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Sélections pour Lahti : la liste précisée
Après le sprint des championnats nationaux, dernière étape décisive pour les sélections de Lahti, Roar Hjelmeset et Tor Arne Hetland, entraîneurs nationaux de fond, ont révélé les compositions des équipes pour les mondiaux. Douze noms chez les hommes et un remplaçant (Hans Christer Holunder), 8 chez les filles avec deux remplaçantes (Marthe Kristoffersen et Silje Øyre Slind).
Côté masculin, Hetland a précisé que les sélections avaient été faites en accord avec les résultats tout au long de la saison. Seront de la partie : Martin Johnsrud Sundby (maillot jaune et leader mondial), Finn Hågen Krogh, Emil Iversen, Didrik Tønseth, Johannes Høsflot Klæbo, Sindre Bjørnestad Skar, Niklas Dyrhaug, Anders Gløersen, Sjur Røthe, Simen Hegstad Krüger, Havard Solås Taugbøl et Petter Northug Jr.
Les médias sont surpris : ce dernier n’a-t-il pas pris la place d’un autre ? « Non, on sait tous qu’il peut prendre une médaille sur le sprint et jouer pour d’autres distances si tel est le cas », affirme Hetland. Quant au relais, rien n’a encore été décidé.
Côté féminin, Roar n’a pris que huit fondeuses, rappelant que, parfois, certaines d’entre elles n’ont même pas l’opportunité de participer à une seule course, la faute à une trop grande densité dans le groupe. Seront du voyage : Marit Bjørgen, Heidi Weng (maillot jaune et leader mondiale), Ingvild Flugstad Østberg, Maiken Caspersen Falla, Astrid Jacobsen, Kathrin Harsem (pourtant blessée au coude), Ragnhild Haga et Mari Eide.
A partir de ces sélections, l’expert NRK du fond, Fredrik Aukland, s’est amusé à faire les pronostics des noms engagés sur chaque épreuve. Les voici :
- Pour les sprints : Iversen, Krogh, Klæbo, Skar et Northug chez les hommes, Bjørgen, Weng, Østberg, Falla et Harsem chez les femmes.
- 15 km et 10 km classique : Sundby, Iversen, Klæbo et Tønseth chez les hommes, Bjørgen, Weng, Østberg et Harsem chez les femmes.
- 30 km et 15 km skiathlon : Sundby, Tønseth, Dyrhaug, Krogh ou Røthe chez les hommes, Bjørgen, Weng, Østberg et Jacobsen chez les femmes.
- Team sprint : Iversen/Klæbo et Østberg/Falla
- 50 km et 30 km : Northug, Sundby, Gløersen, Røthe et Tønseth chez les hommes, Bjørgen, Weng, Østberg et Jacobsen chez les femmes.
- Relais masculin : Iversen, Tønseth, Sundby et Krogh
- Relais féminin : Falla, Østberg, Weng et Bjørgen
Et si Aukland ne voit Klæbo que sur 3 épreuves, le jeune fondeur de 20 ans se prépare déjà pour 4 compétitions : sprint, team sprint, 15 km et pourquoi pas le relais. Un objectif ambitieux mais faisable pour celui à propos duquel Northug affirme qu’il repartira avec une médaille autour du cou.
Northug sur seulement deux compétitions ?
Petter Northug Jr. fait donc partie de la sélection nationale pour les mondiaux de Lahti. Mais cette place n’est due qu’à sa préqualification pour le sprint et le 50 km (dont il est champion en titre). « Il n’est pas qualifié pour d’autres distances pour le moment », précise Tor Arne Hetland, entraîneur de l’équipe nationale.
Même pas pour le relais ? « J’avais pensé le mettre pour le derniers relais, avoue Hetland. Mais même lui pense que Krogh est pour le moment mieux placé. Alors peut-être donner le premier passage à Northug si personne d’autre ne peut faire mieux que lui. » L’enfant terrible du ski de fond a d’ailleurs expressément demandé à ce que les erreurs du passé ne soient pas reproduites. Aux championnats nationaux ce week-end, il a affirmé que si les plus jeunes étaient plus forts que lui, c’était à eux que devaient revenir les places. Marqué par sa non-qualification aux Jeux de Turin 2006 alors qu’il était parmi les meilleurs mondiaux, Northug ne souhaite pas que cela arrive à d’autres.
Mais la porte ne lui est pas fermée. « S’il a une médaille sur le sprint, on l’alignera peut-être sur d’autres distances », confirme le coach Hetland. Une libération pour Northug ? Pas entièrement car le fondeur de Mosvik se fait surtout du souci pour son petit frère, Tomas. Sorti de l’équipe nationale de sprint, le cadet Northug n’a pas connu des championnats nationaux faciles. Tombé en demi-finale, le Norvégien de 26 ans a clairement exprimé la possibilité de mettre un terme à sa carrière.
Inenvisageable pour son aîné qui aimerait l’emmener avec lui aux prochains Jeux olympiques. « C’est Tomas qui aurait dû aller en finale, affirme Petter Northug, il est bien meilleur que moi. C’est même l’un des meilleurs sprinteurs du monde. Le sprint de PyeongChang est en style classique et il peut vraiment ramener une médaille, il faut qu’il continue. » Pour Northug qui ne jure que par son esprit de famille et son patriotisme, rien n’est plus important que de retrouver son frère avec lui en finale de sprint, comme aux mondiaux de Falun, pour porter haut les couleurs norvégiennes.
Johaug à Pyeongchang
Le verdict sur son affaire de dopage n’étant toujours pas rendu, Therese Johaug continue de se concentrer sur son entraînement en vue des Jeux olympiques 2018. Après son audience du 25 au 27 janvier, la fondeuse s’est rendue sur le futur site olympique de Pyeongchang pour y faire un repérage des pistes.
Suspendue, elle ne pouvait en effet pas participer aux compétitions qui s’y tenaient ce week-end mais, échappant aussi aux sélections nationales pour Lahti, elle avait le temps de se rendre en Corée, même si ce n’est que pour un entraînement. Jørn Ernst, agent de Johaug, a confirmé que le souhait d’aller sur le site des JO 2018 venait de l’athlète et que le voyage avait été décidé très récemment. Dans les colonnes de VG, Ernst précise aussi que si la Norvégienne regardera les mondiaux à la TV, elle travaille déjà en vue de sa participation aux prochains Jeux.
Et lors de ce petit stage coréen, Therese Johaug a revu son adversaire Justyna Kowalczyk. Celle-ci a déclaré aux médias qu’elles avaient fait plusieurs boucles ensemble sans jamais se parler. « C’est courant », affirme la Polonaise. L’agent de Johaug, lui, déclare cependant que jamais son athlète n’oublierait de saluer une autre fondeuse et qu’elle n’a aucun problème avec Kowalczyk, bien que celle-ci ait souvent critiqué l’emploi de médicaments contre l’asthme des Norvégiens et ne se soit pas gênée pour donner son opinion sur l’affaire Johaug.
Le verdict de celle-ci devrait tomber dans les deux semaines à venir.
Le retour de Tarjei Bø
Il est de retour ! Après son week-end en IBU Cup, Tarjei Bø est satisfait de sa forme. « Je suis très heureux que mon corps réagisse correctement », confiait-il à VG. Le biathlète pense d’ailleurs que sa forme ne va aller qu’en s’améliorant maintenant qu’il est débarrassé de son virus. Il a donc obtenu la 6e place pour les mondiaux d’Hochfilzen, où il participera au moins au sprint et à la poursuite et, pourquoi pas, au relais masculin. « J’adore cette discipline, c’est le plus excitant dans les championnats », s’enthousiasme Tarjei Bø. Et si le directeur national du biathlon, Morten Aa Dupvjik, croit en toute son équipe pour aller chercher des médailles, Johannes Thingnes Bø fonde surtout ses espoirs sur son frère. « Oui, il est prêt pour le sprint et il pourrait nous surprendre », déclare le plus jeune des deux frères à Dagbladet.
Et les plus heureux de revoir l’aîné des Bø, ce sont ses coéquipiers. « Je serais ennuyé s’il ne faisait pas le relais avec moi », assure son frère. Emil Hegle Svendsen, lui, trouve son ami et compatriote détendu : « il en rit et maintenant il est au top », dit-il.
Tarjei Bø fera donc partie de l’équipe norvégienne aux côtés de son frère, Johannes Thingnes Bø, d’Emil Hegle Svendsen, d’Ole Einar Bjørndalen, de Lars Helge Birkeland et d’Henrik L’Abée-Lund.
Siegfried Mazet revient sur son choix de partir en Norvège
Après plusieurs mois de travail, Siegfried Mazet a enfin décroché une victoire individuelle avec sa nouvelle équipe grâce à Johannes Thingnes Bø. Le Français accepte alors de revenir sur ses débuts dans cette équipe de Norvège dans une interview pour la chaîne TV2.
Le Français confie ainsi que, si le biathlon n’est pas le sport le plus populaire dans l’Hexagone, les réactions ont tout de même été énormes après son choix de partir pour d’autres contrées. « Je m’entendais bien avec tout le monde à la fédération et puis soudain, je suis devenu leur pire ennemi, explique avec regrets le coach de tir. Je n’ai pas compris… On n’a pas le droit de se lancer de nouveaux défis ? On passe plus de 200 jours dans l’année avec son équipe et d’un coup on apprend qu’on est un traître, c’est blessant. » L’ancien entraîneur des Bleus assure de plus que le recrutement d’un technicien italien n’avait en aucun cas fait jaser deux ans auparavant. « Mais moi, c’est comme si j’étais marié avec l’équipe de France, que ça allait durer pour toute la vie », ajoute-t-il.
A côté de tout ce remue-ménage français, Siegfried Mazet a aussi dû faire face à des défis côté norvégien : «C’était notre première année pour Egil Kristiansen comme pour moi, il a fallu s’apprivoiser et ce sera encore mieux l’année prochaine », explique-t-il. Il admet tout de même qu’il a été difficile de changer de façon de faire sur le plan physique. « J’étais un peu inquiet, ils s’y prennent complètement différemment. Par exemple, ils commencent les intervalles en juin ; en France c’est en août. Alors j’ai eu peur que ce soit trop tôt… J’étais aussi effrayé que, du coup, la philosophie de tir que j’amène ne correspondrait pas avec le plan physique. Mais finalement ça va », continue-t-il.
Il fallu aussi s’acclimater au reste de l’équipe norvégienne, ce qui n’a pas été une mince affaire. S’il avait prévu le comportement de la plupart de ses nouveaux athlètes, il admet qu’Emil Hegle Svendsen l’a beaucoup surpris : « je croyais qu’il était arrogant, il m’adressait à peine la parole avant, décrit Mazet. Mais finalement, il est juste timide et il est surtout très gentil, toujours à faire attention au début que je me sente bien, que je trouve ma place. »
Quant à la barrière de la langue, elle n’en fut finalement pas une. Siegfried Mazet s’est ainsi mis au norvégien. Et même s’il avoue que c’est compliqué, il n’abandonne pas. En attendant, il réussit à faire passer sa philosophie du tir à sa nouvelle équipe et il espère bien la voir briller aux mondiaux d’Hochfilzen.
Combiné nordique : qui à Lahti ?
Avec une domination allemande toujours incontestée en combiné nordique, les Norvégiens ont dû choisir avec précaution l’équipe qu’ils emmèneraient aux mondiaux de Lahti. Ont déjà été annoncés : Magnus Moan, Jørgen Graabak (les deux seuls à être montés sur un podium individuel), Magnus Krog et Espen Andersen. Reste une place toujours en jeu mais trois candidats : Jan Schmid, Mikko Kokslien et Håvard Klemetsen.
Pour trancher, la fédération a choisi de prendre le meilleur de la tournée asiatique. Manque de chance, Kokslien n’a pu se rendre à Pyeongchang car il est tombé malade. Pas prêt à abandonner pour autant, le Norvégien espère bien être à Sapporo pour se qualifier à Lahti. Ivar Stuan, directeur sportif, admet que le choix sera difficile de toutes manières : Kokslien est une valeur sûre et a montré de belles choses sur le relais de Lillehammer mais Schmid peut aussi faire un coup d’éclat et s’il fait de bons résultats en Asie, il est presque assuré d’avoir la place.
Déjà assuré de faire le voyage en Finlande, Espen Andersen s’est quant à lui dit ravi. Le jeune homme de 23 ans participera à son premier grand rendez-vous mondial et espère y faire ses preuves. En revanche, les fans de combiné regretteront l’absence de Riiber qui aurait pu marquer le coup sur le tremplin de Lahti. Blessé, il a mis un terme à sa saison.
Choix étrange pour le saut
Alors que les Norvégiens jouissent d’un bon nombre de places en coupe du monde, la direction du saut a décidé d’écarter 4 athlètes de l’épreuve de vol à ski d’Oberstdorf pour n’emmener que Tande, Johannson et Stjernen. Fannemel, Forfang, Hilde et Hauer ont ainsi été contraints de rester s’entraîner à domicile pour revenir en forme pour les mondiaux de Lahti.
Un choix compris par l’ancien sauteur Anders Jacobsen, qui a félicité la décision de Clas Brede Bråthen et Alexander Stöckl, mais pas par son ancien coéquipier Johan Remen Evensen. Désormais commentateur pour la chaîne NRK, le Norvégien détenteur du précédent record de vol à ski à 246,5 m s’est étonné de ce choix : « Une nation comme la nôtre devrait toujours remplir ses quotas », explique-t-il. Et de continuer : « Forfang et Fannemel auraient pu bénéficier de cette étape de vol, reprendre de la confiance, ça leur aurait fait du bien. J’ai le même profil de voleur qu’eux et c’est ce qui aurait été le mieux à faire. » Pourtant, Evensen reconnaît que le choix de Bråthen, directeur sportif national, semble mûrement réfléchi. De son côté, le chef du saut déclare que le niveau coupe du monde est si relevé qu’il valait mieux les en écarter pour qu’ils reprennent de la confiance à domicile.
Pendant ce temps, loin de toute cette polémique, Daniel Andre Tande a fait la une de la presse people en révélant aux médias qu’il n’était désormais plus un cœur à prendre et en présentant sa petite amie Anja. Malheureusement, il devra s’éloigner d’elle le temps de la tournée en Asie où il compte bien faire le déplacement pour continuer de jouer le globe de cristal.
Pétition antidopage : de nouvelles signatures de grands noms
Sundby avait déjà annoncé qu’il réfléchissait très sérieusement à signer la pétition des fondeurs créée par Kikkan Randall demandant à la FIS de prendre des actions sérieuses pour la lutte antidopage. Et il risque bien d’être l’un des derniers Norvégiens à le faire puisque Marit Bjørgen vient elle aussi de signer la pétition. « Ca a été un choix difficile, admet tout de même la reine du ski de fond, je veux évidemment un sport propre mais quand je vois ce qui arrive à Therese (Johaug), je me dis qu’elle est punie trop sévèrement au vu de ce qu’elle a fait. » Mais son désir d’actions concrètes de l’AMA et la FIS l’a emporté.
Martin Johnsrud Sundby a lui indiqué qu’il allait très bientôt signer à son tour, montrant l’exemple aux derniers réfractaires. Il s’est aussi expliqué quant à son choix d’attendre pour agir au micro de la chaîne TV2 : « avec ce qui m’est arrivé, je voulais que l’on rajoute une clause demandant un traitement juste des athlètes, j’ai été puni trop sévèrement et j’espère contribuer à ce que ça n’arrive pas à d’autres », a-t-il commenté. Bjørgen a d’ailleurs souligné qu’elle approuvait cette demande.