CHRONIQUE – Avec Vu de Norge et nulle part ailleurs, retrouvez toute l’actualité nordique norvégienne.
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Kristian Hammer quitte l’équipe de combiné
Kristian Hammer, ancien combiné nordique et depuis 2016 directeur sportif de l’équipe de combiné norvégienne, a annoncé la semaine dernière qu’il avait refusé la prolongation de son contrat à la fédération de ski. « C’est une décision difficile à prendre, réagit Hammer dans les médias. Mais je veux être plus présent pour ma famille. »
Le Norvégien met donc un terme à sa carrière au sein de la fédération après une très belle dernière saison où Jarl Magnus Riiber a ramené le gros globe de cristal après 20 ans de disette dans l’équipe. En conséquence, la fédération voulait le garder à ses côtés jusqu’aux Jeux olympiques 2022 de Beijing.
« Nous voulions bien sûr continuer avec lui, c’était notre priorité, explique Ivar Stuan, chef du combiné norvégien. Depuis 3 ans, il a participé à la construction de cette nouvelle équipe, il a été très important dans le processus qui nous a amené à cette saison. »
Désormais, la fédération doit chercher un nouveau directeur sportif et Stuan a admis se tourner vers l’international, le fond et le saut et pas seulement le combiné norvégien. Hammer, lui, s’en va non sans souhaiter le meilleur à son équipe : « j’espère qu’ils garderont le niveau de cette année dans les saisons à venir, je n’ai jamais regretté d’avoir accepté ce poste mais pour le moment, je n’ai encore rien décidé quant à mon futur », termine le Norvégien.
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Emil Iversen : objectif maillot jaune
En début de saison, Emil Iversen a réussi à enfiler le maillot jaune de leader de la coupe du monde. S’il l’a perdu ensuite en n’allant pas sur plusieurs courses, il a pourtant pris goût à être premier au général. Et l’année prochaine, il compte bien remporter le gros globe de cristal.
Après avoir mis en avant son esprit d’équipe lors de l’étape finale à Québec où il s’est assuré que Johannes Klæbo pourrait aller chercher le titre face à Alexander Bolshunov, le Norvégien tient aussi à souligner lors d’une interview à Dagbladet qu’il est plus qu’heureux de finir la saison avec de bons résultats.
« Tout ce qui comptait, c’était que nous gardions le maillot jaune, explique-t-il. Mais je suis aussi fier de mes performances. J’ai atteint de nombreux objectifs en gagnant aux championnats nationaux et en prenant deux titres à Seefeld. J’ai aussi eu de très bons résultats sur la coupe du monde. » Mais tout cela ne suffit plus. « Désormais, je veux me battre pour le général, confie Iversen. Cette année, ce n’était pas ma priorité et j’ai donc manqué des courses mais ça ne sera pas le cas l’an prochain. Je sais maintenant comment tenir au plus haut niveau sur toute une saison et ça me met en confiance, ça me motive. »
Pour réussir à gagner le gros globe, Iversen a aussi assuré qu’il resterait dans l’équipe toutes distances plutôt que de rejoindre de nouveau l’équipe sprint. Et ses coéquipiers, à l’instar de Johannes Høsflot Klæbo, ne s’y trompent pas : le fondeur sera un redoutable adversaire la saison prochaine.
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Un nouveau Bjørgen
Il y a trois ans, Marit Bjørgen accouchait d’un petit Marius. Ne voulant plus être séparée de son fils, ne trouvant plus la motivation nécessaire à aller enchaîner de nouveaux records, la Norvégienne prenait sa retraite à la fin de la saison olympique 2018.
En octobre dernier, elle annonçait qu’elle était de nouveau enceinte… Et la famille Bjørgen-Lundberg a accueilli samedi 23 mars un petit garçon, deux jours après l’anniversaire des 39 ans de la fondeuse. Fred Børre Lundberg, ancien combiné nordique et mari de Marit Bjørgen a confirmé l’information dans les médias, assurant que l’enfant et la maman se portent bien. Le prénom du bébé n’est pas encore connu mais peut-être, comme pour Marius, les parents seront-ils inspirés par les cadeaux qu’ils ont reçus ?
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Les champions de Norvège
Comme en France, les championnats nationaux de Norvège se sont tenus ce week-end.
En combiné nordique, les tous meilleurs du pays s’affrontaient sans Jarl Magnus Riiber, malade. Jørgen Graabak en a profité pour s’imposer vendredi devant Magnus Krog. Chez les filles, la jeune Gyda Westvold Hansen a remporté le titre national à seulement 16 ans après un très beau saut. Elle avait aussi remporté le titre féminin en novembre dernier et à la fin de la saison 2017/2018.
Du côté du ski de fond, Therese Johaug l’a logiquement emporté sur le 5 km, empochant ainsi sa 11e médaille nationale en or. Elle devance d’à peine quelques secondes Ingvild Flugstad Østberg et Astrid Uhrenholdt Jacobsen.
Sur le 10km, c’est Martin Johnsrud Sundby qui s’impose devant Hans Christer Holund et Didrik Tønseth. Le Norvégien, après sa course, n’a pas hésité à dire qu’il s’était inspiré des tactiques de son rival russe Alexander Bolshunov. Il a ensuite continué sur sa lancée en remportant le 50km classique, toujours devant Tønseth. Therese Johaug l’a imité en s’imposant sur le 30km face à Østberg et Anna Svendsen.
Enfin, dernière discipline en compétition : le biathlon. Le jeune Sindre Pettersen a remporté le sprint devant Tarjei Bø et Erlend Bjøntegaard. Sur les compétitions féminines, Hilde Fenne s’est imposée sur un sprint aux nombreux tours de pénalité devant Tonje Marie Skjelstadås et la jeune athlète de l’équipe junior June Arnekleiv. Elle ne réalisera ensuite pas la passe de deux sur la poursuite, remportée par Thekla Brun-Lie devant Karoline Knotten et Tiril Eckhoff, remontée depuis la 11e place.
Chez les hommes, Sindre Pettersen n’a pas fait mieux : il termine 5e, à plus d’une minute du vainqueur Tarjei Bø. Lars Helge Birkeland et Johannes Thingnes Bø complètent le podium. Dimanche, les biathlètes s’affrontaient enfin sur les relais.
Chez les femmes, l’équipe de Thekla Brun-Lie, Ingrid Landmark Tandrevold et Tiril Eckhoff représentant Oslo s’est imposée avec 1min45 d’avance. L’écart entre les équipes masculines était moins important : Ole Martin Erdal, Håvard Gutubø Bogetveit et les frères Bø ont remporté la victoire avec seulement 16 secondes d’avance.
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Johaug et Østberg les inséparables
Marit Bjørgen et Therese Johaug sont de grandes amies, à tel point que cette dernière avait essayé de convaincre sa coéquipière de continuer sa carrière de fondeuse. Mais l’amitié qui lie Therese Johaug et Ingvild Flugstad Østberg, elle, est bien moins connue et pourtant toute aussi forte. Après la victoire d’Østberg au général lors du week-end québécois, les deux jeunes femmes se sont confiées à la NRK.
« C’est spécial de voir Ingvild obtenir le gros globe, raconte Johaug. Nous nous entraînons beaucoup ensemble, aux camps mais aussi chez nous et nous vivons souvent dans le même lit. »
La fondeuse éclate de rire, précisant qu’en effet, même quand il y a deux lits dans la chambre, les deux athlètes préfèrent dormir ensemble. « Les gens de l’hôtel ont été étonnés et ils nous ont demandé si on savait qu’on avait deux lits, rit Østberg. Mais on préfère faire ça comme ça. »
Cerise sur le gâteau : en perdant face à Johaug sur la dernière épreuve du mini-tour canadien, Østberg a permis à sa compatriote de monter sur le podium du général de la coupe du monde. Si les deux fondeuses assurent qu’elles n’étaient pas au courant avant que la NRK ne l’annonce à Johaug, Fredrik Aukland en doute : « Ingvild est en meilleure forme que ce qu’elle a montré, il ne fait aucun doute qu’elles savaient ce qui était en jeu », assure-t-il. Mais même ce doute ne peut gâcher la fête : Østberg et Johaug sont bien trop heureuses d’avoir réussi ensemble et elles ne sont pas prêtes à se séparer.
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L’équipe norvégienne taxée ?
Les Norvégiens dominent le ski de fond depuis des années. Encore cette saison, s’ils ont été bousculés par les Russes, ils ont remporté les deux gros globes de cristal et deux petits globes (la distance féminine et le sprint masculin).
Ils ont aussi, chez les hommes, remporté tous les titres à Seefeld et chez les femmes tous les titres individuels mis en jeu. Un état de fait qui pourrait empêcher la discipline de se développer et d’attirer plus de spectateurs. « Ce n’est pas idéal pour le sport », lâche le Canadien Alex Harvey, interviewé par la NRK. Le fondeur est monté sur son premier podium il y a dix ans et, déjà, les Norvégiens dominaient le sport. « Dans les pays où des coupes du monde sont organisées, si on ne veut pas que l’intérêt disparaisse, il doit y avoir des coureurs à soutenir qui peuvent l’emporter », rappelle-t-il.
Et pour aider à développer les nouvelles générations dans ces pays, il faut des moyens que n’ont pas toujours les petites nations de la discipline. « J’ai toujours préféré voir le verre à moitié plein, confie Harvey. Oui, notre fédération est moins grande, nous avons moins d’argent mais en même temps, notre équipe est plus petite donc on va plus facilement sur les coupes du monde, on a un pourcentage de physiothérapeutes et de techniciens par athlète plus élevé… La Norvège a peut-être plus de techniciens par exemple mais ils ont aussi bien plus d’athlètes donc tout ça s’équilibre. »
Néanmoins, le Canadien soutient les efforts de la FIS pour proposer une plus grande équité de moyens. Il a même des propositions pour les y aider. « Peut-être faut-il s’inspirer des sports américains ? dit-il. On devrait fixer un budget pour l’année et s’il est dépassé, une taxe doit être payée. En baseball, les Yankees de New York utilisent plus que le budget autorisé par exemple et ils doivent donc payer une taxe. » Le fondeur met en avant qu’avec un plus grand budget, les équipes peuvent accéder à de meilleurs camps d’entraînement mais aussi embaucher plus de personnel pour aider les athlètes. Une limitation de budget permettrait une plus grande équité sur ces points.
Photo : Nordic Focus photo agency