Quand une biathlète ukrainienne s’adresse au peuple russe sur le compte Instagram d’Erik Lesser
Anastasiya Merkushyna est une biathlète ukrainienne. Depuis ce matin, elle témoigne de la guerre qui ravage son pays sur les réseaux sociaux. Mais elle ne s’exprime pas dans sa langue. Elle parle en Russe, car elle s’adresse directement à la population du pays dont l’armée a envahi l’Ukraine depuis le 24 février et qui est confronté à la désinformation orchestrée par le Kremlin.
« Je veux vous montrer la guerre avec mes propres yeux », leur dit la jeune femme de 27 ans, qui est originaire de Soumy, une ville située à 30 km de la frontière russe. Selon les autorités locales, citées vendredi soir par France Info, la situation y est « critique ».
En quatre heures, elle a déjà publié trois messages sur Instagram. Mais elle ne communique pas sur son propre compte, où elle ne possède que 1800 abonnés. L’Allemand Erik Lesser, qui a annoncé mettre fin à sa carrière cette semaine, l’héberge. Son audience est dès lors multipliée par soixante puisque 108 000 personnes suivent le champion du monde de la poursuite en 2015 et médaillé d’argent de l’individuel aux Jeux olympiques d’hiver de 2014.
« Merci Erik de m’avoir donné ton compte pour dire au monde la vérité », écrit-elle.
Membre important du relais féminin ukrainien, quadruple médaillée mondiale avec ses coéquipières, elle a demandé à une proche de prendre des photos de ce qu’elle vit sur la ligne de front. Ce qui peut vite devenir une nouvelle source d’angoisse : « Je n’ai pas pu appeler mon amie à Tchernihiv pendant trois jours, et quand elle a appelé pour dire qu’elle s’était échappée de cet enfer sur le dernier pont restant, j’ai pleuré de soulagement. La guerre est une chose terrible, c’est la peur, la douleur, la mort, et ce n’est pas une page dans les manuels sur la Seconde Guerre mondiale, c’est la vraie vie », clame-t-elle.
Samedi, elle a publié une photo du biathlète Bogdan Tsymbal qui vit actuellement réfugié dans une cave avec sa femme Anastasiya et leur petit garçon Gregory. « Je n’ai rien à ajouter », lâche la sportive. Difficile, en effet, de ne pas être ému en regardant ce jeune papa allongé avec son bébé né le 2 février dans les bras.
Elle évoque ensuite les pertes humaines dans les troupes russes. « Vos autorités ont amené un crématorium ici, et beaucoup ne verront pas les corps de leurs proches », prévient-elle, en s’adressant directement aux familles des soldats. Les forces armées ukrainiennes ont déclaré, vendredi, que la Russie avait perdu 9 166 hommes depuis le début de son invasion.
Anastasiya Merkushyna veut également mettre les athlètes russes face à leurs responsabilités. Elle n’y va pas par quatre chemins. « Vous savez exactement ce qu’il se passe et vous vous taisez. Votre silence vaut des dizaines de vies », déclare-t-elle. Et de poursuivre ainsi : « Vous êtes en colère contre l’interdiction qui vous est faite de concourir, mais comment pouvez-vous participer à des compétitions, alors que votre pays met des mitrailleuses contre la tempe de nos parents et amis ? »
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