CHRONIQUE – Avec Vu de Norge et nulle part ailleurs, retrouvez toute l’actualité nordique norvégienne.
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Kokslien tire sa révérence
Les spectateurs du combiné d’Oslo ont peut-être assisté à quelques scènes des plus étranges ce week-end. Une enfant qui abaisse le drapeau pour laisser les sauteurs s’élancer ? Ce même bébé franchissant la ligne d’arrivée dans les bras de son père ? Un combiné qui, loin d’avoir fait le meilleur saut, a le droit de garder tout au long du concours le fauteuil de leader ?
Tout cela en l’honneur de Mikko Kokslien. A 32 ans, le champion norvégien a décidé de mettre un terme à sa carrière au plus haut niveau. « Ça n’a pas été facile de prendre cette décision, ça fait presque 30 ans que le combiné est ma vie, c’est beaucoup d’émotions même si je suis sûr de moi », avoue Kokslien en interview.
S’il n’a pas été aux Jeux olympiques de Pyeongchang, le combiné a tout de même un beau palmarès avec 7 victoires individuelles en coupe du monde, cinq médailles aux mondiaux et une 2e place au général derrière Jason Lamy-Chappuis en 2011.
Ses capacités de fondeur ont marqué les esprits mais son niveau de saut, souvent trop loin des meilleurs, ne lui a jamais permis d’aller chercher un globe.
« C’était incroyable de finir ici, commente Kokslien, extatique. Vous auriez dû voir l’ambiance à Frognerseteren, c’est juste tellement d’émotions. Je suis tellement content d’être à Holmenkollen, d’y avoir fait mon dernier saut et ma dernière course. Mais il est temps, je ne suis plus assez motivé pour être le meilleur. » « Il va nous manquer, c’est vraiment un super coéquipier, très drôle », réagit Jarl Magnus Riiber.
Rørende øyeblikk ? Mikko er det man kan kalle hel ved. Du vil bli savnet! https://t.co/3ykFM83iEy pic.twitter.com/V1lNOLePxd
— Kombinertlandslaget (@KombinertNorge) 10 mars 2018
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Krogh n’ira pas à Falun
21 minutes. C’est le temps qui séparait Dario Cologna, vainqueur du 50km d’Oslo, de Finn Hågen Krogh, bon dernier de la course. En difficulté presque toute la saison après plusieurs épisodes de maladie, le Krogh qui avait offert la victoire au relais de Lahti 2017 n’a pas beaucoup existé ces derniers mois. « J’ai décidé de finir ma course par fierté, je déteste abandonner », explique Krogh à la NRK, dernier média à l’avoir attendu en zone mixte à Oslo.
Pour le fondeur, la raison de ses déconvenues tiendrait à son passage de l’équipe de sprint à l’équipe toute distance. Une diversification forcée qui ne lui a pas fait du bien, ni en sprint ni en résultat des courses de distance. « Je suis même un peu déprimé depuis qu’on m’a pris comme réserviste et que je n’ai pas couru aux JO, avoue l’athlète. C’est forcément comme ça quand on nous enlève ce pour quoi on a travaillé si dur. »
Avec toutes ces déceptions, Krogh a décidé qu’il n’irait pas à Falun pour les finales de la coupe du monde. « Mais je pense être à Alta pour les championnats nationaux », sourit le Norvégien qui ne laisse tout de même jamais tomber.
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Northug en équipe nationale ?
Petter Northug Jr. avait annoncé son retour sur les championnats nationaux norvégiens en avril. Finalement, il a repris part aux compétitions dès ce week-end. Il a terminé 19e de l’Engadin marathon en Suisse, course de 42km, à seulement 5 secondes du vainqueur après s’être battu en tête tout au long de la compétition.
Un signe prometteur alors que le fondeur pratique toujours la politique du silence radio dans les médias depuis décembre, ne s’exprimant que par son compte instagram.
Mais au-delà de ce résultat encourageant, une question se pose : Petter Northug Jr. reviendra-t-il dans le giron de l’équipe nationale ? Pour les experts TV2, ce serait peut-être la meilleure option si le Norvégien veut revenir au sommet.
Dans ce cas, Northug devra faire ses preuves et tout donner pour prouver qu’il mérite sa place plus que ses compatriotes qui ont eu de meilleurs résultats dernièrement. « Mais il semble avoir envie de revenir, ce n’est plus comme il y a 5 ans quand il a créé son équipe parce qu’il ne s’entendait plus avec la fédération, analyse TV2.
En revanche il n’est plus en position de négocier quoi que ce soit. Soit il revient en équipe nationale, soit il devra faire ses preuves à Beitostølen en novembre et il n’aura pas le droit à l’erreur. »
Marit Bjørgen a elle aussi réagi sur ce sujet lors d’une conférence de presse à Oslo. « Je serais vraiment surprise qu’il revienne dans l’équipe nationale, je ne crois pas que Petter soit le genre à décider quelque chose puis à retourner en arrière en rampant », dit-elle. Si Bjørgen n’a pas parlé à son ancien coéquipier depuis décembre et l’étape de Lillehammer (seule coupe du monde à laquelle Northug ait participé cette saison), elle croit en revanche en son potentiel et ses capacités de revenir à son meilleur niveau. « Les rumeurs disent qu’il s’entraîne de nouveau, comme avant, avec la même intensité alors je suppose que c’est bon signe et qu’il est motivé, ajoute Sundby. Et j’aimerais beaucoup qu’il revienne dans l’équipe, je crois que ce serait la meilleure solution pour lui. »
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Vers une tournée de saut féminine
Holmenkollen est la seule épreuve où les sauteuses à ski peuvent faire leurs preuves sur grand tremplin. Elles ont bien sûr encore moins droit de sauteur sur les tremplins de vol.
Avec une Maren Lundby impressionnante, la Norvège a pourtant envie d’aider l’effort des jeunes athlètes pour avoir les mêmes opportunités que leurs homologues masculins. Une version féminine du Raw Air pourrait bientôt être organisée. Une Tournée qui serait facilitée par les nouvelles décisions de la FIS.
Walter Hofer, directeur du saut à la FIS, a en effet révélé aux médias qu’il avait déposé une proposition d’amélioration de la coupe du monde de saut des femmes : il aimerait qu’au plus vite, il n’y ait plus de limitation dans la hauteur des tremplins sur lesquelles elles concourent. « Nous sommes prêts pour la prochaine étape », assure Hofer. « Je suis un peu surprise que ça aille si vite mais je suis ravie », déclare Maren Lundby, interrogée par la NRK.
« Je suis très impatient d’y être et de voir ça, réagit Alexander Stöckl, entraîneur de l’équipe masculine norvégienne. Maren va être un de nos meilleurs espoirs de victoire, l’an prochain encore et c’est bien de savoir que la famille du saut va pouvoir s’agrandir par cette nouvelle décision. » Clas Brede Bråthen est lui ravi de l’image que la Norvège donne d’elle : celle d’un pays à la pointe des innovations et l’un des leaders du saut en étant la première nation à offrir une Tournée des tremplins féminine.
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Silje Opseth, la Annette Sagen du combiné
Anette Sagen a été l’une des premières sauteuses à ski à se battre pour avoir les mêmes opportunités et les mêmes compétitions que les garçons. Elle a eu gain de cause puisque les femmes ont désormais une Coupe du monde, une épreuve olympique mais aussi une aux mondiaux et bientôt une Tournée et des compétitions sur grand tremplin.
Silje Øpseth, elle, aurait voulu être la Anette Sagen du combiné nordique. Mais à 18 ans, et depuis 3 ans au plus haut niveau du saut, la Norvégienne a quelque peu renoncé à cet espoir alors que le combiné féminin devrait faire son entrer aux JO 2022 à Beijing. A 15 ans, elle était pourtant la meilleure mondiale de la discipline. « C’est vrai que s’il y avait eu alors des compétitions en coupe du monde, j’aurais choisi cette voie, mais ce n’est pas le cas, explique Øpseth à la NRK. Je ne dis pas que c’est impossible mais les chances sont vraiment réduites. »
En revanche, elle reste ravie du bond en avant fait pour le combiné féminin : « c’est tellement important pour le combiné et le sport en général alors j’espère que d’autres filles vont se battre pour le rêve que j’avais », sourit la Norvégienne.
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Une capsule de bière traîtresse ?
Le 50 km d’Oslo ce week-end était le premier femmila de Johannes Høsflot Klæbo. Manque de chance, après quelques kilomètres, le fondeur chute et ne reviendra jamais sur la tête de course, terminant 40e.
« Apparemment, j’ai dû glisser sur quelque chose comme une capsule de bière, explique Klæbo. Ça a fait une énorme marque sous mon ski et après, je n’avançais plus. Ca m’a démotivé mais il faut être honnête : je n’étais pas le meilleur et je n’étais pas au meilleur de moi-même. » Plus de peur que de mal tout de même, le Norvégien de 21 ans pourrait aller chercher le gros globe de cristal le week-end prochain à Falun.
En revanche, à Holmenkollen, les dégâts ne se sont pas arrêtés là. La police norvégienne a ainsi déclaré qu’après la grande course de l’année à Oslo, il y a eu plusieurs bagarres, des arrestations en état d’ébriété et un certain nombre de personnes retrouvées marchant sur les voies de métro.
Daniel Rickardsson préfère en rire : « c’est totalement fou, déclare-t-il à Dagbladet. C’est unique, c’est si difficile mais en même temps si cool. » Pourtant, le Suédois n’a pas été épargné par ces incidents. Des spectateurs norvégiens lui auraient ainsi jeté de la bière pendant la compétition. « Ce n’est pas si grave, ils s’amusent et on doit s’y attendre quand il y a tant de monde », relativise Rickardsson.
Et c’est un peu pour cette raison que Klæbo pense désormais sérieusement à se diversifier pour être capable de gagner un 50k m : quel effet cela doit faire de s’imposer devant une telle foule, sur l’une des épreuves les plus dures de la saison !
https://www.youtube.com/watch?v=1wsXDBTgTNo
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L’appel du bonhomme de neige
Birgit Skarstein, grand espoir de médaille en fond aux Jeux Paralympiques, n’a pas eu un début de semaine facile. « J’aurais dû travailler sur ma relation avec les tas de neige avant de venir ici », blague l’athlète. En entraînement puis en compétition, la Norvégienne a en effet chuté en heurtant un tros gros tas de neige sur la piste. « Je ne vais quand même pas abandonner pour ça », rassure Skarstein.
Avec le réchauffement à Pyeongchang, son cas est loin d’être isolé : tous les athlètes se méfient de cette neige plus chaude que lors des JO il y a quelques semaines. La fondeuse reste tout de même optimiste quant à ses chances de médaille sur le sprint puis sur le 5 km.