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Bérézina norvégienne
Depuis 22 ans, la Norvège était TOUJOURS revenue avec un titre individuel sur le fond masculin. Un cauchemar pour cette équipe qui domine pourtant la saison. Malgré le titre sur le relais qui sauve les meubles, tous s’avouent déçus, Petter Northug Jr le premier : « c’est vraiment mauvais », lâche-t-il. Vidar Løfshus, directeur sportif du fond norvégien, préfère ne plus y penser : « c’est une motivation supplémentaire pour les JO et pour regarder seulement vers l’avenir », déclare-t-il au micro de la NRK. Sundby s’est quant à lui excusé d’avoir manqué l’or à plusieurs reprises, entre autre sur le 50 km.
Mais, plus grave encore, cela fait 47 ans et l’année 1970, que les Norvégiens sont revenus sans médaille d’or masculine individuelles sur tous les mondiaux alpin, biathlon et ski nordique. « Avec autant de grands skieurs norvégiens, on ne peut pas être heureux de rentrer sans titre », confie un expert NRK.
Et les fondeurs norvégiens ont manqué un nouveau record de peu… S’ils n’avaient pas obtenu l’or sur le relais, cela aurait été la première fois qu’ils revenaient sans titre masculin de mondiaux depuis 1989 et la chute du mur de Berlin.
Une véritable bérézina qui doit peser lourd sur le cœur des athlètes mais aussi des entraîneurs du fond masculin. De quoi conforter Northug quand il dit que, sans lui, l’équipe norvégienne n’est apparemment pas capable de remporter des titres. Il faut dire que, depuis 2009, personne n’a remporté l’or en individuel à part l’enfant de Mosvik.
Aux entraîneurs de régler ce problème avant les mondiaux de Seefeld en 2019.
La fin du règne de Bjørgen ?
Reine Marit a de nouveau dominé les mondiaux. 4 médailles d’or et un total désormais de 18 titres mondiaux. Mais toutes les bonnes choses ont une fin et si Bjørgen assure qu’elle prend toujours autant de plaisir à skier et gagner, elle a aussi dévoilé aux médias qu’elle ne pouvait plus promettre d’aller au-delà des Jeux Olympiques 2018. « La fin est proche, explique-t-elle, c’est plus difficile de voyager maintenant avec Marius dans ma vie. »
Pas de précipitation pourtant, la Norvégienne a affirmé qu’elle ne déciderait qu’après les JO de Pyeongchang. La mère de la championne a quant a elle déclaré que sa fille pouvait mettre un terme à sa carrière quand elle le voulait même si elle lui conseillerait d’arrêter quand elle est encore au top. « Peut-être a-t-elle aussi peur de ce qui adviendra après, conclut-elle, après tout, elle n’a connu que ça toute sa vie. »
Mais Marit Bjørgen a déjà des projets. Un deuxième enfant par exemple. « Je veux plus d’enfants, dit-elle à TV2, et je n’ai plus beaucoup d’années pour le faire. Mais si j’en ai un deuxième, je ne reviendrai pas après. »
Pour le moment, la reine Marit veut se concentrer sur son fils avant de penser à la saison prochaine et être une maman à 100% pour son petit Marius. Viendra ensuite le temps des Jeux et, peut-être, de la retraite sportive.
Ecartés, ils n’hésitent pas à partager leur indignation
Emil Iversen, Ingvild Flugstad Østberg, Robert Johansson. Tous ont un point commun autre qu’être norvégien. En effet, tous les trois ont été écartés des épreuves de Lahti et n’ont pas hésité à partager dans les médias leur indignation et leur déception.
Le premier à être mis hors-jeu est Emil Iversen après le team sprint où il perd la médaille d’or en s’accrochant avec le Finlandais Niskanen. Une fois l’équipe pour le 15 km annoncée, équipe dont il ne fera pas partie, le fondeur déclare vouloir rentrer au plus vite chez lui et partir loin de l’enfer qu’il a vécu à Lahti en manquant ses deux courses par deux chutes (sur le sprint et le team sprint).
Si Hetland, coach du fond masculin, veut le garder en Finlande comme remplaçant pour le relais, Iversen refuse et reprend l’avion pour la Norvège. Le fondeur se dit pourtant déçu de ne pas avoir pu se battre sur la course de distance qu’il attendait avec impatience : le 15 km. Dépité, le Norvégien a pourtant pu compter sur ses coéquipiers, à commencer par Northug. « C’est scandaleux qu’il ne soit pas sélectionné », s’indigne le fondeur de Mosvik, soutenant son ami par vents et marées. Outre le soutien de ses coéquipiers, Iversen peut aussi compter sur ses supporters, dont une jeune fan de 10 ans qui a réalisé un adorable dessin lui assurant qu’il irait prendre l’or aux JO 2018.
Ingvild Flugstad Østberg, elle, ne semble pas avoir la même chance. La n°2 mondiale a connu des mondiaux compliqués, entrant une seule fois dans le top 10 alors qu’elle se battait pour les titres. Elle voit ainsi sa participation au relais féminin et au 30km annulée. « C’est la plus grande déception de ma carrière, déclare-t-elle aux médias. Je fais ma meilleure saison mais ça ne fonctionne pas ici alors que c’était mon principal objectif. » Déprimée, la jeune fondeuse admet pourtant qu’elle devra bientôt passer à autre chose et se concentrer sur la suite.
Et Robert Johansson, sauteur à ski, devra faire de même. Après avoir participé à la compétition sur petit tremplin en finissant 16e, ses sauts d’essai sur grand tremplin étaient prometteurs. Bien plus que ceux du n°3 mondial Daniel Andre Tande, en petite forme à Lahti. Avec des sauts à 120 m, 118 m et 126 m contre 103 m, 114,5 m et 121,5 m pour Tande, Johansson espérait légitimement prendre la 4e place de l’équipe sur grand tremplin. Mais Stöckl lui a préféré la valeur sûre Tande. « Je suis content mais Robert méritait plus que moi cette place », admet lui-même le sauteur norvégien. « Je suis vraiment déçu, déclare quant à lui Johansson. Mais je vais me concentrer pour continuer mes bons sauts et revenir plus fort. »
Ils le savaient : les Norvégiens doivent désormais toujours faire face à de durs choix tactiques, ayant un effectif bien plus large que leurs quotas.
Fin de carrière pour Moan ?
« Peut-être que mon temps en tant qu’athlète de haut niveau touche à sa fin. » Voilà ce que confie le combiné nordique Magnus Moan à la chaîne TV NRK après les mondiaux de Lahti. Le Norvégien explique qu’il a le sentiment d’être à son niveau le plus élevé. Mais cela ne suffit plus. « Le niveau est en constante évolution, surtout en saut ce qui entraîne la nécessité de perdre du poids », confie-t-il. A 33 ans, celui qui totalise un titre mondial, un titre olympique et 25 victoires individuelles ne veut pas aller plus loin s’il ne peut plus rivaliser avec les meilleurs. Rien n’est encore décidé mais Moan assure qu’il examinera avec attention les pour et les contre avant de prendre une décision après la saison.
Saut et fond : deux mondes séparés
C’est bien connu : les fondeurs sont particulièrement paranoïaques quant aux maladies qu’ils pourraient contracter. Toutes les précautions sont prises et cette paranoïa s’est même étendue jusqu’aux autres équipes de Norvège.
A Lahti, trois étages de petits appartements étaient réservés aux Norvégiens. Et là, les sauteurs ont fait particulièrement attention à ne pas contaminer leurs compatriotes fondeurs. « Je n’ai jamais vu autant d’antibactérien de ma vie, confie Daniel Andre Tande dans les colonnes de Dagbladet, mais c’est important pour ne pas propager de bactéries. » Il continue : « en saut, ce n’est pas très grave d’être malade, moins qu’en fond. On ne veut pas les contaminer alors on suit les mêmes règles qu’eux. » Bjørn Einar Romøren, ancien sauteur et désormais membre de l’encadrement de l’équipe norvégienne, a quant à lui expliqué aux médias venus voir les sauteurs qu’ils ne pouvaient pas entrer dans l’hôtel. Pas que l’équipe de saut craigne les microbes mais il ne faudrait pas qu’ils contaminent ensuite les fondeurs.
Règles strictes mais nécessaires de l’avis de tous. L’ambiance n’en est que meilleure tout comme la collaboration entre les différentes équipes.
Les combinaisons font de nouveau jaser à Lahti
Les règles de la FIS se sont durcies ces dernières années quant aux combinaisons des sauteurs à ski. Pourtant, les nombreuses éliminations ne semblent pas faire cesser ces pratiques. La recherche de la performance pour grapiller de la portance sur les moindres détails semble toujours prendre en compte l’extension des combinaisons. Mika Kojonkoski, ancien coach de la Norvège, dénonce dans le quotidien VG ces pratiques : « il faut une étude approfondie du phénomène. Le contrôle des combinaisons est le meilleur qui puisse exister en ce moment et il est difficile de trouver une solution à ce problème, mais il en faut une. » Quand il voit, par exemple, les combinaisons de Forfang, Wellinger ou Vogt, Kojonkoski affirme qu’il n’aime pas la largeur de leur combinaison, surtout au niveau de l’entrejambe.
Alexander Stöckl, actuel coach de la Norvège, a lui réagi aux accusations de son prédécesseur : « s’il n’aime pas ce qu’il voit, il peut demander une commission. » L’Autrichien avoue que son équipe recherche la moindre possibilité d’optimiser l’équipement, comme l’Allemagne, l’Autriche ou la Pologne. Des pratiques que le coach de saut de combiné finlandais dénonçait comme similaire au dopage il y a deux ans à Falun… Autant dire que la lutte contre la triche sur les combinaisons n’est pas terminée.
Egalité des sexes : le ski mauvais élève
Le monde du ski serait-il sectaire ? A Lahti, les équipes norvégiennes de fond, saut et combiné ont emmené avec eux nombre de techniciens, physiothérapeutes, médecins, membres de l’encadrement, etc. 44 personnes au total et seulement 2 femmes. « C’est un sport blanc et masculin », en conclut Kari Fasting, chercheuse à l’école norvégienne des sciences du sport où elle étudie l’égalité des sexes dans le sport. Ou plutôt l’inégalité quant au cas du ski nordique, spécialement dans les hautes instances et aux positions de coach. Fasting s’indigne face à cette sous-représentation : « le sport représente notre société. 40% de cette société sont des femmes, elles devraient donc être représentées à cette hauteur dans les instances d’encadrement du sport », explique-t-elle.
Le chef de la fédération norvégienne de biathlon, Erlend Slokvik, a réagi au micro de la NRK en affirmant que sa fédération cherchait à recruter plus de femmes. Parmi elle, Tora Berger. Mais l’ancienne championne aurait tendance à prendre une position contraire à celle de Fasting : « tant que je suis mère de jeunes enfants, il est impensable que je devienne coach de l’équipe nationale », affirme-t-elle. Liv Grete Skjelbreid, elle aussi ancienne biathlète et désormais consultante pour la NRK, souligne de même ce problème de la vie de famille, l’une des raisons pour lesquelles les femmes n’accèdent pas à de plus hauts postes dans les instances sportives. Toutes deux admettent pourtant qu’il est important d’avoir des femmes dans une équipe même si leur rôle peut varier.