CHRONIQUE – Avec Vu de Norge et nulle part ailleurs, retrouvez toute l’actualité nordique norvégienne.
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Klæbo intéressé par le super sprint
Johannes Høsflot Klæbo a toujours été un sprinteur. C’est donc tout naturellement qu’il tente de se fixer un nouvel objectif : le super sprint.
S’il n’a pas pu faire le déplacement à Östersund, étant en stage avec son équipe à Sjusjøen, il a cependant avoué qu’il était intéressé par cette épreuve. Et pourquoi pas participer à celui de Dresde qui se déroulera juste avant l’étape de coupe du monde régulière ? « Si c’est ce qu’il veut, il devrait y être autorisé, estime Torgeir Bjørn, expert NRK. Après tout, comme ça, il sera déjà en place pour la coupe du monde qui suivra. Et puis, s’il est fatigué, il peut manquer le team sprint et reprendre seulement un jour plus tard avec le sprint individuel. »
Ludvig Søgnen Jensen, vainqueur à Östersund ce week-end, serait ravi d’affronter le maillot jaune de la coupe du monde de fond. « S’il veut venir, il doit le faire ! assure-t-il au micro de la NRK. Ce serait très cool de me mesurer à lui sur un super sprint. En plus, je crois que c’est bon pour la discipline de voir les meilleurs de la coupe du monde venir sur ce type d’épreuve. Beaucoup sont très bons sur le 100 mètres et ce serait un beau coup de pouce pour le super sprint qu’ils viennent sur cette épreuve. »
Klæbo, interrogé par les médias norvégiens, a révélé qu’il aimerait prioriser ce nouvel objectif. « C’est un concept excitant, c’est en ville, on peut avoir plus de participants et cela crée un nouvel intérêt pour le fond », explique-t-il. Pourtant, s’il veut participer à des super sprints cette saison, il ne devra pas compter sur le soutien de l’équipe nationale de fond norvégienne. « Ce n’est pas l’objectif de l’équipe contrairement à la coupe du monde et au Ski Tour scandinave, rappelle Espen Bjervig, manager du ski de fond norvégien. Mais si un athlète s’arrange pour participer à un super sprint, nous le laisserons faire. »
Alors, Klæbo participera-t-il à cette épreuve hors du commun, qui parle déjà de se dérouler à Londres ou New York ?
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Lundby en soufflerie
Comme Lindsey Vonn avant elle, Maren Lundby a un objectif clair : rivaliser avec les meilleurs de la coupe du monde masculine de saut à ski. « Mon objectif est de sauter aussi loin qu’eux, explique-t-elle à la NRK. Désormais, nous devons voir si c’est physiquement possible et comment c’est possible. »
C’est pour cette raison que la semaine dernière, elle s’est rendue dans une soufflerie pour tester différentes positions, différentes techniques de saut. Sur un ordinateur, les moindres détails sont analysés, rien n’est laissé au hasard. « On peut croire que ce n’est que du détail mais en réalité, cela peut nous faire gagner plusieurs mètres, de cinq à dix mètres même », révèle le responsable du projet Aero2022, Ola Elfmark.
Du côté de l’équipe masculine, on est impressionné par le zèle et la détermination de Lundby. « Elle ne fera pas des sauts aussi longs que ses compatriotes de l’équipe masculine du jour au lendemain, déclare Magnus Brevig, entraîneur adjoint, mais elle s’en rapproche peu à peu. Elle essaie, encore et encore et c’est la voie à suivre si elle veut y arriver. » Maren Lundby a décidé de prendre son compatriote Robert Johansson comme modèle de vitesse sur la rampe d’élan mais cela n’effraie pas le sauteur. « Si elle y parvient, ça voudra juste dire qu’elle saute extrêmement bien et alors, je travaillerai encore plus pour la battre de nouveau », conclut-il en souriant.
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Les gants de la discorde
Ils en parlaient déjà la saison dernière : les gants des biathlètes norvégiens ne leur conviennent pas. Dès qu’il fait un peu trop froid, leurs doigts s’engourdissent, les handicapant au moment du tir. « L’an dernier, j’ai utilisé cinq ou six paires différentes et ce n’est pas normal, révèle Johannes Thingnes Bø. Nous devons trouver une solution rapidement. » C’est l’une des raisons qui a retardé la signature des contrats des biathlètes : ils voulaient trouver une nouvelle solution à ce problème.
L’association de biathlon norvégienne a en effet signé un contrat avec Odlo. Mais leurs gants ne satisfont pas les athlètes qui, l’an dernier, ont décidé de porter des marques concurrentes. « Nous n’allons pas laisser s’envoler des médailles ou des victoires parce que nous avons froid aux mains ! » réagit Tarjei Bø. Résultat : certains ont été pénalisés.
Peu importe pour Lars Helge Birkeland qui préfère passer en dixième position sur la liste des choisis pour les étapes de coupe du monde que de céder.
Les athlètes ont d’ailleurs une solution toute prête : mettre les gants au même niveau que les skis, les bâtons ou les chaussures. Ils auraient alors le droit de passer des contrats privés et de choisir les gants qu’ils souhaitent. « Avoir un outil de travail satisfaisant est crucial pour nous, souligne Tarjei Bø. Il faut comprendre que tout le monde est différent : certains ont plus vite froid aux mains et on devrait donc être autorisé à faire nos choix pour être dans les meilleures conditions possibles. »
Du côté d’Odlo, on assure que les gants ont été changés pour la saison et développés avec l’aide de Johannes Thingnes Bø, son frère Tarjei et Tiril Eckhoff. Ils ont été testés cette semaine lors du stage à Trysil et des améliorations ont été notées. Mais certains ne sont toujours pas satisfaits. Les biathlètes norvégiens ont donc d’ores et déjà annoncé que s’ils n’étaient pas entièrement contents de leurs gants, ils n’hésiteraient pas à en changer malgré le contrat avec Odlo.
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La Norvège accueille le monde
Le combiné nordique est une petite discipline mais très complexe et qui demande des moyens.
La ski nordique, avec sa longue histoire dans le ski nordique, est bien évidemment une nation phare du combiné. Tout naturellement, elle est donc prête à aider les autres nations.
L’an passé, le dernier Suisse en combiné, Tim Hug, s’est entraîné en Norvège, avec l’équipe nationale, pour sa dernière saison en coupe du monde.
L’Estonien Kristjan Ilves a d’ailleurs fait de même et a recommencé l’expérience cet été. C’est pour cette raison que l’Islandais Anton Øyvindsson a déménagé à Lillehammer pour s’y entraîner et y étudier. « J’espère que ça me permettra de m’améliorer et d’accéder à la coupe du monde, confie-t-il à la FIS. J’aimerai aussi pouvoir représenter mon pays lors des Jeux Olympiques de la Jeunesse à Lausanne en 2020. »
Lillehammer n’est pas la seule ville à attirer les étrangers en Norvège. Trondheim, fief de Jørgen Graabak ou encore Magnus Moan, accueille en ce moment trois athlètes de nations différentes : le Letton Markuss Vinogradovs, l’Américain Henry Johnstone et l’Italienne Daniela Dejori. « Nous sommes fiers d’avoir été choisis par plusieurs athlètes qui nous amènent tous beaucoup, sur le plan sportif et culturel », commente le coach du club de Granåsen, Andre Nyeng Olsen. « J’ai voulu en septembre démarrer une année à Trondheim parce que la Norvège a une vraie culture du combiné nordique, explique Daniela Dejori. Je suis fière de faire partie de l’équipe de Granåsen et de pouvoir vivre et m’entraîner avec des athlètes comme Marte et Mari Leinan Lund. Je partage même une classe avec la meilleure combiné actuelle, Gyda Westvold Hansen. »
Une collaboration qui profite non seulement aux athlètes étrangers mais aussi aux Norvégiens qui peuvent se confronter à la concurrence et apprendre d’eux.
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Anna Odine Strøm blessée
Depuis plus d’un an, à chaque saut, Anna Odine Strøm souffre du dos. Mais pas question d’abandonner. La jeune Norvégienne a d’ailleurs remporté deux médailles de bronze avec l’équipe féminine et l’équipe mixte lors des Mondiaux de Seefeld. « A moins que je ne sois paralysée, je continuerai de sauter », assure Strøm au micro de la NRK. En revanche, elle n’a pas du tout skié depuis le mois de mai pour préserver son dos et ce jusqu’au mois de novembre. « C’est très dur, commente-t-elle. C’est comme marcher au milieu d’un magasin de bonbons et ne pouvoir rien manger : je dois travailler mais je n’ai pas le droit de sauter ou skier. »
Malheureusement, les médecins ne sont pas sûrs du diagnostic et rien n’a encore été trouvé pour soulager Anna Odine Strøm. « Au moins nous avons exclu tout ce qui pouvait être grave et dangereux », affirme le docteur Einar Kalsæg.
Lors du premier week-end de novembre, la Norvégienne a rechaussé les skis de saut pour participer aux championnats nationaux à Oslo. « C’est très amusant de sauter à nouveau, confie-t-elle. Mais je sens mon dos… Heureusement, je vois que je ne suis pas trop loin au niveau des résultats de mes adversaires. » Seul souci : plus Strøm saute, plus elle a mal. A seulement 21 ans, l’athlète n’envisage pourtant pas de prendre sa retraite sportive. Elle espère néanmoins que les médecins trouveront vite de quoi elle souffre. « Ça prend du temps, il faut être patient, même si c’est difficile », conclut la Norvégienne.
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Le fluor : grand pollueur de Trondheim
Randi Grønnestad, chercheur en Norvège, a révélé la semaine dernière que les taux de fluor rejetés dans l’environnement sur les domaines skiables de Trondheim impactaient réellement la biodiversité locale. « J’ai étudié des populations d’être vivants, des vers de terre et des campagnols des bois, qui vivaient sur les domaines skiables et en dehors et on voit clairement les différences de niveaux du taux de fluor présent dans leur organisme », explique-t-il dans les colonnes de Dagbladet. Des chiffres qui inquiètent puisqu’ils seraient alors potentiellement dangereux pour l’environnement et pour l’Homme.
« On voit, avec ces relevés, que les produits de fartage fluorés doivent être laissés sur place, qu’il n’y a aucune précaution prise alors que ce sont des produits chimiques qui se décomposent très lentement, continue le chercheur norvégien. Ils sont absorbés par des animaux qui se trouvent en bas de la chaîne alimentaire, ce qui est dangereux pour tous les êtres vivants. »
Cette étude fait suite à celles concernant les dangers pour les farteurs. Le fluor a d’ailleurs dû être réduit voire interdit dans plusieurs compétitions de ski de fond. D’ailleurs, Dagbladet s’est aussi de nouveau penché sur la question et plus particulièrement sur le cas d’Inge Bråthen. Le Norvégien était directeur du fartage norvégien en coupe du monde et a passé 25 ans à farter des skis pour les faire glisser toujours mieux. Sa famille confie désormais qu’il travaillait souvent dans un sous-sol qui n’était pas ventilé. Il inhalait donc énormément de fluor et autres produits chimiques. Il est mort prématurément d’un lymphome, sans que l’on sache si cela était lié à son travail.
Toujours est-il que la question du fluor dans le fartage est loin d’être réglée.
Photo : Nordic Focus