Vincent Vittoz, champion du monde de poursuite en 2005 à Oberstdorf en Allemagne, décortiquera l’actualité du ski de fond durant les Jeux olympiques. Il revient, aujourd’hui, sur le skiathlon dames et livre ses impressions en vue de l’épreuve masculine prévue demain. Voici son analyse…
Aurore Jean, 18ème, bon début ?
Je pense que tant Aurore (Jean), que Célia ou Coraline, elles sont à leur place aux alentours du Top 20. Il n’y a pas eu le petit plus aujourd’hui. Aurore fait une première partie avec des filles qui peuvent viser le Top 10, après il lui a manqué quelque chose sur la transition classique-libre. Après, ce n’est pas sur cette course qu’elle jouait le plus. Ce skiathlon lui a permis de prendre des repères sur la piste, les conditions de neige qu’elle retrouvera sur le sprint, le relais ou le 10 km où elle aura davantage sa carte à jouer.
Qu’avez-vous pensé de Célia Aymonier (21e) pour sa première aux JO ?
C’est encourageant après son titre de vice-champione du monde espoir. Comme Aurore, elle a tenu le 2ème groupe en classique. Elle a pu prendre de l’expérience sur cette compétition et elle a, selon moi, fait un bon skiathlon sur lequel elle va pouvoir s’appuyer pour les prochaines courses. Ce n’est jamais évident d’entrer dans une première course olympique. Maintenant, ses Jeux sont vraiment lancés et elle doit prendre sa chance, ne nourrir aucun complexe pour la suite.
Satisfait de la course de Coraline Hugue ?
Elle termine juste derrière Célia et je trouve sa course très intéressante. Comme, c’est le cas pour Anouk (Faivre-Picon), elle est pénalisée par son classique mais je pense qu’elle a un vrai va-tout, à jouer sur le relais et le 30 km dans 2 semaines.
Que penser de la contre-performance d’Anouk Faivre-Picon ?
Elle a tenté en classique, ce qui n’est pas forcément son point fort. Il y a sûrement laissé un peu trop de force à trop vouloir suivre le groupe. Du coup, la transition a été difficile. De toute façon, son objectif est ailleurs et réside dans le relais et le 30 km. Ce résultat n’est pas suffisant mais elle a une semaine pour régler ce qui doit l’être et bien récupérer. Que ce soit Anouk ou Coraline, je suis persuadé qu’elles ont de réelles chances pour la suite. Les Jeux olympiques sont longs et une certaine lassitude va s’installer. Il faut donc qu’elles restent concentrer et mobiliser pour ces deux courses qui leur conviennent. Sur longues distances, elles sont vraiment capables de suivre les meilleures en skating.
Quels rôles pour les Français demain ?
Ils sont dans la position des outsiders. Il semble probable qu’un Cologna, un Legkov ou un Norttug sont les favoris avec Sundby. Comme Charlotte Kalla chez les filles, il faut qu’ils soient bien placés à l’amorce du final et sachent être opportunistes dans la dernière longue montée, notamment Maurice qui sait faire et qui est capable de placer une grosse accélération à ce genre d’endroits. Il faut qu’il soit patient dans un premier temps, comme Jean-Marc d’ailleurs, pour pouvoir bien gérer la transition et surveiller les Cologna et Legkov. Ces deux là sont susceptibles de dynamiter la course quand les Norvégiens devraient adopter une tactique d’attente.
Est-ce la dernière chance olympique de Jean-Marc Gaillard ?
Clairement. Jean-Marc a l’expérience, il a déjà participé à 2 olympiades. Il faut qu’il court cette course comme si c’était la dernière, ça doit être le cas de Maurice aussi. Il ne faut pas qu’il pense à l’épreuve suivante et qu’il soit prêt à aller au combat. Le niveau est très dense et je pense que c’est dans le final qu’il faudra être capable de tout lâcher et d’être opportuniste sur cette course d’un jour.
Qu’attendre d’Ivan Perrillat-Boiteux ?
Le concernant, il lui faudra bien gérer cette partie classique. S’il arrive à basculer avec les meilleurs sur la partie libre, il aura une bonne carte à jouer.