Ski nordique : un an de conflit plus tard, Nordic Magazine dresse le bilan
Le 24 février 2023 marque le premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Un an de guerre brutale, de souffrance et pertes humaines et de destruction. Dans le monde du ski nordique, les impacts de ce conflit ne sont pas moindres et continuent d’exister. Retour sur une année dans le nordique qui a connu de multiples rebondissements au fil des mois.
Les Ukrainiens ont retrouvé le compétition
Dévoués pour leur pays, les athlètes ukrainiens avaient mis entre parenthèse leur carrière de sportif pour prendre les armes. Ainsi, des biathlètes comme Dmytro Pidruchnyi, Khrystyna Dmytrenko ou le combiné Dmytro Mazurchuk se sont retrouvés au front face à l’armée russe. De longs mois de combat plus tard, ces derniers ont été libérés de leurs obligations grâce au soutien précieux du Ministère des Sports. Ce sont six hommes et six femmes qui retrouvent peu à peu le chemin de l’entraînement.
Médaillé de bronze aux Mondiaux juniors de Ruhpolding (Allemagne) de rollerski, Vitalii Mandzyn offre un petit rayon de soleil à tout un peuple. Cinquième du sprint des championnats du monde de biathlon d’Oberhof (Allemagne) le 11 février dernier, Dmytro Pidruchnyi impressionne et tout cela seulement quelques mois après avoir quitté le front.
Privés de leurs infrastructures, détruites par les bombardements, les Ukrainiens ont voyagé à travers l’Europe pour s’entraîner comme à Oberhof (Allemagne) l’été dernier. Mais soutenu par quelques fédérations comme la Norvège ou des pays comme la Slovénie qui a accueilli des membres à bras ouverts à Pokljuka, ils ont pu retrouver leur meilleur niveau et exister dans leurs disciplines respectives.
L’IBU (Union internationale de biathlon) y a également mis du sien en lançant une vente aux enchères pour récolter les fonds nécessaires à la reconstruction du centre de biathlon de Tchernihiv, détruit par les bombes. Une véritable force de caractère qui leur permet aujourd’hui de continuer leur carrière « normalement ».
La Norvège ne lâche pas l’affaire
Fermement opposés à un retour des Russes sur les circuits internationaux au moment du déclenchement de la guerre, les Norvégiens n’ont pas changé de position. A commencer par le numéro un mondial en ski de fond, Johannes Hoesflot Klæbo. En effet, le Scandinave avait même menacé la FIS de boycotter le reste des compétitions si les Russes y participaient.
Réticents à l’idée d’exclure ces athlètes des compétitions, les dirigeants de la Fédération Internationale de Ski (FIS) ont fait machine arrière. Mis sous pression par une grande majorité des Norvégiens, ils avaient finalement refusé l’accès aux compétitions aux Russes. Décision qui est encore d’actualité à l’heure où nous publions cet article.
En témoigne la prise de parole de Michel Vion, secrétaire générale à la FIS : « La réintégration pourrait être rapide », disait-il en septembre à l’issue du Forum Nordicum organisé à Kranjska Gora (Slovénie). Dans des propos relayés par Bild, il allait même plus loin en évoquant un retour possible dès le mois de décembre.
Au micro de nos confrères norvégiens de Nettavisen, l’ancien président de la Fédération française de ski (FFS), avait rapidement fait machine arrière tant ses propos avaient pris de l’ampleur : « J’ai dit quelque chose que je n’aurais pas dû dire, indique-t-il. C’était une erreur de dire cela, je regrette. C’est un gros malentendu parce que ce n’était pas mon rôle de le faire ».
Et dès que le sujet revient sur la table, les réactions tombent à la pelle : un an après, il n’est toujours pas question, pour les Norvégiens et d’autres nations, de revoir les Russes concourir sur les circuits. Une opposition qui pèse et qui influe un peu plus à chaque prise de décision.
Même le Comité international olympique (CIO) a bien tenté d’évoquer une éventuelle réintégration des sportifs russes mais rien n’y fait. Cette fois-ci, ce sont les Ukrainiens qui s’y sont fermement opposés.
Où en sont les Russes ?
Désormais expulsés depuis près d’un an des coupes du monde ou autres circuits internationaux, les Russes n’ont pas pour autant cesser de pratiquer leur sport. En effet, les athlètes s’affrontent sur une coupe de Russie au « très haut niveau » selon Elena Välbe, présidente de la Fédération russe de ski de compétition. Ainsi, Alexander Bolshunov et ses compatriotes peuvent toujours prendre part à des compétitions mais sur leur territoire ou en Biélorussie. Les télévisions nationales n’ont par contre pas trouvé important de diffuser ces coupes de Russie et les athlètes tombent peu à peu dans l’oubli.
Lâchés par de nombreux sponsors qui ne souhaitaient plus associer leurs noms à des sportifs du régime de Vladimir Poutine, les Russes peinent à trouver les fonds nécessaires pour disputer l’entièreté d’une saison. Après avoir été aperçu à des meetings ou encore en postant sur Instagram des photos de lui en tenue de l’Union Soviétique de 1980 qui envahissait l’Afghanistan à cette époque, Alexander Bolshunov s’est attiré les foudres de ses sponsors. Rossignol, Kinetixx ou encore Brav ont rompu les contrats les liant avec le Russe. Mais le 24 avril dernier, le triple champion olympique n’avait pas assisté à la réception au Kremlin des athlètes médaillés par le président. Peut être un signe que ce dernier ne se range pas totalement aux côtés de son gouvernement.
Avec l’absence de la Russie des compétitions nordiques, les cartes ont été rabattues. En biathlon, des places se sont libérées et les Françaises ont parfaitement su s’y engouffrer. En ski de fond, la donne est différente. Les Norvégiens, fervents opposants à un retour des Russes, scrutent les places du top 10 régulièrement cette saison. Une domination qui peut nuire à la discipline si la concurrence ne peut pas lutter.
A lire aussi
Les cinq dernières infos
- Soudain, la biathlète a croisé un ours et a cru mourir
- Saut à ski : la vie américaine de Ryoyu Kobayashi
- JOJ 2024 : la Norvège a sélectionné ses biathlètes pour Gangwon
- Ski de fond | « C’est vraiment une chance d’être dans ce groupe » : la Vosgienne Clémence Didierlaurent savoure son arrivée en équipe de France relève
- Biathlon : Simon Desthieux et Célia Aymonier se sont dit « oui »