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Northug à la retraite ?
Il a surpris la semaine dernière en annonçant en conférence de presse que cette saison était peut-être sa dernière : Petter Northug Jr. avoue réfléchir sérieusement à la retraite.
Après deux années difficiles et une perte de motivation depuis les Mondiaux 2011, le fondeur affirmait être de retour et prêt à en découdre cet hiver.
Pourtant, avant les courses de Beitostølen, il a annoncé qu’il n’irait pas à Kuusamo et n’apparaîtrait peut-être pas sur le circuit coupe du monde avant Noël, préférant se rendre en Norges Cup et en coupe scandinave à Gålå puis à Östersund pour reprendre ses marques.
Pour Arild Monsen, entraîneur de l’équipe de sprint nationale, Northug est assez motivé et entraîné pour réussir son pari et il assure être optimiste. Contrairement au principal intéressé. « Ça me semble déjà improbable d’aller en coupe du monde avant Noël ou même sur le Tour de Ski, avoue Northug à la NRK. Je suis très pessimiste sur mes chances de réussite, je n’ai pas assez pu m’entraîner et je ne suis pas assez en forme, je me connais assez pour le savoir. »
Si cette sombre prophétie se réalise, le fondeur de Mosvik annonce déjà qu’il mettra sûrement un terme à sa carrière, peut-être même avant la fin de l’hiver. « Je rencontre les mêmes difficultés depuis plusieurs années et au bout d’un moment, ça ne sert à rien de continuer », affirme-t-il, ajoutant que si le début de saison se passe mal, il y a à peine 1% de chance de le voir sur le circuit lors de l’hiver 2019/2020.
Mais si Northug assure être sérieux, certains de ses coéquipiers en doutent. « Je crois qu’il est un peu énervé et qu’il ne le pense peut-être pas, déclare Emil Iversen. En tous cas, il ne m’en avait jamais parlé. Mais s’il est sérieux, alors j’aiderai à planifier une énorme fête de départ. »
Pour son ami de longue date, l’enfant terrible de la discipline se fiche d’une victoire en coupe du monde ou au Tour de Ski et veut seulement ramener des médailles de Seefeld, ce qui est encore une possibilité. Il n’aurait donc aucune raison d’arrêter avant Noël. « Il est impossible de savoir s’il plaisante ou non, affirme quant à lui Finn Hågen Krogh. Il a révolutionné le ski norvégien et je comprends qu’il soit difficile de se motiver quand la forme n’est pas là mais ça peut vite revenir et c’est ce qu’on espère pour lui. Ensuite, il devrait parier sur le sprint pour Seefeld. »
Niklas Dyrhaug tient le même discours, ajoutant qu’il est l’un des plus grands fondeurs des temps modernes.
Eckhoff surprend
Tiril Eckhoff, souvent l’une des plus rapides sur les skis en coupe du monde de biathlon, a décidé de s’aligner au départ du sprint de fond de Beitostølen. Et elle a tenu la dragée haute à toutes ses adversaires, allant même jusqu’à terminer au pied du podium, seulement dépassée par Maiken Caspersen Falla, Kristin Stavås Skistad et Lotta Udnes Weng. Interrogée par la NRK lui demandant si elle pensait à faire plus de courses de fond, Eckhoff a répondu : « je ne crois pas que les fondeuses verraient d’un bon œil une biathlète évoluer parmi elles. »
La Norvégienne est en effet persuadée que ses adversaires d’un week-end n’apprécieraient pas qu’elle aille ensuite dire qu’une biathlète peut skier aussi vite que les fondeuses de haut niveau.
De son côté, Vidar Løfshus, directeur des équipes de fond norvégiennes, a offert à Eckhoff la possibilité, si elle le souhaitait un jour, de changer de discipline. « Personnellement, j’ai hâte de voir ce qu’elle va faire le week-end prochain sur les courses de biathlon de Sjusjøen ! a réagi Maiken Caspersen Falla après sa victoire. Elle a été impressionnante sur les skis aujourd’hui. »
Dernière saison pour Jacobsen ?
Vendredi, avant de se rendre à Beitostølen, la NRK a retrouvé Astrid Uhrenholdt Jacobsen sur les pistes d’Holmenkollen, sous la pluie.
« C’est un bon moyen de tester sa motivation que d’aller s’entraîner par ces conditions, plaisante la fondeuse. En tous cas, je suis en forme alors c’est déjà ça. »
Pourtant, la motivation de la Norvégienne pourrait être mise à rude épreuve l’an prochain avec la perspective d’une saison sans grand événement. Elle-même reconnaît qu’elle n’est pas sûre d’avoir la motivation nécessaire pour revenir en coupe du monde l’an prochain. « Néanmoins, je pense qu’il est inutile de prendre une décision avant la fin de l’hiver, précise Jacobsen. Mais j’admets que je commence à compter les années, j’ai aussi d’autres projets… »
Une chose est sûre, pourtant : si c’est sa dernière année en tant que fondeuse de haut niveau, la jeune femme de 31 ans compte bien en profiter au maximum. Son entraîneur personnel, Dag Kaas, pense quant à lui qu’il est fort possible que sa protégée s’arrête à la fin de l’hiver et range les skis. « Je crois que ça lui donne une motivation supplémentaire avant le début de la saison », ajoute-t-il.
Le grand objectif de Jacobsen, comme ses coéquipières, sera d’aller prendre des médailles aux mondiaux de Seefeld. En attendant, elle a déjà terminé 4eet 6eà Beitostølen, des résultats prometteurs.
Les fondeurs mécontents s’expriment
Abandon du skiathlon en coupe du monde, peu de courses classique au programme de la saison 2018/2019, ces décisions de la FIS ont fait grincer les dents des puristes du ski de fond.
Certains athlètes norvégiens ont réagi dans les colonnes de Dagbladet, quelques jours avant l’ouverture de la saison à Kuusamo.
« C’est injuste qu’il y ait tellement peu de courses classiques, ça devrait être du 50/50 pour que tout le monde ait les mêmes chances de remporter le gros globe, commence Heidi Weng. Je crois aussi que c’est idiot de retirer le skiathlon, c’est un format amusant et avec du spectacle. »
Son compatriote Niklas Dyrhaug est du même avis. Pour lui, il aurait été facilement possible de créer un calendrier plus équilibré proposant des compétitions de skiathlon et de classique. « Je crois qu’on fait un pas en arrière par rapport aux saisons précédentes », ajoute Dyrhaug.
Finn Hågen Krogh, lui, essaie de proposer des solutions : « s’ils trouvaient le skiathlon trop long, on aurait pu le réduire à un 20 km et ça permettrait même un plus grand spectacle ! » Le seul skiathlon de la saison étant celui des Mondiaux de Seefeld en février, les fondeurs notent aussi qu’il sera difficile pour les entraîneurs de choisir quelle équipe aligner sur le départ puisqu’il n’y aura eu aucun test en situation réelle.
« Pour ma part, j’aimerais qu’il y ait autant de courses classiques que skate, ce serait plus juste », réagit Therese Johaug alors que Ingvild Flugstad Østberg se fait plus véhémente : « c’est le premier pas vers la disparition du skiathlon alors que ça permet de pratiquer les deux styles, c’est idiot ! » dit-elle.
D’autres, essaient au contraire de comprendre. « Il faut penser aux intérêts des pays non-scandinaves qui n’ont pas les pistes pour organiser un skiathlon, rappelle Maiken Caspersen Falla. Je le comprends même si c’est un exercice agréable. » La FIS souhaite aussi renouveler la discipline, quitte à pénaliser les courses classiques. « Une épreuve avec deux styles demande aussi de plus gros moyens en fartage, en technicien et en neige alors qu’on en manque ces derniers temps », conclut Ragnhild Haga.
Une seule solution : les fondeurs spécialistes du classique vont devoir perfectionner leur technique skate. Et pour les mécontents, dès l’an prochain, Lillehammer devrait organiser tous les ans un skiathlon, même si la ville norvégienne doit perdre son mini-tour au passage.
Prendre du poids ou raccourcir ses skis ?
La FIS, voulant lutter contre le risque d’anorexie chez les sauteurs à skis a décidé de changer sa réglementation cet été. Désormais, les sauteurs seront pesés sans leur équipement et devront donc soit prendre 1,5 kg ou couper environ 4 cm de leurs skis.
La FIS veut aussi, avec cette nouvelle règle, s’assurer que les athlètes les plus légers ne sont pas trop avantagés. Les Norvégiens, eux, ont choisi de couper leurs skis. « Je crois que la règle devrait être durcie, réagit Johan Remen Evensen, ancien sauteur qui a décidé de prendre sa retraite pour des questions de poids entre autres. Il faut des mesures qui punissent plus durement ceux qui sont légers et donc sautent plus loin plus facilement. »
Pour Evensen, le choix d’Alexander Stöckl et ses hommes de couper leurs skis plutôt que de prendre du poids prouve que le calcul actuel du ratio poids/longueur de ski n’est pas adapté. « Il faudrait encore durcir ce règlement pour qu’il soit plus avantageux de prendre du poids que de couper les skis », continue-t-il.
D’après Stöckl, entraîneur des Norvégiens, la FIS prend déjà des décisions qui vont dans cette direction : « je crois que tout le tableau d’équivalences poids/longueur de skis doit être revu et ajusté l’an prochain », confie l’Autrichien. D’après lui, les autres équipes devraient elles aussi couper leurs skis puisqu’il est plus facile de s’adapter à des skis plus courts qu’à une prise de poids qui oblige à modifier sa technique. Mais, à terme, cette solution devrait ne plus être viable, suivant le souhait de la fédération internationale de ski.
Vikersund doit réduire sa pente
Pour le moment, Vikersund ne figure pas au calendrier de la coupe du monde de saut à ski, la FIS ne lui ayant pas délivré le précieux certificat de conformité. Si les organisateurs veulent régler cet épineux problème avant le Raw Air en mars, la pente du tremplin devra être revue pour être adoucie.
Une décision pas évidente à prendre puisque, de l’avis des sauteurs norvégiens, cela pourrait empêcher à l’avenir d’améliorer le record de distance qui date de 2017 lorsque Stefan Kraft s’est reposé à 253.5m sur le tremplin de Vikersund. « Je crois qu’ils veulent plus de sécurité, contrôler les sauts longs », réagit Johann Andre Forfang au micro de la NRK.
L’objectif serait aussi d’offrir plus de possibilités à tous les sauteurs de gagner et de ne pas avoir de trop gros écarts de distances. Mais si l’équipe norvégienne aimerait toujours voler plus loin, ils rêvent aussi de revoir Vikersund au calendrier de la coupe du monde. « Terminer le Raw Air sur le plus grand tremplin du monde, c’est magique », explique Robert Johansson. « Le Raw Air est un succès pour nous, pour le public et ce serait intéressant de voir si c’est toujours le cas sans Vikersund », conclut quant à lui Forfang.