CHRONIQUE – Tous les athlètes redoutent de tomber dans La Maille de son filet. Chaque jeudi, Clément Mailler ne les épargne pas quand il s’agit de leur poser les bonnes questions. Point d’échappatoire pour eux : ils doivent répondre. Victime du jour : Toni Livers.
« Un peu malade dans la tête oui ! » comme dit l’homme qui ne s’arrête jamais de faire des courses et qui est toujours au top. Il a goûté à la culture française à ses dépens dans une équipe atypique et a découvert une autre mentalité. Toni Livers répond avec un français parfait et une pointe d’accent suisse, traduit mots pour mots, à tous les traquas qu’il a pu connaître de l’autre côté de la frontière.
- Tu es la personne qui a le plus souvent le sourire aux lèvres, même en course. Est-ce que tu peux être méchant ?
Tu ne m’as jamais vu méchant ?
- Non je n’ai pas le souvenir. Une fois en colère c’est tout.
Ah oui des fois ça arrive ! Quand je suis déçu, plus de moi-même, mais ça peut arriver. Mais les dix minutes ou un quart d’heure après la course, c’est mieux de me laisser tranquille (rires) Et après ça revient, les émotions se calment.
- Tu as gagné le trophée du classement général de la Worldloppet en même temps que tu as supporté au quotidien tes coéquipiers français du Team Jobstation Rossignol. C’est quoi le plus lourd ?
Oui mais je dis toujours que c’est moi qui ai réussi à gagner mais on a réussi à gagner comme « team », toute l’équipe. L’hiver on a tout fait ensemble et l’été j’ai fait plusieurs stages avec vous. On avait un bon groupe et une bonne ambiance ; on a fait une peu des bêtises mais toujours bonne ambiance (rires) !
- Lors des stages que tu as fait avec le Team, les séances d’entraînements étaient plus cool et « fun » qu’avec les suisses. C’est une bonne chose ou c’est énervant ?
C’est sûr pour moi j’ai dû apprendre, c’est une autre mentalité. On pense différemment (rires) ! Mais si tu trouves une bonne ligne entre la bonne ambiance et le travail, il ne faut pas être seulement sérieux ou trop compliqué. Travailler bien avec une ambiance de plaisir et de joie.
- Tu fais attention à tous les détails dans ta performance en à l’entraînement, sur le matériel, l’hygiène de vie… c’est dur de s’adapter « à la française » ?
Non ce n’était pas dur parce que même si au début ce n’était pas très « strict » et « sérieux », dès que l’hiver approche on était toujours très sérieux, à l’heure,… beaucoup plus comme j’étais habitué avant ! (rires)
- C’est quoi le défaut de tes coéquipiers français que tu détestes le plus ?
Peut-être que c’était… on était un bon groupe mais avec des individualités différentes. Comme par exemple le soir on décide de faire ça ou ça, et le matin on arrive pour l’entraînement et il y en a 4 qui font autre chose (rires) ! « moi je fais ça… » ; « moi je pars là »… ça c’était le pire oui !
- Tu as connu une période où tu avais un salaire français. C’était la crise ?
(rires) Non c’était intéressant parce que c’était toujours un plus, même avec les impôts et tout ça ! Non pour moi c’était top d’avoir un salaire, et c’était un salaire correct parce que nous aussi les skieurs en Suisse on n’a pas tous un gros salaire.
- Si la prime de course était ton poids en chocolat Ovomaltine, tu restes affûté ou tu essayes de grossir de quelques kilos ?
(rires) Euh… l’Ovomaltine c’est top à manger mais après quand tu en as eu 75 kilos… (rires) Non l’Ovomaltine il faut en prendre toujours un peu mais jamais trop. Trop tu n’avances plus, et ça c’est le pire !
- Tu as la particularité de parler très bien plusieurs langues… mais avec un bon accent suisse allemand ! Est-ce qu’on te le reproche ?
Ah si si ils disent ! Mais bon ils sont contents aussi que je parle leur langue. Mais de temps en temps avec ceux qui me connaissent un peu plus, ils me font des petites remarques que l’accent n’est pas parfait (rires) ! Mais bon c’est normal hein ! C’est toujours gentil. Les gens sont toujours contents que je parle en français car il n’y en a pas beaucoup qui parlent allemand.
- Tu fais toujours beaucoup de courses, tu ne t’arrêtes jamais. Tu penses que tu es plus passionné que les autres ou c’est une maladie ?
Un peu malade dans la tête oui (rires) !!! Et non… c’est que j’aime bien courir. J’aime faire les courses de coupe du monde, j’aime aussi bien faire les courses de longue distance, et si on veut faire les deux c’est compliqué. Il faut courir plus ! Je pense que les courses populaires c’est quelque chose de différent et ça me donne vraiment du plaisir et quelque chose en plus. Ce n’est pas complètement sérieux mais c’est sérieux quand même, ou comment tu dis ? C’est différent l’ambiance.
- Aussi tu es toujours bon, même si tu ne gagnes pas tu n’es jamais à la rue. Est-ce que tu es prêt à partager ton secret ?
Ah je ne sais pas trop hein ! C’est important de récupérer plus ou moins vite ou bien. Une course pour moi c’est toujours une aventure, c’est pas de stress. Si tu vas avec un autre groupe, comme j’ai pu faire avec le team (ndlm : le team Jobstation Rossignol) tu vois d’autres gens et tu rigoles avec eux… puis tu retournes avec l’équipe suisse et il y a d’autres gens qui passent encore… ce n’est pas que « je dois » aller, mais que « je peux ».
- Tu as aussi gagné une coupe du monde à Davos à égalité avec Vincent Vittoz. Une victoire partagée c’est une victoire quand même ou ça gâche un peu le plaisir ?
Non non c’était énorme pour moi de pouvoir gagner ! C’est partagé mais c’était le plaisir aussi, je n’ai jamais pensé une seconde que c’était moins bien partagé.
- Et enfin, tu penses à quoi là tout de suite ?
À manger ! (rires) On a parlé de l’Ovomaltine alors bon… (rires)