CHRONIQUE – Avec Vu de Norge et nulle part ailleurs, retrouvez toute l’actualité nordique norvégienne.
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Iversen veut voir Johaug battue
Therese Johaug (NOR) – Modica/NordicFocus.
L’an dernier, la star norvégienne du ski de fond Therese Johaug n’a été battue qu’une fois sur une course de distance de coupe du monde, lors d’un 10 km classique au Canada. Stina Nilsson avait alors remporté la compétition avec 0,2 seconde d’avance.
Pour l’entraîneur de la Norvégienne, Ole Morten Iversen, c’est plutôt bon signe. « Si elle est plus souvent battue, cela la forcera à encore s’améliorer, affirme-t-il dans les colonnes de VG. Alors oui, d’une certaine manière, quand elle a perdu au Canada, j’étais content. Je crois que la concurrence s’accentue et c’est une bonne chose. »
Therese Johaug, elle aussi, se rend compte qu’il devient de plus en plus difficile de survoler les compétitions comme elle a pu le faire. « Je crois que beaucoup pensent que je dois continuer à être la meilleure mais ce n’est pas si simple, explique-t-elle. Il y a beaucoup de Tours, ce sera fatigant. » Dans le même temps, la pression sur ses épaules est moindre : elle ne revient pas d’une suspension et elle a refait ses preuves la saison dernière. Il n’y a donc aucun enjeu cette année pour elle. Pour ses concurrentes, en revanche, il s’agira de la faire tomber de son piédestal.
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Un sauteur de 14 ans impressionne
Les 21 et 22 septembre, le tremplin de Midtsuen à Oslo accueillait la coupe de Norvège. Dès le samedi, un jeune sauteur de 14 ans, Johannes Årdal, s’adjugeait le plus long saut du jour à 103.5 m et montait sur la 2e marche du podium.
Le lendemain, il réitérait l’exploit, 2e avec le 3e plus long saut à 106.5 m, à seulement 5 m du record d’été de Jarl Magnus Riiber. « C’est mon meilleur résultat en compétition, si on ne compte pas les entraînements », sourit Årdal au micro de VG. Il s’est aussi reposé à 110 m, le même week-end, lors d’un entraînement.
Mais si l’exploit est particulièrement impressionnant, c’est surtout parce que le jeune Norvégien n’habite pas juste à côté d’un tremplin et peut donc moins souvent sauter que ses concurrents. « Il a clairement une très forte motivation, il travaille plus que les autres athlètes de son âge, nous sommes impatients de voir ce qu’il fera à l’avenir », commente le directeur du développement de la fédération norvégienne, Tore Øvregård.
Pour lui, moins avoir l’opportunité de s’entraîner sur de vrais tremplins permettrait à Årdal d’être encore plus concentré sur chaque saut.
Anders Fannemel, sauteur de l’équipe nationale, pense lui aussi que son jeune compatriote a un brillant avenir devant lui. « C’est l’un des meilleurs de son âge, n’a-t-il pas peur d’affirmer. A mon avis, il devrait entrer dans une structure qui lui permettrait d’encore progresser, au contact d’autres jeunes sauteurs. »
Johannes Årdal voyagera bientôt avec l’équipe jeune de Lillehammer en Pologne, pour s’entraîner. L’objectif sur le long terme ? Rejoindre l’équipe nationale et la coupe du monde.
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Les fondeuses veulent s’impliquer pour le climat
Le discours de Greta Thunberg à l’ONU a beaucoup fait réagir ces dernières semaines. Les fondeuses de l’équipe nationale norvégienne ne sont pas restées de marbre face aux mots de la jeune activiste suédoise de 16 ans.
« C’est très courageux, je dois dire, réagit Therese Johaug au micro de TV2. A son âge, je ne pensais qu’à m’entraîner et à devenir la meilleure. »
Lotta Udnes Weng est du même avis. Jamais à 16 ans elle n’a eu de grandes opinions, de grand engagement. « C’est tout de même incroyable, renchérit Heidi Weng. Elle n’a que 16 ans et elle essaie déjà de faire réagir le monde entier. »
Mais les fondeuses ? Sont-elles touchées par le message d’urgence écologique porté par Thunberg ? « Oui et non, déclare Heidi Weng. Je fais de mon mieux, je trie mes déchets, j’en ramasse quand j’en vois en forêt mais on ne peut pas dire qu’on fait notre maximum : on voyage beaucoup, on prend l’avion, c’est mauvais pour l’environnement. »
Anna Svendsen est elle aussi très réaliste sur leur empreinte environnementale : « voyager autant, c’est mal mais si nous voulons courir, nous n’avons pas le choix, rappelle-t-elle. Alors oui, je fais au mieux mais je sais que je pourrais faire bien plus. »
Kristine Stavås Skistad, elle, pense sérieusement à acheter une voiture électrique pour améliorer son empreinte carbone.
Quant à Ingvild Flugstad Østberg et Therese Johaug, elles aimeraient inciter tout le monde à prendre plus soin de l’environnement. « C’est très important, insiste Østberg. Tout le monde doit essayer, je ne suis peut-être pas la meilleure mais nous devons tous faire de notre mieux. » Et Johaug de conclure : « tout le monde doit prendre ses responsabilités, le moindre petit geste peut faire la différence. »
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Landskampen : les moments difficiles d’une vie d’athlète
TV2 a lancé sa série Landskampen où 4 athlètes norvégiens affrontent leurs 4 rivaux suédois. Cette semaine, outre les duels habituels, la chaîne TV a diffusé un moment émouvant entre les Norvégiens. Northug, Eckhoff, Iversen et Johaug ont en effet évoqué la suspension de cette dernière et la mort de son amie Ida Eide, survenue il y a un an.
Espen Solli / TV
« Quand on est longtemps athlète de haut niveau, on est dans une bulle, commence Petter Northug Jr. Quand on est forcé de faire une pause, comme c’est arrivé à Therese, on a une nouvelle vision de la vie. On se rend compte qu’il n’y a pas que le ski, ça permet de voir qui nous soutient vraiment, de grandir. »
Johaug confirme l’analyse de son ancien coéquipier : « bien sûr, je ne me serai jamais relevée sans ma famille, mon compagnon et mes amis, commente-t-elle. Mais oui, je sais que le sport ne sera plus jamais comme avant pour moi. Et puis, je me suis rendue compte que la vie pouvait être très courte. » Une allusion à la mort de son amie Ida Eide, en septembre 2018 lors d’une course, alors qu’elle n’avait que 30 ans.
Tiril Eckhoff, en pleurs, tient à saluer la force de sa compatriote. « C’était l’anniversaire d’Ida quand nous avons tourné, explique-t-elle. Mais ce n’est pas seulement ça. Je pense à ce qu’a traversé Therese, toute seule, sa force, son courage. Elle s’est retrouvée sans rien et elle a perdu une de ses meilleures amies au même moment. Je pense que peu de personnes sont aussi fortes qu’elle », conclut Eckhoff, rappelant sa chance d’avoir pu participer au programme et partager toutes ces émotions avec ses compatriotes.
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Romøren parle de sa maladie
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En juillet, Bjørn Einar Romøren, ancien sauteur à ski et désormais chef du marketing à la fédération nationale de saut, annonçait aux médias souffrir d’un cancer à la hanche diagnostiqué au printemps : le sarcome d’Ewing, un type rare de tumeur qui touche d’habitude plutôt les enfants.
Il est désormais à mi-chemin de sa chimiothérapie qui doit durer 40 semaines et sur la bonne voie, bien déterminé à battre la maladie.
Mais ce n’est pas ce qui l’inquiète le plus désormais. « Quand j’ai appris que j’étais malade, on m’a dit que les soins prendraient un an, explique-t-il dans les colonnes du quotidien Dagbladet. Moi, je pensais à quand je pourrais retourner au travail et on m’a dit de prendre mon temps, qu’être malade, c’était un boulot à plein temps et ils avaient raison… »
Le Norvégien s’est donc résigné à ne revenir qu’une fois totalement guéri, sa place l’attendant bien au chaud.
Mais il tient à rappeler à Dagbladet que lui gagne bien sa vie. « J’ai de la chance, même si mon traitement dure un an, dit-il. J’ai assez d’argent mais il en serait peut-être autrement si j’avais dû me faire opérer comme c’était prévu, me faire retirer la moitié de la de hanche et un bout du dos. »
Il pense donc à tous ceux qui doivent arrêter leur travail pour cause de maladie pendant 6 mois ou un an. « C’est compliqué mais pas impossible mais si c’est deux ans ou plus, alors vous n’avez aucune aide et je pense que c’est très très difficile de payer les factures, de vivre, argue l’ancien détenteur du record du monde de saut. Il faut penser aux familles, aux patients. Leur apporter une plus grande aide financière. »
Romøren lance donc un appel pour que soit revu le système de santé norvégien et qu’il prenne en compte l’impact financier de la maladie pour les patients.
Le secrétaire d’Etat chargé de la question, Guro Angell Gimse, a tenu à répondre lui aussi à Dagbladet. « Le système norvégien, en termes de protection des revenus, est l’un des meilleurs au monde, assure-t-il. La première année, nous assurons 100% des revenus du malade et ensuite, jusqu’à 3 ou 5 ans, 66% des revenus mais je comprends que les malades doivent se réadapter à avoir des revenus moindres. Il faudrait peut-être leur fournir un accompagnement pour s’adapter le mieux possible à la situation. »
Photo : Nordic Focus