Valentin Gaillard a vécu sa dernière course comme biathlète de haut-niveau lors des championnats de France à Prémanon. Dans un entretien à Nordic Magazine, le Bornandin raconte l’émotion qu’il a ressentie, il explique les raisons de son départ et dévoile ses projets.
Lorsque vous avez franchi la ligne d’arrivée de la mass-start samedi dernier, qu’avez-vous pensé, sachant que c’était votre dernière course en tant que biathlète de haut-niveau ?
Dès que j’ai franchi la ligne, une petite larme s’est mise à couler sous les lunettes. C’était la dernière … après 11 années la carabine au dos une page se tourne. C’était une grande émotion, j’ai forcément pensé à toutes les personnes qui m’ont accompagnées dans ma carrière : coachs, parents, amis… C’est difficile de ranger la carabine pour la dernière fois dans la boîte, mais c’est après un long moment de réflexion et de nouveaux objectifs en tête !
Pourquoi avez-vous décidé d’arrêter à seulement 23 ans ?
Le biathlon est un sport très élitiste. Mon objectif était d’évoluer sur les circuits internationaux, je n’y suis pas parvenu cette année. En dehors de ces courses internationales, les circuits nationaux n’ont rien d’attrayant une fois les années junior terminées : pas de classement général senior, aucun enjeu en dehors des courses de sélections, bref, peu de raisons d’aller sur ce circuit une fois le mois de décembre passé.
Une saison de préparation pour le biathlon représente énormément de sacrifices qui peuvent s’avérer inutiles si vous ne répondez pas présent sur les premiers week-end de course.
Mon meilleur souvenir ? L’IBU Cup au Grand-Bornand.
Quel souvenir a été le plus marquant dans votre vie de biathlète ?
Sans hésiter l’IBU cup du Grand Bornand. J’étais encore junior et je n’ai pas eu des résultats extraordinaires sur ce week-end, mais j’en garde un très bon souvenir ! Courir de telles courses à la maison c’était génial, tous vos amis, votre famille, les gens du village derrière vous sur la piste et au pas de tir, ça donne des ailes !
Et le pire ?
Ma première course aux mondiaux junior de Torsby. Je pars dans les derniers dossards, la neige se met à tomber, plus personne au bord de la piste, un tir à 11/20, une belle galère !
Etre sportif de haut niveau, c’est aussi mettre son corps à l’épreuve. Ainsi, vous avez été victime d’une lésion du ligament croisé postérieur du genou droit à la fin du mois de mai lors d’une chute en vélo. Aujourd’hui que vous tournez la page, vous dites-vous que le jeu en vaut la chandelle ?
Bien sûr ! Je ne regrette à aucun moment les choix que j’ai pu faire jusqu’ici dans ma carrière. Nous avons la chance de pouvoir vivre des choses extraordinaires et les blessures font partie du métier. Nous avons tout de même un sport moins traumatisant que les alpins ou les freestylers ; alors oui, les pépins physiques peuvent arriver mais le jeu en vaut largement la chandelle !
Je me suis fait très peur sur cette chute où j’ai percuté une voiture qui arrivait en face. Tout s’est plutôt bien passé par la suite puisque j’ai réussi à faire la saison entière sans douleur !
Vous faites partie des anciens du team Haute Savoie Nordique (HSN). Qu’est-ce qu’un athlète peut trouver dans une telle organisation ?
Enormément de choses ! Autant sur le plan sportif avec un groupe d’entraînement solide à la maison et sur les stages. Nous avons la chance d’avoir des personnes qui évoluent et performent toute l’année sur les coupes du monde, c’est intéressant de partager des séances avec eux !
Le team apporte également beaucoup sur le plan humain, nous devons gérer tous les aspects qui incombent à une équipe comme la nôtre. La communication, la logistique, la comptabilité, les relations avec les partenaires… Chacun a son rôle dans l’équipe et avance avec l’envie de faire réussir le groupe !
Je vous invite d’ailleurs tous à venir fêter les médailles d’Ivan Perrillat-Boiteux, de Damien Tarantola, le podium en coupe du monde de Baptiste Gros, la victoire de Mathias Wibault à la Transjurassienne … Rendez-vous le 30 avril au Grand-Bornand !
Cette vie de camaraderie ne va-t-elle pas vous manquer ?
Pas pour l’instant, il est question pour moi de poser la carabine, mais pas les skis…
A ce propos, comment avez-vous vécu le fait que vos potes deviennent des adversaires le temps d’une course ?
J’ai du mal à ressentir les athlètes du Team comme des adversaires. En biathlon quand je me suis retrouvé avec Rémi Borgeot sur les courses, on essaye de s’allier plutôt que de se tirer dans les pattes. Il en va de même pour les longues distances où on tend à se rapprocher du fonctionnement d’une équipe de vélo lorsque nous sommes assez nombreux sur la course.
Quand on est Bornardin et biathlète, assister à une coupe du monde à domicile, c’est forcément quelque chose de fort ?
J’ai pu assister au relais féminin, c’était un beau moment, ça m’a rappelé l’IBU cup mais en plus gros !
Les longues distances me plaisent.
Quels sont vos projets ?
J’ai attendu d’être certain de vouloir arrêter le biathlon pour y penser sérieusement. Je suis intéressé par le circuit universitaire américain. Si ce n’est pas cette année ce sera l’an prochain. Les longues distances me plaisent aussi, nous sommes plusieurs au team à participer à ces courses, on essaye de mettre des stratégies en place, on se motive, c’est prenant ! Je vais également reprendre mes études, après une licence en commerce international à l’IAE d’Annecy-le-Vieux je m’étais laissé un an pour me consacrer pleinement au ski, maintenant retour au boulot !
On ne vous verra plus du tout sur les courses, comme les longues distances ou les courses de ski-roues ?
Je ne compte pas arrêter la compétition, le ski-roues pourquoi pas ? J’ai fait quelques courses l’an passé, c’est une bonne préparation pour les longues distances, si le calendrier me le permet, j’irai !