non-engagement de son équipe dans le circuit privé de ski de fond longue distance est également une mauvaise nouvelle pour celui-ci. « Même pour la Visma, une lutte entre Scandinaves, ce n’est pas bon. On était conscients qu’avec notre équipe cosmopolite composée d’un amalgame de fondeurs d’expériences et jeunes il y avait plein de choses intéressantes à faire. Jean-Marc (Gaillard), par exemple, allait venir de temps en temps avant de s’investir à plein temps l’hiver d’après. »
En juin dernier, Nordic Magazine avait suivi l’équipe de Guillaume Bonnafond – et ses recrues stars – à l’entraînement.
Les fondeurs libérés
Malheureusement, qui dit fin du projet Jobstation, dit libération des fondeurs du team. « Les athlètes vont prospecter. Les Scandinaves n’auront pas de soucis, ils vont retourner dans un team scandinave. Le problème, c’est pour des gens comme Bastien Poirrier ou Thomas Chambellant, s’inquiète l’ancien protégé de Vincent Lavenu chez AG2R. Ils étaient motivés, au travail mais ils n’ont pas de passé dans la longue distance. Ils auront du mal à trouver un team qui les engage dans le circuit. C’est peut-être la fin pour eux… »
« Un team français sur la Visma, c’est presque obligatoire »
Pour l’avenir, Guillaume Bonnafond pense qu’il est indispensable que des équipes françaises soient engagées en Visma Ski Classics – maintenant que la FIS Worldloppet Cup, apanage tricolore, s’est sabordée. « Je pense que le ski en France, c’est quelque chose d’important. On a les massifs, les pratiquants et ne pas avoir d’équipe à haut niveau c’est dommage. »
« Les acteurs français du nordique n’investissent pas dans le ski nordique »
« Le réel problème que j’ai eu dans ma recherche de partenaires, c’est que les acteurs français du nordique n’investissent pas vraiment dans le ski nordique, retrace Bonnafond. C’est la grande différence avec les pays scandinaves. C’est très compliqué pour nous »
« Tout était ficelé… »
Le retraité des courses cyclistes depuis la fin de l’année 2018 est aussi revenu sur les raisons qui poussent Jobstation à se retirer.
« Tout était ficelé, commence-t-il. C’est juste Guilhem [Dufaure de Lajarte, CEO de D2L Group, maison mère de Jobstation, ndlr.] qui ne peut pas mettre l’argent qu’il pensait pouvoir mettre et ça bloque tout. On avait un budget équivalant aux autres années, je ne l’avais pas explosé avec le recrutement de l’été. On avait bien remanié des choses, c’est dommage », regrette le manager de la défunte équipe.