Il y a Steve, grande silhouette un peu lunaire, sourire timide, et main levée ; Alexis, plus petit, plus radieux, qui époussette le ciel avec son bouquet. Et entre eux deux, les cheveux savamment décoiffés, Ted Ligety, giant king, champion olympique après avoir balancé une première manche de marteau-pilon.
Le géant est la discipline la plus terrible du ski alpin. Elle exige la finesse, la force, la puissance et le goût du risque additionnés pour voler d’une porte. C’est un impitoyable condensé de ski à haute vitesse qui couronne les fins skieurs. Retrouver Ted Ligety au sommet du podium avec Steve Missillier et Alexis Pinturault pour assurer sa garde rapprochée est un délice pour tous.
Leurs médailles manquaient à l’équipe de France olympique. Quitter les Jeux sans breloque aurait été une injustice terrible pour les alpins et notamment pour ce groupe technique qui est le plus homogène du monde. Après, les Jeux restent des jeux, avec une part d’inconnu et d’aléas qui, souvent, font le jeu des outsiders.
Une fanny, quatre ans après celle de Vancouver, aurait écorné la jolie sarabande bleue. Parce que, culturellement, le ski alpin est la discipline phare en France, que son poids économique et médiatique est lourd, et que c’est, aussi, avec lui, que l’on a pu bâtir et développer les autres disciplines.
Au fil des jours, la France surfe sur une belle dynamique, impulsée par Martin Fourcade et Jean-Guillaume Béatrix. Avec onze médailles, la génération Sochi a égalé le record de Vancouver et Salt Lake et devrait le battre d’ici dimanche.
Même si le sport n’est relativité et humilité. C’est la leçon donnée magistralement par Pierre Vaultier hier. Le genou tordu, le moral en charpis il y a quelques semaines, il a tenté et gagné un audacieux pari.
C’est celle, aussi, que l’on peut tirer du relais mixte de biathlon ou du team sprint de ski de fond. Des balles perdues, un athlète qui coince et les médailles espérées se dissolvent dans les neiges du Caucase. Le charme des Jeux Olympiques est parfois grinçant et il s’écrit aussi dans les larmes.
On terminera juste la journée avec l’image, plein écran, d’Ole Einar Björndalen, treize fois médaillé aux Jeux Olympiques d’hiver.
Respect… Tout simplement.
Photo : Agence Zoom
