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Johaug a affronté le TAS
Après l’appel de la FIS du premier verdict de l’affaire Johaug (où la peine a été fixée à 13 mois de suspension), la fondeuse a affronté ce mardi 6 juin le Tribunal Arbitral du Sport en Suisse. Face au TAS, les avocats de Therese Johaug ont décidé d’adopter la même stratégie de défense que lors de la première audience : l’athlète n’est pas responsable de ses actes et ne s’est pas dopée consciemment. L’audience au TAS devrait donc porter sur ce point en majorité.
En revanche, si le clan Johaug espère une peine moindre ou égale à l’issue de la délibération du tribunal, il devra attendre plusieurs semaines le verdict final. En moyenne, comme le rapporte VG, cela peut prendre 1 à 4 mois. D’après Robin Mackenzie-Robinson, avocat spécialiste du TAS, le cas Johaug ne devrait pas prendre trop de temps de délibération, tout se jouant encore une fois sur le degré de culpabilité de la fondeuse. En comparaison, il affirme que l’affaire Sundby était plus complexe mais il n’a fallu que 6 semaines de délibération.
Quoi qu’il en soit et peu importe le temps que cela prendra, Therese Johaug se dit impatiente d’en finir. « D’une certaine façon, je suis presque heureuse que l’affaire arrive au TAS, a-t-elle confiée à Dagbladet. Personne ne pourra plus dire qu’on a été trop dur ou doux avec moi avec un jugement international. » Marcus Hellner, fondeur suédois, résume bien toute l’affaire et la plupart des avis : « je crois son histoire. Ce qui lui arrive est triste. Mais en même temps, elle a ingéré un produit interdit alors elle mérite d’être punie. »
Pour Therese Johaug, cette histoire aura au moins eu un point positif : « cela m’a donné une nouvelle perspective de la vie. Désormais, je sais qu’il n’y a pas que le ski dans la vie. » Etonnamment, la Norvégienne est persuadée d’en sortir grandie sur le plan de l’expérience personnelle et elle ne regrette rien.
Un partenariat Eckhoff – Mazet
Après une saison difficile où elle n’a pu briller qu’à Oslo, Tiril Eckhoff a avoué s’être sentie seule, peu entourée par le staff du biathlon norvégien. Son problème devrait être réglé dès cet été puisque, en plus des entraîneurs de l’équipe féminine, Eckhoff aura le droit de profiter de l’aide et de l’expertise de Siegfried Mazet, coach du tir des garçons. L’entraîneur français devrait en effet vivre à Oslo cet été où habite aussi la biathlète. « C’est très agréable d’avoir un suivi à domicile, a confié la Norvégienne. Je vais exploiter cette possibilité et je suis très heureuse d’apprendre avec lui. »
Tiril Eckhoff (Photo : Vianney Thibaut/Agence Zoom)
Eckhoff tient pourtant à souligner que son coach principal au tir reste son frère, Stian Eckhoff, qui s’occupe de l’équipe féminine norvégienne. Siegfried Mazet n’est qu’une aide supplémentaire, Tiril Eckhoff n’ira donc pas s’entraîner avec l’équipe masculine. De son côté, le Français précise : « d’abord je veux parler avec Stian et quand Tiril aura besoin de moi, je passerai par lui. » L’entraîneur des filles est d’ailleurs du même avis que sa sœur sur l’expertise de Siegfried Mazet : une étroite collaboration serait bénéfique à l’équipe.
Pas de relais pour les fondeurs ?
En voyant le calendrier de la prochaine coupe du monde de ski de fond, un détail retient l’attention : hormis aux Jeux Olympiques, les fondeurs ne s’affronteront pas en relais l’hiver prochain. « Ce sera un vrai défi pour l’équipe qui se présentera aux JO, analyse Fredrik Aukland, expert NRK. Ils n’auront pas la chance de se tester face aux autres et les entraîneurs ne pourront pas non plus tester différentes modalités. »
Mais après la défection de Nove Mesto, la FIS n’avait pas d’autres alternatives que d’annuler le relais prévu, le seul et unique de la saison. L’absence de relais serait donc uniquement liée à des raisons pratiques. Les sites accueillant les coupes du monde choisissant leurs préférences en termes d’épreuve, il semblerait que ce format ne plaise pas suffisamment aux organisateurs… Et bien que Skinstad assure que cela n’ait rien à voir avec la domination norvégienne, Aukland tient à ne pas écarter cette possibilité, les organisateurs préférant accueillir des formats où leurs fondeurs locaux ont des chances de victoire.
Du côté des athlètes norvégiens, les fondeurs ont tenu à exprimer leur mécontentement. Maiken Caspersen Falla a ainsi confié à Dagbladet : « c’est dommage pour le sport, autant pour le relais que pour la disparition du 5km qui a permis les premières victoires de plusieurs nations. » Sa coéquipière, Astrid Jacobsen est du même avis : « c’est étonnant et vraiment ennuyeux. » Martin Johnsrud Sundby pense, quant à lui, qu’il est embarrassant de n’avoir qu’un skiathlon avant les Jeux Olympiques. Le manque d’entraînement pour les épreuves de Pyeongchang constituera un vrai problème pour toutes les équipes d’après lui. Marit Bjørgen partage cet avis même si, comme ses coéquipières, elle insiste sur la perte du 5 km qui avait vu éclore des talents étrangers comme l’Américaine Jessica Diggins. « Pour l’amour du sport, c’est vraiment dommage que ce format disparaisse. »
Certains font pourtant le choix de voir le côté positif des choses, à l’instar de Johannes Høsflot Klæbo et Ingvild Flugstad Østberg. « Il vaut mieux se concentrer sur ce qui est bien, confie Østberg. Le calendrier est tel qu’il est. » Pour Klæbo, c’est l’occasion de mettre au point un calendrier d’entraînement original. Pour Hans Christian Holunder enfin, c’est une sorte de fatalisme : « si j’avais eu le choix, j’aurais rajouté des plus longues distances, des relais, mais on ne peut rien y faire. Il faut juste essayer de s’adapter. »
Northug : défection et conseils
Après deux saisons à plein temps pour l’équipe privée de Petter Northug Jr., Stig Rune Kveen a annoncé qu’il reprenait son emploi en tant qu’entraîneur au lycée de Meråker. Avec l’arrivée de ses enfants à l’école, Kveen souhaite être plus près de sa famille, ce qui est impossible s’il reste entraîneur de Northug à plein temps. « Je vais rester proche de lui, le but est qu’il soit en forme, assure-t-il. Mais je serais moins présent que les deux dernières années. » Dès l’automne, Kveen prendra donc du recul mais ne s’inquiète pas ni pour Northug ni pour Jespersen, le nouvel arrivant de l’équipe. « Ils ont de l’expérience, ils savent ce qu’il faut faire au jour le jour », conclut-il.
Pourtant, certains ne semblent pas entièrement d’accord. Interviewé par la NRK, Emil Iversen a préféré s’exprimer prudemment sur la question de son ami Northug. « Petter devra augmenter la charge d’entraînement de façon considérable, a-t-il ainsi expliqué. C’est facile de blâmer la surcharge en altitude. Je pense qu’il a vraiment besoin de s’y mettre et de travailler plus dur encore. » Pour Iversen, Northug a du retard : « à l’étranger et en Norvège, il y en a qui s’entraînent très bien et très fort. Ça ne vient pas tout seul. Petter a le talent nécessaire, ne manque que la motivation. »
Emil Iversen juge aussi que son ami et compatriote s’investit trop sur les courses estivales tel le Blink Festival et la Toppidrettsveka. « Il utilise ces courses comme un entraînement, a répondu Kveen. Nous savons ce qui s’est mal passé l’an dernier et c’est facile pour les autres de juger mais de ne rien faire. »
En échange, Iversen a donc offert ce petit conseil à Northug : « viens à Meråker, chez moi. On ira courir dans les marais et on dormira bien la nuit. » A ce plan, Kveen n’a rien à redire et espère même que « les draps seront assez délicats » pour son poulain.
De nouvelles combinaisons
Avec plusieurs disqualifications et les nouvelles règles de la FIS, les sauteurs à ski norvégiens se sont penchés sérieusement sur la question des combinaisons. D’autant plus que l’équipe s’est retrouvée derrière les autres en terme de développement de l’équipement, d’où le retour sans médaille individuelle de Lahti. Andreas Vilberg, tailleur officiel de l’équipe norvégienne, s’est confié sur ces questions auprès de la NRK.
« Un centimètre de plus peut faire gagner cinq mètres à un sauteur », affirme-t-il. De là l’importance de tester avec assiduité toutes les possibilités offertes par le règlement sur les équipements avant le début de l’hiver. « C’est un travail difficile car les athlètes sont tous différents et il faut que leur combinaison soit parfaitement adaptée », continue Vilberg.
Du côté des sauteurs, ils sont heureux de profiter d’un équipement adapté dès le début de l’été. « Habituellement, on commence par s’entraîner avec des combinaisons qui ne vont pas, pour nous concentrer sur la technique », explique Daniel Andre Tande. « Mais je pense que ça peut nous donner un avantage par rapport aux années précédentes que ce ne soit pas le cas cette fois », renchérit Andreas Stjernen.
Pour Alexander Stöckl, le coach autrichien des Norvégiens, il est important que la Norvège rattrape son retard : « toutes les grandes nations passent beaucoup de temps, d’énergie et d’argent sur l’équipement. Il est absolument crucial que nous y arrivions aussi. »