SKI DE FOND – « Historique » Le mot a été employé à plusieurs reprises au cours de l’hiver. Les sprinteurs ont pris l’habitude de faire mieux que leurs aïeux. Baptiste Gros, 4e du classement général de la coupe du monde de sprint, est même allé cueillir une victoire.
Mais quel hiver ! Les sprinteurs français en ont (presque) fini avec l’hiver et les poneys vont rentrer à l’écurie des exploits plein les yeux. Leur entraîneur, Cyril Burdet, va pouvoir clouer sur les poutres les trophées rapportés, comme l’éleveur de tarines de retour du Salon de l’Agriculture.
Si l’Italien Federico Pellegrino a remporté le petit globe de cristal de la spécialité — une première historique, puisqu’il ne s’agit ni d’un Norvégien, ni d’un Suédois — à la (nouvelle) barbe de l’ogre Northug, un tricolore a réussi l’exploit de se classer à la quatrième place du classement général. Devant Brandsdal, Ustiugov ou encore Hattestad.
Nul doute que Baptiste Gros a droit à une belle et imposante statue à Annecy, aux côtés de Claude Louis Berthollet. Avant lui, aucun Français n’avait gagné un sprint en coupe du monde. Ce manque a été comblé lors de la troisième étape du Ski Tour Canada, à Québec.
Avant cela, le Haut-Savoyard avait déjà pris de l’altitude sur la boîte, sans toutefois atteindre le sommet. A Davos, le sprint avait été enlevé par l’Italien Federico Pellegrino. Mais le Haut-Savoyard Baptiste Gros avait de nouveau montré ses muscles à l’élite mondiale. Il avait fini à la 2e place.
Déjà, c’était du jamais vu pour un bleu-blanc-rouge. « Venir chercher cette deuxième place sur le finish, avec toute l’équipe qui attendait juste à côté de l’arrivée, c’était incroyablement grisant », confiait-il plus tard.
Le tout nouveau champion de France n’a pas voulu s’arrêter en si bon chemin. A Stockholm, il prenait la 5e place du sprint classique de Stockholm et égalait, sur ce format, la meilleure performance d’un Français signée par le Jurassien Cyril Miranda il y a 8 ans. La machine était en marche…
Mais le succès des poneys chers à Cyril Gaillard n’est pas individuel. C’est une chevauchée collective. Et c’est cette dimension qui en fait toute la saveur. L’étape de Planica restera, à ce titre, exemplaire. Dans un week-end « full sprint », quatre marches du podium sur six ont été foulées par des Frenchies. On a même vu deux bleus, Baptiste Gros et Richard Jouve, entourer un Federico Pellegrino triomphant. Le lendemain, l’équipe de France doublait la mise, et c’était quatre de ses membres – les binômes Baptiste Gros/Renaud Jay (15e du classement général) et Richard Jouve/Valentin Chauvin (dont c’était la première participation en coupe du monde) – qui entraient dans le top 3 du team sprint.
A Gatineau, en ouverture du Ski Tour Canada, c’était Richard Jouve qui décrochait son troisième podium individuel en coupe du monde, à seulement 21 ans !
Depuis l’automne, quelques chutes ont empêché les hommes de Cyril Burdet de mieux faire. Preuve que la classe peut mieux faire. On pense à Lucas Chanavat notamment qui a eu à manger de la neige. Mais ce dernier ne rentre pas à la maison bredouille. Il a décroché l’or dans le sprint libre des Mondiaux U23 de Rasnov. Le bronze est revenu à Jean Tiberghien. C’est dire si la récolte a été globalement bonne (et l’on ne parle pas ici de l’OPA de Planica).
On aurait dû se méfier et s’attendre à tant d’émotions. Sous le ciel bleu norvégien de Beitostolen, en novembre, Baptiste Gros et Lucas Chanavat avaient été jusqu’en demi-finale dans un sprint classique à la finale 100% norvégienne. De bon augure.
Depuis mardi soir (heure française), on sait que les Poneys ont fait des émules dans le troupeau gardé par François Faivre. Maurice Manificat a fini à la troisième place du sprint classique — encore une première historique pour le fond français. « Cet homme étrange conçu à base de caisse à l’état pur (aussi surnommé Maurice Manificat) vient de nous offrir une énorme leçon de sprint ! Sans le physique, les dents longues n’étaient pas suffisantes aujourd’hui. Je sors en quart de finale de ce sprint amoché par ces 5 dernières étapes (22e). Maintenant il va falloir traîner la grosse carcasse de sprinteur sur les 60 km qui nous séparent de la fin du tour pour mériter la fin de saison », a rendu hommage Baptiste Gros sur les réseaux sociaux.
Le grand ouest canadien aura certainement donné des idées de grandeur à un groupe décomplexé depuis Sochi et Falun.
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Photos : Agence Zoom, André-Olivier Lyra, Ski Tour Canada et Pam Doyle/www.pamdoylephoto.com