Vice-champion olympique de combiné nordique à Albertville en 1992, Sylvain Guillaume revient sur l’épreuve de combiné nordique sur le grand tremplin et estime que Jason Lamy Chappuis a manqué d’un peu de fraîcheur mentale. Rien d’alarmant pour l’épreuve par équipe où il est convaincu que la France, avec le champion olympique 2010, Laheurte, Lacroix et Braud, peut aller chercher une médaille.
La médaille est possible
Même s’ils sont champions du monde en titre et qu’ils ont fait 2e de la dernière compétition par équipe, ce sont des outsiders. Je vois deux grosses nations devant l’Allemagne et la Norvège. Derrière, le podium va être très disputé. Les Français savent gérer ce genre de situations, de compétitions. La difficulté va être de bien se mobiliser pour l’équipe et s’oublier soi-même. Sur cette épreuve clairement, ils n’ont rien à perdre. Ils doivent l’aborder sans aucun complexe car il y a de la place sur le podium. A part l’Autriche, je vois mal qui pourrait venir contester les contester, peut-être aussi les Japonais mais leur équipe ne semble pas homogène avec un (Kato Taihei, ndlr) qui a tapé sur le grand tremplin, ou les Etats-Unis. Je le répète, il y a une vrai opportunité à saisir surtout qu’en fond, là c’est 5 km pas 10 et sur ce genre de distance les Français sont capables de se dépouiller. Tout est remis à plat. La clé, ce sera le saut.
Il nous faudra sortir le saut car si on est derrière ça va être dur de reprendre du temps. En revanche, si on se retrouve au contact à la fin, ça peut rigoler. Le plan, c’est : 1. Arriver à prendre de l’avance au saut et être devant, 2. Bien gérer la course de fond pour faire partir Jason avec le groupe. Or, Jason c’est un finisseur…
Jason, un peu juste
C’est dommage pour mardi. Il fait un bon concours de saut comme il fallait mais il lui manque un peu les jambes sur la fin. Je pense que c’est aussi dû à une petite fatigue mentale avec tout ce qui s’est passé, un manque de fraîcheur mentale car on est aux Jeux olympiques et physiquement il doit être prêt. Il y a un certain nombre de facteurs qu’on peut prendre en compte entre ses résultats, la pression médiatique et personnelle. La différence se fait aussi là dans ces forces laissées à côté et qui lui manquent, peut-être, pour terminer correctement. Il a tenu le groupe mais quand il a fallu un peu plus de nique, au moins autant que les autres, il ne l’avait plus. Après, c’est une course qui ne se joue à rien où Jason finit avec le groupe devant.
Le saut fait défaut
Il aurait fallu que François Braud saute bien car il fait une belle course de fond… C’est toute la complexité du combiné et sa difficulté à parvenir à combiner bon saut et bon ski de fond. Même s’il fait sa meilleure course de l’hiver sur les skis, il se manque sur son saut.
C’est un peu le même problème pour Sébastien (Lacroix). Techniquement au saut, il n’est pas si mal mais il manque de jambes, de relâchement et de confiance en lui après un hiver perturbé. Or quand on arrive aux Jeux sans confiance, c’est rarement là où on se révèle. En fond, on sent du mieux mais si on analyse ce n’est pas encore ça. C’est toujours difficile quand on revient de maladie comme lui. Il y a tout un état d’esprit qui se met en place derrière : en saut, on est moyen, la première course de fond on la fait un peu malade… Il n’y a pas de miracle.
Max (Laheurte), lui, était un peu malade et je soupçonne qu’il ait voulu se réserver un peu pour le par équipe.
Tensions allemandes
Les Allemands ont une densité impressionnante. Cependant, je pense qu’après le grand tremplin, ça a dû gueuler dans l’hôtel. Ils arrivent à 3 dans le dernier virage, tout ça pour se rentrer dedans et laisser passer un Norvégien… Au lieu de faire 2 et 3, ils ne font que 3… Ils n’ont pas été bons sur ce coup-là et de fait l’ambiance entre eux ne doit pas être terrible. Malgré ça, ils devraient bien figurer demain mais ce n’est pas idéal et ça pourrait jouer contre eux. Kircheisen, par exemple, doit se sentir particulièrement lésé car il la jouait la médaille et il la perd dans cette affaire avec les deux autres qui viennent le tamponner de derrière.
Frenzel ?
Concernant Frenzel, je ne me fais pas trop de soucis. Il fallait qu’il récupère après son titre olympique et les sollicitations qui l’ont suivi. Je pense qu’il a dû aussi décompresser un peu, ce qui paraît logique. Sur l’épreuve d’aujourd’hui, il va encore sortir un super saut, envoyer du gros et montrer qu’il est bien là. Puis 5 km de fond, il va les tenir sans problème aussi.
Neige favorable pour les Norvégiens
Le truc avec les Norvégiens, c’est que la neige a changé de texture avec les jours précédents. Là, on a retrouvé des neiges plus abrasives, plus classiques qu’ils connaissent mieux alors qu’au début, c’était des neiges plus sales, bref de la mauvaise neige. A présent, ils ont trouvé la bonne formule. Attention à eux, s’ils réussissent le saut ! S’ils réussissent, ce seront de très gros clients pour la médaille d’or. La lutte avec les Allemands promet d’être sacrément serrée car ces deux équipes se valent : Frenzel vaut un Klemetsen et encore il est meilleur en ce moment, Moan est aussi bon que Riessel, Graabak saute mieux que Kircheisen mais va moins vite sur les skis.