CHRONIQUE – Avec Vu de Norge et nulle part ailleurs, retrouvez toute l’actualité nordique norvégienne.
Bjørgen soutient toujours Johaug
Ce week-end, Therese Johaug est devenue l’athlète ayant remporté le plus de coupes du monde de distance en ski de fond. Elle dépasse ainsi son ancienne coéquipière et amie Marit Bjørgen. Un record qui fait jaser comme le raconte Dagbladet. Mais pour Bjørgen, pas question d’entendre ces critiques sur sa compatriote. « C’est plutôt aux autres de se remettre en question, juge la jeune retraitée. Therese s’entraîne plus que tous les autres, peut-être 200 à 300 heures par an minimum. C’est le résultat d’un travail acharné au cours de nombreuses années et les autres devraient travailler encore plus fort si elles veulent rivaliser avec Therese. »
Pour la reine Marit, il est bien triste que son ancienne coéquipière ait à se défendre de la sorte de sa supériorité. « Je sais à quel point elle travaille chaque jour pour arriver à ce niveau, confie la Norvégienne. Elle travaille tous ses points faibles sans relâche et ça se voit dans ses résultats. »
Au-delà de ça, l’ancienne fondeuse accuse les médias de toujours pointer du doigt le travail de tous ses compatriotes : « quand Therese gagne, on l’accuse de tuer la discipline par sa domination, quand aucun Norvégien n’est sur le podium, on se plaint aussi, ça n’a pas de sens », souligne-t-elle dans les colonnes de VG.
La FIS, elle, a pris certaines mesures pour tenter de limiter la domination norvégienne. Dommage, d’après Marit Bjørgen. « Peut-être que les autres nations devraient aller voir comment Therese, comment toute l’équipe travaille, être un peu curieuses de savoir ce que la Norvège fait différemment à l’entraînement, estime-t-elle. Therese ne va pas faire le travail pour les autres : elle s’entraîne pour elle et mérite ses résultats. Il est possible de la rattraper, il suffit de comprendre comment elle fait et de travailler assez dur pour la rejoindre. »
Maiken Caspersen Falla pour le globe ?
Il ne reste que 4 sprints au programme de la coupe du monde cette saison et Maiken Caspersen Falla n’est que 4e du classement sprint mondial. Mais elle n’a que 98 points de retard. Après une saison difficile, la Norvégienne s’est imposée à Trondheim. De quoi lui rendre le sourire et la rage de vaincre. La Suédoise Linn Svahn, en tête du classement, est prévenue : Falla est de retour et elle compte bien se battre pour le petit globe.
« Je commence à me remettre en forme, sourit la sprinteuse après Trondheim. Oui, aller chercher le globe sera difficile mais je ne vais pas non plus lui faciliter la tâche et m’avouer vaincue. » La Suédoise, elle, était bien moins joyeuse en Norvège : « je ne mérite pas le dossard rouge si je ne gagne pas alors ici, à Trondheim, je ne le mérite pas, déclare-t-elle. Mais je vais faire en sorte de le mériter à nouveau. Bien sûr, Maiken a une chance de revenir, comme tout le monde dans le haut du classement mais je ne lui en laisserai pas l’occasion. » Svahn, peu inquiète, pense même que c’est la Slovène Marija Lampic qui risque de lui faire de l’ombre. « Je me moque de ce qu’on peut dire, réagit Falla. Je montrerai ce dont je suis capable sur la piste. »
Première étape vers le petit globe : Konnerud mercredi.
Les combinés frustrés
Si les fondeurs étaient très contents de l’ambiance sur l’étape de Trondheim, il en est tout autre pour les combinés. Comme trop souvent, le public est reparti après le fond et juste avant la course de 10km du combiné. Frustrée, l’équipe norvégienne a tenu à s’exprimer au micro de la NRK. « En même temps, ce n’est pas étonnant, l’organisateur n’a absolument pas communiqué sur le fait que la coupe du monde de combiné était à Trondheim ce week-end ! commence Espen Bjørnstad, local de l’étape. Ils ont fait toute leur pub autour du Ski Tour et les spectateurs n’ont appris qu’en arrivant que nous étions présents aussi. Mais avec 1h30 entre les deux disciplines, je comprends que personne n’ait attendu dans le froid ! »
Jarl Magnus Riiber soutient son coéquipier : « c’est sûr, c’est de la faute de l’organisateur, c’est à eux de mieux travailler, dit-il. C’est la même chose à Oslo, bien souvent, nous commençons la course, les spectateurs pensent que le fond a débuté et ils sont déçus de voir que c’est nous : ils ne sont jamais au courant ! »
Mais Oslo et Trondheim ne sont pas les seuls endroits où le combiné nordique est délaissé. L’entraîneur de l’équipe norvégienne, Ivar Stuan, admet que c’est un problème sur toutes les étapes norvégiennes : « à Oslo, Trondheim, Lillehammer, c’est toujours la même chose, raconte-t-il. Nous avons cette expérience depuis plusieurs années et c’est très triste. Nous avons beau faire de très bons résultats, les gens ne viennent pas. On a l’impression que tout ce que l’on fait est inutile. J’ai bien vu que les Autrichiens ou les Allemands ne comprenaient pas pourquoi les choses sont comme ça en Norvège. »
Comme bien souvent, malgré des résultats impressionnants, le combiné nordique est le parent pauvre du nordique norvégien : Riiber et ses compatriotes devront encore redoubler d’efforts pour avoir les mêmes foules sur le bord de la piste que leurs collègues du fond lorsqu’ils sont en Norvège. En attendant, ils seront ovationnés en Allemagne et en Autriche où la discipline est bien plus populaire.
L’avenir du sprint norvégien
Ansgar Evensen a écrasé la concurrence sur le sprint des mondiaux juniors à Oberwiesenthal en Allemagne la semaine dernière. « C’était mon objectif cette saison, confie-t-il au micro de TV2. C’est encore plus important que mon titre sur les championnats nationaux de Konnerud. » Car oui, le jeune Norvégien de 19 ans avait déjà fait parler de lui en remportant le sprint face aux représentants de l’équipe nationale, se permettant un doigt d’honneur qui avait fait jaser en passant la ligne d’arrivée.
S’il s’est excusé de ce geste et a été sage en Allemagne, il a néanmoins un talent hors norme d’après l’un de ses compatriotes : Petter Northug Jr. « Tout le monde en ski de fond a entendu parler de lui, dit le nouveau commentateur TV2. Tout le monde a aussi pu le voir aux championnats nationaux de ses propres yeux. Et c’était impressionnant. Il transpire l’adrénaline, la confiance, deux éléments importants en sprint. Et il va encore s’améliorer ! Pour moi, c’est le futur Klæbo, il promet un bel avenir du sprint norvégien. »
Le collègue de Northug, Petter Soleng Skistad, va plus loin : « il remporte toutes ses phases finales avec tellement de facilité, avec tellement d’avance… même chez Klæbo on n’a jamais vu ça ! » Un avenir brillant s’ouvre à Ansgar Evensen qui compte bien essayer, dès l’hiver prochain, de se qualifier pour aller se mesurer à la coupe du monde et aux plus grands du sprint.
Le biathlon sur les chaînes nationales
La NRK et TV2 se partageront encore longtemps les droits télévisuels du biathlon en Norvège. Les deux chaînes nationales ont obtenu les droits de la coupe du monde et des championnats du monde jusqu’en 2026 avec une option leur permettant de les prolonger jusqu’en 2030.
Pendant encore 10 ans, les Norvégiens pourront donc regarder le biathlon sans payer une chaîne privée. « Nous sommes heureux qu’ensemble, avec TV2, nous ayons sécurisé la gratuité du biathlon pour tous les Norvégiens, confie Thor Gjermund Eriksen de la NRK. Les droits ont tellement augmenté qu’il était logique de s’associer plutôt que de laisser intervenir une chaîne privée, plus riche. Nous espérons que le public remarquera que l’offre concernant le biathlon va encore s’améliorer dans les années à venir. »
Les deux chaînes, en plus de la coupe du monde et des mondiaux, auront le droit de diffuser pendant au moins encore 6 saisons les championnats d’Europe, les championnats juniors ainsi que certaines courses d’IBU Cup.
Reste à clarifier comment la NRK et TV2 se partageront exactement les compétitions et les droits. « Mais nous avons déjà eu une bonne expérience quand nous avons collaboré sur les championnats d’Europe de football, je ne m’inquiète pas », terminent les deux médias.
Lillehammer remplacé par Trondheim ?
Depuis quelques temps, la coupe du monde de ski de fond de Lillehammer n’attire plus les foules. La neige s’y fait aussi rare. Raisons pour lesquelles certains Norvégiens aimeraient déplacer cette étape historique de la saison. Et Emil Iversen et Johannes Høsflot Klæbo ont la solution toute trouvée : Trondheim. Car lors du Ski Tour, les spectateurs étaient venus en nombre dans leur ville natale pour les voir remporter cette nouvelle tournée.
« L’ambiance est bien meilleure ici qu’à Lillehammer, assure Iversen au micro de la NRK. C’est amusant de venir ici. Les spectateurs apprécient vraiment le ski de fond. A Lillehammer, c’est vraiment ennuyeux, on a l’impression qu’il n’y a pas âme qui vive. A Trondheim, on offre une vraie atmosphère de coupe du monde. »
Et si le fondeur veut que la ville du nord de la Norvège ait une place permanente au calendrier, il faut inévitablement retirer un autre stade norvégien de la saison : Lillehammer et son week-end en décembre sont le choix le plus logique, bien plus que Drammen ou Oslo qui rassemblent toujours du monde et proposent des étapes plus inédites avec un sprint classique en ville et les fameux 30 km féminin et 50 km masculin.
« Je suis d’accord avec Emil, confie Klæbo. Je crois que Trondheim est un bon choix pour le calendrier. J’espère que ceux qui décident le verront et choisiront d’y installer une coupe du monde plus souvent. » Trondheim et Lillehammer pourraient ainsi alterner l’organisation d’un week-end un an sur deux. Pour le moment, ce n’est pourtant pas envisagé à la FIS qui voit les compétitions de Lillehammer comme fixes dans le calendrier. « J’ai tendance à préférer Lillehammer mais il y avait plus de monde à Trondheim alors il va falloir se retrousser les manches et venir plus nombreux dans le Sud », conclut Ingvild Flugstad Østberg, originaire d’une ville non loin de Lillehammer.
Photo : Nordic Focus