SKI DE FOND – Les 3 et 4 mars prochains, la Traversée du Vercors en ski de fond, la Trans’Vercors, fêtera ses 50 ans. Cette course de longue distance sur les hauts plateaux du massif a marqué l’histoire.
Sur le parcours qui relie le Col de Rousset à Corrençon, c’est le 18 mars 1968 que les fondeurs, par équipes de deux, se lancent pour la première course de longue distance française : la Trans’Vercors.
En fait, tout a commencé quatre ans plus tôt quand Claude Terraz, natif du Jura, a chaussé ses skis de fond pour rejoindre le GR 91 au départ de Corrençon avec la volonté de découvrir les étendues sauvages des hauts plateaux du Vercors, ensevelis sous un épais manteau blanc. Il dira : « De grands paysages inconnus défilaient sous mes spatules, le terrain vallonné rendait propice mes ébats libres et légers. »
Pionnier du nordique
Très vite, l’idée d’une compétition germe dans l’esprit de l’homme qui fait figure de pionnier du nordique en France. En effet, le Franc-comtois est sans cesse à la recherche de nouveautés dans ce sport qui le passionne. Neuvième du circuit WorldLoppet à cette époque, il puise dans son expérience de coureur et s’inspire des courses étrangères comme celles organisées en Suisse ou encore en Suède avec la Vasaloppet. Il écrit d’ailleurs le livre : De Vercors en Vasa, qui est le premier ouvrage publié en France sur le sujet.
Son projet prend forme quelques années plus tard. Il a le soutien de Louis Juppet, du CAF de Grenoble, et de Bernard Salomon, eux aussi grands inconditionnels du Vercors, ainsi que de Gérald Taylor qui parcourt déjà cette « petite Laponie française » en chiens de traîneau.
Damage aux pieds
En 1968, l’appui des stations du Vercors, du comité du Dauphiné et de la Fédération française de ski a conforté les trois hommes dans leur souhait d’organiser cette année là la fameuse « première ».
L’organisation de la Trans’Vercors se met peu à peu en place. C’est un damage aux pieds qui est effectué sur le parcours, des lambeaux de vieilles chemises qui sont disposés sur les arbres pour faire once de balisage en cas de brouillard avec quelques fanions de couleur.
Plusieurs ravitaillements sont également disposés le long de la piste dans les cabanes de bergers qui jalonnent le parcours. Le 18 mars, tout est prêt. La météo est clémente et les contrôleurs sont en place.
Après un fartage « klyster » dans l’ancien tunnel de Rousset, René Delacroix donne à 9 heures le départ de la Trans’Vercors à 49 équipes de deux coureurs. D’après la légende, les chronométreurs se font même surprendre à l’arrivée car ils n’attendaient pas aussi vite les premiers concurrents : 2 heures et 30 minutes au lieu des 4 heures estimées. La première longue distance française était née.
2000 participants
Cette course prendra de l’ampleur au l des années. Dix ans après cette première expérience, les refuges sont bondés, le monde afflue le long du parcours, le damage est devenu mécanique, des liaisons radios renseignent les spectateurs, un hélicoptère survole même les 2 000 participants.
La Trans’Vercors donnera naissance à d’autres courses de ce type en France. De nos jours, à l’instar de nombreuses courses populaires, elle tente de retrouver sa renommée passée. Elle espère remplir à jamais le but premier de Claude Terraz : « Rassembler dans une même épreuve des fondeurs de tous niveaux et se servir de la motivation créée par ces rassemblements populaires pour découvrir de nouveaux sites nordiques en France. »
Le programme
Ce week-end, trois formats sont au programme de la Trans’Vercors 2018 :
- le samedi, 35 km en style classique entre le Col de Rousset et Herbouilly.
- le dimanche, le fameux 53 km en style libre, par équipes de 2, entre le Col du Rousset et Bois Barbu (Villard-de-Lans).
- le dimanche, une rando transgénérationnelle par équipes
de 2 à 6 entre Herbouilly et Bois Barbu
Photo : Trans’Vercors