CHRONIQUE – Avec Vu de Norge et nulle part ailleurs, retrouvez toute l’actualité nordique norvégienne.
Championnats nationaux : Marit toujours reine
Après les championnats nationaux de biathlon, place à ceux de fond le week-end dernier ! Début des hostilités jeudi 30 mars avec les teams sprint. Sans surprise, côté garçons, le duo Klæbo-Tønseth s’impose grâce à la très belle performance du jeune fondeur de 20 ans qui, faute de remporter le record du 100m la veille, s’est vengé sur ce par équipe.
Chez les filles, ce sont les jumelles Weng, Lotta et Tiril, qui s’imposent juste devant Martine Ek Hagen et leur cousine Heidi Weng. Performance remarquée : les biathlètes Tiril Eckhoff et Ingrid Landmark Tandrevol terminent 4e.
Les championnats nationaux norvégiens enchaînaient ensuite avec un 10 km pour les hommes et un 5 km pour les femmes. Si Sundby partait favori, c’est pourtant Anders Glørsen qui s’est imposé après la chute de Finn Hågen Krogh qui lui a fait perdre avec certitude le titre de champion national. Chez les femmes, en revanche, la hiérarchie a été respectée avec une Marit Bjørgen qui empoche un 20e titre national face à Kari Øyre Slind et Tiril Udnes Weng et en l’absence de Ingvild Flugstad Østberg et Heidi Weng.
Impressionnante, Bjørgen ajoutera un nouveau titre national à sa collection commencée en 2005 avec le 30 km dès le lendemain. Sundby l’imitera enfin sur le 50 km, exercice où il est passé maître. Pourtant blessé, il a annihilé la concurrence ce que Klæbo ne pourra pas contredire. Après son premier 50 km, le jeune fondeur termine à une honorable 9e place mais à plus de 6 min de son coéquipier, vainqueur du jour. Apparemment, sur cet exercice d’endurance, Klæbo n’est pas encore prêt à dépasser Petter Northug Jr. Celui-ci a d’ailleurs remporté le 42km de la Flyktningerennet ce week-end après avoir choisi de ne pas participer aux championnats nationaux.
Sundby soutient Løfshus
Une nouvelle fois, Petter Northug Jr. a montré son profond mécontentement vis-à-vis de la fédération de ski norvégienne en s’en prenant directement à Vidar Løfshus, directeur sportif du fond, arguant qu’il devrait laisser sa place à un autre après son échec à Lahti.
Cette semaine, Martin Johnsrud Sundby a déclaré sa désapprobation quant aux propos de son compatriote dans les médias. « Je ne parle qu’en mon nom mais Vidar fait un excellent travail, a-t-il assuré en conférence de presse. Le dialogue est facile avec lui. » Le meilleur fondeur du monde a aussi expliqué qu’il ne se reconnaissait pas dans les propos de Northug même s’il admet que tout le monde est différent et peut donc avoir des problèmes individuels à résoudre. A l’instar de Northug.
Didrik Tønseth a lui aussi apporté son soutien à Løfshus en assurant, comme Sundby, qu’il faisait du bon travail. Tønseth ajoute même qu’il ne pense pas que Northug ait le soutient d’autres athlètes de l’équipe nationale norvégienne. La fédération a, elle, déclaré qu’aucun fondeur n’avait demandé à ce que le contrat de Vidar Løfshus soit suspendu.
Løfshus, quant à lui, a avoué apprécier ce soutien et a révélé qu’il n’avait pas encore eu le temps de s’entretenir en privé avec Petter Northug Jr.
Østberg et Iversen : objectif 2018
La fin de saison fut difficile pour Ingvild Flugstad Østberg et Emil Iversen après des mondiaux manqués à Lahti, au point qu’ils ont pensé à mettre un terme à leur carrière. Après mûre réflexion, ils ont aussi tous deux décidé de continuer avec les Jeux Olympiques 2018 en ligne de mire.
« Les mondiaux ont été une vraie déception, explique Østberg au quotidien Dagbladet. Mais c’était juste un mauvais moment. J’ai beaucoup réfléchi. J’aime vraiment skier et je vais continuer. » Mais avant, la fondeuse confie qu’elle a besoin de recharger ses batteries et de retrouver un peu de confiance. Etonnant lorsqu’on sait qu’elle a le record de titres mondiaux juniors et qu’elle a fait partie des athlètes dominant le monde du fond ces deux derniers hivers. « Je n’ai jamais eu confiance en moi mais j’y travaille et c’est de mieux en mieux, révèle Østberg. Il faut seulement que j’arrive à me concentrer sur le positif plus que le négatif. »
Un travail que devra aussi faire son coéquipier Emil Iversen. Après un très bel hiver 2015/2016, le fondeur a cette année enchaîné les catastrophes en deuxième partie de saison, dont ses deux chutes aux mondiaux. « Je vais essayer d’oublier ce qui s’est mal passé et penser à ce que j’ai réussi à faire correctement, explique-t-il aux médias. Ça a été dur, j’ai perdu le plaisir de skier mais maintenant, je compte bien me venger et je suis impatient d’être à la saison prochaine. »
Réaliste, Iversen sait aussi qu’il ne peut pas compter sur un entraînement similaire à celui de ses coéquipiers. En revanche, il aimerait essayer celui de Krogh et Klæbo qui ont les mêmes qualités et faiblesses que lui. « Klæbo sera le concurrent le plus sérieux ces 10 prochaines années et je compte bien le garder à l’esprit pendant mon entraînement », assure le Norvégien qui a pour objectif clair et annoncé les Jeux 2018. Et peut-être sera-t-il accompagné dans sa quête d’or par son ami Petter Northug Jr ? Iversen aimerait en effet que son copain de toujours revienne dans l’équipe nationale. « Mais pour ça, il faut l’attirer avec quelque chose de plus… Des filles peut-être ? » conclut le fondeur.
https://www.youtube.com/watch?v=tbXWJDhz-tI
Eckhoff : ce qui lui manque pour être plus stable
Tiril Eckhoff est extrêmement rapide sur les skis. Preuve en est : elle a participé aux championnats nationaux de fond ce week-end et s’est très bien placée sur le team sprint en terminant 4e. Malgré cela, la biathlète ne parvient pas à se maintenir sur le devant de la scène et ses résultats sont loin d’être stables. Pour Eckhoff, cela viendrait du manque de suivi de ses entraîneurs, précisant qu’elle exclut de ce groupe Steinar Mundal et son frère Stian Eckhoff. Morten Aa Dupvjik, directeur sportif du biathlon norvégien, regrette les propos de son athlète : « c’est ennuyeux qu’elle pense ça surtout que ce n’est pas vrai », explique-t-il au micro de la NRK. Il reconnaît pourtant que la Norvégienne n’est pas celle qui profite du plus grand suivi dans l’équipe.
Et pour y remédier, Tiril Eckhoff a sa petite idée : elle aimerait une plus grande coopération avec l’équipe masculine et, entre autre, avec le coach de tir français Siegfried Mazet. Le tir étant la faiblesse de la biathlète, et après avoir déjà refusé de retravailler avec son frère ou son coach cette année, les médias s’interrogent sur le choix d’Eckhoff en ce qui concerne son futur entraîneur de tir. Siegfried Mazet serait-il prêt à s’occuper d’elle ? Sur ce point, Djupvik est formel : il n’y a pas de raisons qu’elle obtienne le droit de plus s’entraîner avec l’équipe masculine que ses coéquipières. Elle devra donc participer à tous les stages de l’équipe féminine, que ce soit avec les garçons ou non. « C’est comme ça que ça doit se passer en principe », conclut Djupvik.
https://www.youtube.com/watch?v=lIMzU1VQfgo
Les mondiaux à Vikersund en 2022 ?
La fédération norvégienne de ski a décidé de poser sa candidature pour accueillir les mondiaux de vol à ski 2022 à Vikersund. Etant le tremplin qui détient tous les derniers records du monde et ayant déjà prouvé que son organisation était irréprochable (notamment lors du Raw Air début mars), le tremplin norvégien pourrait bien être favori pour l’attribution de ces mondiaux. Ce serait alors la 5e fois que Vikersund organise les mondiaux de vol à ski après 1977, 1990, 2000 et 2012. L’organisation espère vivement obtenir l’événement, rappelant que la précédente édition était un réel succès avec plus de 65 000 spectateurs. Vikersund promet aussi d’améliorer ses installations en vue de ces possibles mondiaux.
La décision sera prise en mai 2018 lors du congrès de la FIS. Si Vikersund l’emportait, la compétition norvégienne serait aussi assurée d’être au programme de la saison 2020/2021.
De nouvelles fixations ?
La recherche de la performance est constante en ski de fond. Et elle pourrait bientôt encore aller plus loin comme le révèle le quotidien norvégien Dagbladet. En effet, la FIS va considérer en mai d’autoriser les fixations électroniques et motorisées. Celles-ci permettraient de se déplacer vers l’avant ou l’arrière afin d’améliorer la vitesse en montée ou en descente.
Frode Estil, ancien fondeur norvégien, s’inquiète de ces changements. Certes, les performances n’en seront que meilleures, mais ne s’éloigne-t-on pas alors de ce qu’est le ski de fond ? « C’est excitant mais il y a des aspects positifs et négatifs aux innovations », rappelle-t-il. Parmi les aspects négatifs : le coût de cette innovation pour les pratiquants. Côté positif, Estil pense réellement que ces nouvelles fixations aideraient à préserver le ski classique. Knut Nystad, chef des farteurs norvégiens, avoue avoir testé des skis avec cette innovation à Lahti et il en est plutôt content même s’il soulève la question du poids des skis : les athlètes devront s’y adapter et devront apprendre à gérer le changement de position des fixations.
L’entreprise qui fabrique ces skis, Rottefella, a soumis à la FIS la demande de laisser les pratiquants utiliser leur nouveau modèle en compétition. Nystad doute quand même qu’ils arriveront très vite sur le circuit coupe du monde alors que les premières paires seront disponibles dès 2018.