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Pas de relais olympique pour Northug ?
Quatre mois avant les Jeux Olympiques, Petter Northug Jr. est déjà privé de sa place fétiche de dernier relayeur sur le par équipe olympique. Tor Arne Hetland a déclaré la semaine dernière aux médias que cette place reviendrait à Finn Hågen Krogh qui a prouvé au cours de la saison dernière qu’il était le mieux placé pour assurer ce poste, comme lors des mondiaux de Lahti.
Northug allerede vraket til siste-etappen i OL
L’entraîneur personnel de Northug, Stig Rune Kveen, a seulement commenté que les Jeux étaient encore loin et que cela ne méritait pas que l’on dépense trop d’énergie tout de suite à combattre cette décision.
Décision qui est loin de faire l’unanimité, surtout chez les commentateurs du ski de fond. Fredrik Aukland, l’expert de la NRK, a ainsi vivement contesté ce choix : « Krogh et Northug sont parmi les meilleurs finisseurs mondiaux mais dans 100 jours, est-ce qu’il en sera de même ? » répond Aukland. Pour lui, il faut attendre de voir en quelle forme sont tous les protagonistes avant de prendre une décision. Torgeir Bjørn, autre expert du fond, est du même avis.
La Suède, quant à elle, est ravie. Anders Blomquist, commentateur pour la chaîne suédoise SVT affirme que les autres nations doivent être heureuses de ce choix, rappelant qu’un Northug en forme en dernière position du relais olympique est la chose la plus terrible que l’on puisse affronter en fond.
De son côté, Finn Hågen Krogh a seulement commenté, au micro de TV2, qu’il serait ravi de faire partie du relais olympique. « C’est mon objectif et je serais content de prendre la position de quatrième relayeur mais il y a trois autres places à prendre aussi et il est trop tôt pour vraiment savoir qui y sera », conclut Krogh.
La maladie s’empare de l’équipe nationale
Marit Bjørgen, Martin Johnsrud Sundby, Øysten Pettersen, Eirik Brandsdal : tous dernièrement ont eu en commun plus que leur carrière en ski de fond. Ces quatre athlètes sont en effet tous tombés malades au cours des deux dernières semaines.
- Cette série noire a commencé avec Øysten Pettersen, retombé dans ses problèmes datant d’il y a deux ans et qui, à l’époque, lui avaient valu une hospitalisation. « Mon corps me dit de ralentir le rythme alors je dois l’écouter, explique-t-il à VG. Je sais un peu plus comment ça fonctionne car c’est déjà arrivé mais je suis incapable de dire quand je reviendrai en compétition, la dernière fois ça avait duré un an. » Le fondeur espère tout de même qu’il s’en sortira mieux cette fois en ralentissant seulement le rythme, ne préférant pas penser à une possible retraite anticipée.
- Du côté d’Eirik Brandsdal, le problème est tout autre : le sprinteur ne sait pas de quoi il souffre. Il a donc été privé du camp d’entraînement de Val Senales en attendant les résultats de tests sanguins. « J’ai eu plein de petits problèmes, de maladies pendant la saison, confie Brandsdal au quotidien VG. Mon corps ne répond pas correctement et je ne sais pas pourquoi. Il était plus sage de ne pas aller au camp d’altitude en Italie. » Le Norvégien reste tout de même optimiste, avec en ligne de mire le sprint classique des Jeux Olympiques en février.
- Tout comme son coéquipier, Marit Bjørgen n’a pas pu prendre part au début du stage à Val Senales. Si elle va mieux, des streptocoques causant une inflammation bactérienne à la gorge l’ont empêchée de s’y rendre pour la première semaine de stage. « Pour un séjour en altitude, il faut être à 100%, c’est pour ça que son arrivée a été retardée », explique l’entraîneur national Hjelmeset. Il lui a donc établi un programme revisité pour qu’elle puisse rattraper celui de ses compatriotes petit à petit, sans s’affaiblir.
- Martin Johnsrud Sundby clôture cette série noire au stage de Val Senales. Après un début de stage à Val Senales idéal, le maillot jaune en titre a été pris de maux d’estomac… Et a été mis en quarantaine ! Pas question qu’il donne ses microbes à ses coéquipiers ou que sa maladie ne dure trop longtemps, le Norvégien a été isolé à l’hôtel. Heureusement pour Sundby, il a pu vite revenir à l’entraînement, voulant mettre toutes les chances de son côté à l’aurée de la saison olympique.
Klæbo, Northug pour modèle
En 2009, à 12 ans, Johannes Høsflot Klæbo n’avait qu’une idée en tête : devenir joueur de football professionnel. Et puis, en février, aux mondiaux de ski de Liberec, tout a changé pour lui. Là, Petter Northug Jr. a remporté trois médailles d’or sur le 30 km skiathlon, le 50 km et le relais tandis qu’Ola Vigen Hattestad empochait les titres du sprint et du team sprint. Et en voyant ces compétitions et les victoires de Northug, Klæbo a décidé qu’il serait finalement une star du ski de fond en devenant comme le « Mosvik Express ». « Le football a longtemps été mon rêve mais je suis devenu passionné par le fond quand j’ai vu à quel point c’était incroyable : la tactique, la technique, tout. C’était un tout, » explique le jeune fondeur au quotidien Dagbladet. Et d’ajouter : « Petter a été un modèle pour moi, la façon dont il a révolutionné le ski à cette époque. »
Klæbo s’est alors engagé sur la voie du ski de fond. Avec son grand-père comme entraîneur et plus grand admirateur. « Ca a été crucial pour moi qu’il soit là, il me connaît bien et sait ce qu’il fait. Il représente tout pour moi », confie le Norvégien. Résultat : toujours investi dans ce qu’il fait avec son grand-père qui lui facilite sa vie, Klæbo est vu comme l’une des plus grandes stars à venir du fond norvégien.
Jacobsen, handicapée par l’héritage de Bjørndalen ?
En février prochain, Astrid Jacobsen espère être élue au poste de représentante des athlètes des sports d’hiver auprès du CIO (Comité International Olympique). Le dernier norvégien à avoir occupé ce poste est Ole Einar Bjørndalen mais, faute de temps et après avoir choisi de continuer sa carrière, il avait démissionné. « Je crois que cela peut m’handicaper face aux autres, confie la fondeuse au micro de la NRK. Je dois donc faire du vraiment bon travail et j’espère qu’on me fera confiance. » Extrêmement motivée, la Norvégienne a réellement envie de s’investir au sein du CIO pour donner une voix aux athlètes des sports d’hiver, les impliquer dans les choix et être une vraie passerelle entre eux et l’instance olympique.
En plus du handicap apporté par son compatriote biathlète, Jacobsen est aussi consciente de venir d’une petite nation et d’un petit sport à l’échelle olympique et mondiale. En ayant comme adversaire une autre fondeuse, Kikkan Randall, américaine de surcroît, la difficulté n’est que plus grande pour Astrid Jacobsen.
La jeune femme de 30 ans ne baisse pourtant pas les bras et espère être élue, promettant de s’investir réellement dans son nouveau rôle si elle est élue par les autres athlètes lors des JO 2018.
Le ski : une affaire de sécurité aussi
Des experts du droit se sont penchés sur la question de l’assurance des athlètes norvégiens. Et leur bilan est affolant : des centaines d’athlètes prennent de gros risques sans le savoir car leurs fédérations ne les protègent pas correctement. « C’est un scandale, nous sommes en 2017 et je ne crois pas que les athlètes soient conscients du risque qu’ils courent », commente Joachim Walltin dans les colonnes de VG. Le ski alpin, le ski de fond et le saut à ski sont les plus mauvais élèves d’après le directeur du NISO, l’association norvégienne des athlètes. Contrairement au football, au hockey ou au handball, les skieurs ne font pas partie de clubs et donc ne sont pas couverts contre les accidents du travail. Plus d’une centaine de skieurs seraient concernés, à l’instar de Didrik Tønseth qui est tombé en ski-roues et souffre toujours d’une blessure à la tête. « Ca n’a aucun sens, réagit un avocat. Si les athlètes n’ont pas pris eux-même une assurance privée, ils sont réellement mal protégés. »
L’avocate de la fédération norvégienne de ski, Anne-Lise Rolland a réagi en affirmant qu’il était impossible pour la fédération de contracter une assurance contre les accidents du travail. « Mais nous restons ouverts à des réévaluations », a-t-elle assuré dans un mail à VG. De son côté, l’association NISO rejette cet argument, donnant l’exemple tout récent de l’équipe de combiné nordique.
Récemment, ils ont reçu, après de multiples négociations soutenues par la NISO, une somme d’argent pour contracter des assurances pour les athlètes de l’équipe nationale. Ils sont donc désormais couverts en cas d’accidents au travail. Jørgen Graabak, lors de l’annonce de la mise en place de cette assurance, s’est dit ravi et rassuré au micro de la NRK : « maintenant, nous sauterons sur les tremplins avec plus de sécurité. » Cette assurance prend entre autre en charge les pertes de revenus lors de l’accident mais aussi futures ainsi qu’en cas d’interruption de carrière. « Nous avons vécu les problèmes du précédent système et nous pensions qu’il fallait faire mieux, c’est pour ça que nous nous sommes battus », explique Graabak.
La NISO espère que les autres disciplines des sports d’hiver pourront profiter de la même sécurité.
Mission matelas
Qu’est-ce qui est important pour un athlète afin de remporter la victoire ? Le sommeil. Et les Norvégiens prennent ce problème très à cœur. Hors de question que leurs champions, déjà possiblement mis à mal par le décalage horaire, dorment mal en Corée du Sud lors des Jeux Olympiques. La fédération a donc d’ores et déjà envoyé des matelas de luxe dans les hôtels coréens, en prévision de la venue de ses athlètes à Pyeongchang en février. « Je vais aussi amener mon oreiller, ajoute Emil Iversen. C’est important de bien dormir pour bien récupérer et si ça peut nous donner un avantage… »
En prime, les Norvégiens voyageront avec leur propre chef cuisinier qui les accompagne aussi lors de leur stage à Val Senales en Italie. Le but ? Ne pas dépayser les fondeurs et éviter de possibles maladies ou méformes liées à la nourriture différente de chez eux.
Le mot d’ordre, en résumé, est simple : faire venir la Norvège en Corée et surtout le confort des athlètes pour qu’ils se sentent comme chez eux et n’aient qu’une préoccupation en tête : rapporter des médailles olympiques.