CHRONIQUE – Avec Vu de Norge et nulle part ailleurs, retrouvez toute l’actualité nordique norvégienne.
Johaug : un coup de massue difficile à oublier
« Même si j’ai le soutien inconditionnel de mes proches et leur présence, on m’a enlevé ce que j’aimais le plus au monde ces dix dernières années, bien évidemment que c’est dur. » Therese Johaug se confie avec ces mots au quotidien VG. Depuis la fin août, la fondeuse sait qu’elle doit renoncer aux Jeux olympiques de Pyeongchang, ayant écopé de 18 mois de suspension.
Au cours des deux derniers mois, la Norvégienne a dû apprendre à se reconstruire. « J’y vais au jour le jour, explique-t-elle. Pour être honnête, je ne me suis pas beaucoup entraînée, je ne me suis fixée aucun objectif mais après Noël, je suppose que ça ira mieux et que je reviendrai. » Johaug explique aussi que l’accumulation des évènements lui a fait du mal : « au bout d’un moment, le corps et la tête ont dit stop. Il faut que je prenne de la distance avec tout ça », relativise-t-elle.
Désormais, Therese Johaug se concentre sur elle-même, tentant d’oublier cette dernière période difficile, promettant de retrouver sa motivation pour revenir à la compétition.
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Eckhoff : problèmes de vue
Il y a six semaines, Tiril Eckhoff a découvert un problème de taille pour une biathlète : elle ne verrait peut-être pas aussi bien qu’elle le pensait. « Ce que je vois au milieu du viseur, finalement, ce n’est peut-être pas au milieu », révèle-t-elle à la chaîne TV NRK.
A 27 ans, la Norvégienne doit trouver un moyen de régler très vite son problème de vision. Elin Hansson, ophtalmologue spécialiste du sport, travaille donc désormais avec Eckhoff pour améliorer sa vue. « Elle a des exercices à faire pour régler ce problème et j’espère qu’elle le fera tous les jours », commente Hansson. Cette fausse myopie n’est pas un réel problème pour le docteur qui affirme que ce n’est qu’une question d’entraînement. « Mais c’est vrai que pour un athlète, c’est embêtant, admet Hansson. Il faut qu’elle compense dès qu’elle est fatiguée ce qui peut l’amener à commettre des erreurs. »
Du côté de la biathlète, cela rajoute un stress en plus à l’aube d’une saison olympique où elle espère aller chercher des médailles. « Mais j’ai foi qu’on règlera ce problème avant les Jeux avec un travail approprié », conclut l’ophtalmologue.
Les championnats nationaux font chou blanc
Entre le 11 et le 14 janvier, entre le Tour de Ski et les Jeux olympiques, la ville norvégienne de Gåsbu organisera les championnats nationaux de ski. Mais ces championnats risquent de réunir bien peu de têtes d’affiche de l’équipe nationale de fond… En effet, si la plupart d’entre eux participent au Tour de Ski, peu voudront risquer d’accumuler la fatigue à peine un mois avant les JO. Martin Johnsrud Sundby a ainsi d’ores et déjà annoncé qu’il ne participerait pas à la première partie des championnats nationaux, ayant besoin d’au moins 10 jours de repos après le Tour. Même raisonnement pour Petter Northug Jr. Son entraîneur, Stig Rune Kveen, a ainsi confié à la NRK : « ce n’est pas encore sûr mais en les positionnant 4 jours après le Tour, ils ne peuvent pas s’attendre à avoir les skieurs de l’équipe nationale. »
Rønning investit le COE
A 35 ans et alors qu’il a pris une retraite bien méritée, Eldar Rønning n’a pas réussi à s’éloigner du monde du ski. Il a ainsi rejoint la semaine dernière le COE, le Comité Olympique Européen. Après son élection, il a avoué être reconnaissant envers ceux qui avaient voté pour lui, les remerciant de leur confiance. « Je veux mettre l’accent sur la transition vers l’après-carrière, faire en sorte qu’un athlète puisse suivre des études et avoir un travail en même temps que sa carrière, explique Rønning en conférence de presse. Je veux aussi soutenir l’effort dans la lutte anti-dopage et mettre en place un programme pour faire des athlètes des modèles pour nos enfants. »
Rønning a été élu pour quatre ans en tant que représentant des sports d’hiver. Son engagement est salué par Erik Røste, président de la fédération de ski norvégienne : « c’est bien que les anciens athlètes s’engagent de la sorte. Eldar a toujours été un modèle pour le ski norvégien, tant par ses résultats que ses positions politiques. Je suis sûr qu’il fera du bon travail. » Røste rappelle aussi qu’il est important pour la Norvège de s’engager sur le plan international, Rønning incarne donc à merveille ce projet.
Gangnes se met aux normes
Avec les nouvelles règles quant aux combinaisons des sauteurs à ski, testées dès le Grand Prix d’été, les athlètes ont dû s’adapter. Kenneth Gangnes, pressé de retrouver les compétitions mondiales, a déjà jeté tous ses anciens sous-vêtements pour en acheter de nouveaux, aux normes de la FIS. La fédération, de son côté, a promis de renforcer ses règles et de bien vérifier leur application, et ce dès le 17 novembre à Wisla pour la première coupe du monde de l’hiver. La volonté première ? Empêcher la triche sur les combinaisons qui pouvaient, auparavant, transformer une première place en cinquième place ou inversement.
Lors du camp d’entraînement à Trondheim des Norvégiens, Kenneth Gangnes a voulu se poser en modèle et en top-model, défilant avec ses tout nouveaux sous-vêtements. « Pour l’instant, en effet, je ne vois pas comment on pourrait tricher avec ce nouvel équipement », affirme Gangnes. Son entraîneur, Alexander Stöckl, est lui aussi très heureux de ce changement : « c’est la Norvège qui a proposé que les sous-vêtements soient faits en deux parties et nous sommes donc ravis que cette proposition ait été adoptée », conclut l’Autrichien.
Perte des primes FIS : le débat est lancé
Juste avant l’hiver, la FIS a décidé de réduire le montant des primes en cas de victoire ou même de podium (lire notre entretien avec Pierre Mignerey, patron du ski de fond mondial).
Autre nouveauté : les 20 meilleurs fondeurs de chaque compétition en bénéficieront au lieu de 10 auparavant. Pour payer plus d’athlètes, il faut donc enlever de l’argent ailleurs et ce sont les deux premières places qui en pâtissent le plus. Au Tour de ski, les primes sont mêmes divisées par deux. Selon Åge Skinstad, représentant de la Norvège à la FIS, cette décision intervient après que 80% des athlètes se soient prononcés en faveur d’un élargissement du nombre d’athlètes profitant de ces prix.
Mais cette décision divise. Martin Johnsrud Sundby ironise ainsi dans les colonnes de VG : « nous devons être la seule profession où nos primes baissent… » De son côté, Emil Iversen estime que « c’est ridicule de punir les meilleurs pour donner aux moins bons », expliquant que la prime du vainqueur est bien méritée. Petter Northug Jr., fidèle à lui-même, répond avec sarcasme à cette annonce : « je propose une nouvelle idée, dit-il. Le dernier obtient le plus d’argent et le premier n’a rien du tout. Comme ça, on récompense ceux qui vont le plus lentement. »
Based on last season’s results I’d have benefited from FIS’ new prize money system [cut for winners, money for top 20, not 10]. In spite of that, I’m not for the changes. Sport is about winning & I think prize money to winners should reflect this. https://t.co/bdhufyazYe
— Andrew Musgrave (@musgraveandrew) 14 octobre 2017
I too would have won a lot more money last season with the new system. But couldn’t agree more. Winners deserve to be payed! https://t.co/loqz29y8ZF
— Andrew Young (@andrew_youngy) 14 octobre 2017
Les Britanniques Musgrave et Young sont du même avis. Sur leurs comptes twitter, les deux fondeurs ont admis qu’ils auraient profité l’an dernier de cette nouvelle règle. Pourtant, ils affirment être contre cette mesure, préférant récompenser les tous meilleurs des compétitions.
Pourtant, certains ne sont pas du même avis, à l’instar de Kathrine Harsem. La Norvégienne s’est exprimée au micro de la NRK, affirmant que c’était bon pour développer le sport et aider les petites nations. « Je comprends que ceux qui gagnent le plus sont contre, j’aurais peut-être pensé pareil si j’avais été numéro 1 », admet Harsem. Elle continue en rappelant que les fondeurs norvégiens ne sont pas les plus à plaindre : « nous sommes gâtés, surtout en équipe nationale. Certains y sont d’ailleurs depuis si longtemps qu’ils ne se souviennent pas du reste, de la difficulté de ne pas avoir de salaire fixe. Cette décision pourrait vraiment aider les athlètes d’autres pays à rester motiver et à continuer dans le sport. »