SKIERG – Antoine Auger, pas encore remis de son 100 kilomètres historique, s’est livré en exclusivité à Nordic Magazine.
Quelques minutes après s’être écroulé à terre suite à son chrono record sur le 100 kilomètres en Skierge, Antoine Auger, membre du e-Liberty Ski Team, a pris l’appel téléphonique de Nordic Magazine. Le fondeur vainqueur de la Transju’Classic 2018, revient sur ce défi insensé qu’il s’est fixé il y a quelques jours.
Le record du monde du 100 kilomètres en Skierg (6 heures 43 minutes 32 secondes) : « Le pire effort que j’ai jamais fait »
« Ça m’a démonté. Ce n’est pas du tout comme le ski parce que tu es constamment en prise. Le problème, c’est que la tête ne fait que monter et descendre. C’est comme si j’étais dans un tourniquet. Sur la fin, j’ai pris des pauses parce que j’avais le tournis. Ma tête tournait tellement que je me sentais mal. J’ai donné le maximum à la fin. Je n’ai pas l’habitude de me mettre à terre mais là, ça faisait une heure que je me disais »vivement que ça se termine. » C’était assez horrible. C’est le pire effort que j’ai jamais fait en simulation de poussée simultanée. La Vasaloppet, c’est 90 kilomètres, soit un effort proche de celui-là mais, en faite, il y a tout ce qui est schuss et plats descendants pour récupérer. Là, c’est une machine qui demande beaucoup de puissance et il faut tout le temps forcer pour avancer. C’est l’enfer. »
La gestion de l’effort : « Je savais que ça allait être long… »
« Je pensais aller à peine plus vite, mais les petites pauses m’ont fait perdre un petit peu de temps. Je suis à une minute près de mon objectif. Je n’avais pas trop de repères, donc je suis parti un peu vite. La première heure et demie, je répondais pas mal aux questions sur le Live Facebook, j’étais dans l’euphorie. J’ai perdu un peu d’énergie mais, ensuite, j’ai bien géré mon effort. Les commentaires, c’était très motivant. Mes proches étaient aussi là pour me soutenir, ça aidait beaucoup et puis écouter de la musique que j’aime m’a aussi aidé. Je suis content de battre le record de 30 minutes en optimisant les pauses : boire et manger le plus vite possible. C’était une allure moyenne à garder. Je me suis pas mal amusé sur le début avec des passages de 10 minutes vraiment plus forts pour prendre un peu d’avance. Je pense que je l’ai un peu payé. Je ne regrette rien parce que je n’avais pas de stratégie définie. Je savais juste que ça allait être long. Le tournis, je n’y étais pas prêt. »
L’objectif de ce 100 kilomètres : « Un hommage au personnel soignant qui travaille »
« Le but était de montrer que les athlètes de haut niveau pouvaient s’entraîner chez eux malgré le confinement. En tant que skieurs de fond, nos objectifs sont maintenant très éloignés dans le temps. Pour la forme, même faire seulement une heure de cette machine, permet de garder une certaine qualité physique. Sur le chat, Quentin Fillon-Maillet a mis un petit message en disant qu’il en avait fait ce matin. C’est aussi une manière de montrer que l’on respecte les lois et un hommage au personnel soignant qui travaille. C’est du respect envers eux et envers les gens pour qui c’est difficile en ce moment. Quand on est adepte de challenges comme moi, c’était un sacré objectif. Seul, je ne l’aurais jamais fait. »
L’homologation du record : « J’avais des poignets de ski de fond… »
« Je vais envoyer la vidéo à la marque [Skierg] pour savoir s’ils valident ou non mon record. J’espère que j’ai tout respecté, j’ai fais le maximum. L’écran a été filmé du début à la fin. Sur mon Skierg, il y avait des poignets de ski de fond. C’est le point où j’ai un petit doute. On verra s’ils valident… C’est possible qu’ils disent qu’il faut le rameur de base. Tant pis, pour moi c’est le record ! »
L’envie de s’attaquer à ce record : « Finir cette saison étrange par un challenge étrange »
« Ça fait bien deux semaines que j’ai décidé de tenter ce record. Au départ, je devais aller faire une course de 220 kilomètres sur le cercle polaire, la Red Bull Nordenskioldloppet. Comme elle a été annulée et que j’avais encore la forme, je me suis dit que je faisais un dernier effort avant de couper un mois. Je voulais finir cette saison étrange par un challenge étrange. J’ai l’impression que c’est la mode en ce moment… Des Norvégiens [Anders Auckland et Joar Thele, ndlr.] ont fait 321 kilomètres cette semaine ! C’est super pour notre sport. Les gens ont de la bonne énergie. Si j’ai réussi à motiver quelqu’un en faisant ça, c’est vraiment top. »
Photos / Vidéo : Antoine Auger.