CHRONIQUE – Avec Vu de Norge et nulle part ailleurs, retrouvez toute l’actualité nordique norvégienne.
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Klæbo et sa chaussure cassée
Sur le relais masculin de Lahti, Johannes Høsflot Klæbo a été impressionnant. Il a adjugé la victoire à la Norvège et ce malgré un énorme handicap : sa chaussure était en effet cassée !
L’arrière de l’attache de sa chaussure était très lâche, compliquant énormément la tâche du fondeur qui skiait en style libre sur son relais. « C’était presque une chaussure de classique », plaisante son entraîneur, Eirik Myhr Nossum. « Je ne sais pas ce qui s’est passé, déclare Klæbo au micro de la NRK. J’ai dû casser l’attache en allant au départ, j’ai heurté quelque chose et je ne m’en suis rendu compte qu’une fois le départ pris. Mais je n’ai rien osé dire… J’ai bien fait, je crois. »
Car s’il avait dû s’arrêter pour changer de chaussure, le Norvégien aurait perdu beaucoup de temps et toute l’équipe aurait dû renoncer à la victoire. « On a bien vu qu’il ne cessait de regarder sa chaussure, j’ai eu peur que ça ne tienne pas », commente son coéquipier Hans Christer Holund. « C’est devenu compulsif, je devais tout le temps vérifier que ça tenait, ça ne quittait pas mon esprit », continue Klæbo.
Heureusement, tout s’est bien fini pour l’équipe et le Norvégien a réglé son rival russe au sprint final, comme il sait si bien le faire.
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Riiber frôle la disqualification
A Oslo, lors de la dernière étape de la saison, Jarl Magnus Riiber a porté le record de victoires en une saison à 14. Sur seulement 17 étapes disputées. Impressionnant, le Norvégien a terminé sur une victoire à domicile. Mais il a bien failli se faire disqualifier après le saut !
Après un saut à 135 m et une avance assurée de 40 secondes pour la course de fond, le jury a remarqué que Riiber était parti avec sa combinaison et ses chaussures encore sur lui plutôt que de se changer. « Nous sommes allés lui parler, déclare aux médias Lasse Ottesen, chef du combiné à la FIS, et il nous a donnés une explication acceptable. En revanche, il faudra plus communiquer sur cette règle et que tous, Riiber compris, comprennent et appliquent cette règle. »
Le jury a tout de même décidé de laisser le Norvégien prendre le départ. « Je dois avouer que quand ils m’ont appelé, j’ai eu peur, confie le combiné. J’attendais cette étape à domicile depuis longtemps. Heureusement, c’est passé et j’ai pu prendre le départ. » En fait, il avait un souci sur sa chaussure et devait donc la faire réparer. Puisque cela traitait d’une question de sécurité, le jury a décidé de ne pas le sanctionner.
La fête norvégienne n’a donc pas été gâchée à Oslo où, outre le gros globe de Riiber, l’équipe rouge a remporté la 2e place et la 4e place du général avec Graabak et Oftebro ainsi que le classement des nations.
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Pellegrino : bête noire du fond
S’il y a un athlète qui commence à en avoir marre du co-vid19, c’est bien Federico Pellegrino. Si l’étape d’Oslo s’est tenue à huis-clos et plusieurs évènements avec les sponsors ont été annulés à Oslo et Konnerud la semaine dernière, le monde du ski ne veut pas se laisser aller à la crainte.
Pourtant, dès les courses de Trondheim, Federico Pellegrino se sent épié. « Beaucoup de Norvégiens me regardaient comme si j’étais un virus ambulant, confie-t-il à la NRK. Pourtant, j’étais en Scandinavie depuis 3 semaines ! Mais je comprends qu’il faille être prudent. Je n’ai pas trop peur car je suis en bonne santé mais, comme tous les hivers, nous faisons attention à ne pas tomber malade. »
Mais une autre question se pose : certains pays ont fermé leurs frontières aux Italiens puisque le coronavirus y est particulièrement virulent. C’est le cas des Etats-Unis qui mettent en quarantaine pendant deux semaines les ressortissants d’Italie et de Chine à leur entrée dans le territoire. Pellegrino pourra donc se rendre au Canada sans problème mais risque de manquer les dernières étapes de sprint aux Etats-Unis alors qu’il se bat pour le podium de la discipline.
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Les filles réclament encore le samedi
Pour la première fois, les fondeuses avaient le droit de concourir leur 30 km classique à Holmenkollen le samedi. Habituellement réservé aux garçons, le samedi est la journée qui rassemble le plus de spectateurs.
Les filles avaient donc réclamé à profiter de cette ambiance une année sur deux, demande acceptée par la FIS. Mais, manque de chance, le co-vid19 s’en est mêlé et l’accès au stade d’Holmenkollen a été interdit. Résultat : très peu de monde autour des pistes pour le 30km féminin.
« Nous comprenons tout à fait la décision des autorités, commente l’entraîneur de l’équipe nationale féminine, Ole Morten Iversen. Mais nous espérons que les fondeuses auront à nouveau droit au samedi l’an prochain. Beaucoup attendaient cet évènement, athlètes comme spectateurs et ce serait dommage de les en priver. » Car les filles rêvent de connaître cette ambiance si particulière qui porte les coureurs bien plus loin que leurs limites, ces spectateurs qui font que même si vous passez une mauvaise journée sur les skis, vous vous dépassez pour leur faire plaisir après avoir eu droit à un petit remontant de la part d’un membre du public.
Mais avant de savoir s’il sera possible pour les fondeuses d’avoir à nouveau le samedi sur leur calendrier l’an prochain plutôt que dans deux ans, il faut passer les dernières étapes de la saison. Johaug et Jacobsen confient qu’elles ne sont pas très inquiètes face au coronavirus. Les équipes norvégiennes sont déjà habituées à prendre toutes sortes de mesures pour éviter les maladies. Elles espèrent donc que les étapes au Canada et aux Etats-Unis auront bien lieu.
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Jacobsen doit arrêter sa saison
En larmes après l’arrivée du 30 km à Oslo samedi, Astrid Uhrenholdt Jacobsen a confié aux médias que sa saison s’arrêtait en Norvège. Elle n’irait pas sur la tournée américaine contrairement à ce qu’elle voulait. La raison ? L’université ne veut pas la laisser partir. « J’ai demandé à repousser le début des cours mais c’est impossible cette fois », explique-t-elle au micro de la NRK. Résultat : la Norvégienne ne pourrait pas défendre sa place pour le podium au général. Mais l’étudiante en médecine n’a pas le choix, elle a déjà trop d’absences si elle veut réussir son année.
Une décision qui déçoit son entraîneur, Ole Morten Iversen : « nous travaillons pour qu’une athlète de haut niveau puisse aussi faire des études, c’est très rare en fond, rappelle-t-il. Et là, en plus, elle se bat pour le général. Je suis déçu qu’on ne la laisse pas faire. Ça ne coïncide pas avec tout ce que veulent les grandes instances : allier sport et études. »
L’équipe nationale a donc contacté la faculté pour obtenir une dérogation pour Jacobsen. Sans réponse pour le moment alors que l’équipe part au Canada demain.
Mais au-delà de la déception de devoir arrêter sa saison avant les dernières étapes, la fondeuse norvégienne se demande si ce n’était pas là sa dernière compétition en coupe du monde. Ces dernières années, elle a de plus en plus réfléchit à mettre un terme à sa carrière qui devenait de plus en plus compliqué à allier avec ses études. « J’espère que ce n’est pas là ma dernière course, conclut-elle. J’aurais aimé que les tribunes soient remplies si c’était le cas. »
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Sundby, privé de la médaille Holmenkollen
Martin Johnsrud Sundby a déjà frôlé plus d’une fois l’obtention de la fameuse médaille Holmenkollen, considérée comme la plus grande distinction en ski de fond.
A cause de sa suspension pour dopage, il en a pourtant été privé. Et cela ne risque pas de changer.
Dagbladet révèle en effet la semaine dernière que malgré le palmarès impressionnant du Norvégien qui le qualifie d’office à l’obtention de la médaille, le comité ne reviendra pas sur sa décision : « il est stipulé dans le règlement qu’une suspension pour dopage vous disqualifie », explique l’un des membres du comité. Mais cette règle n’existe que depuis janvier 2019. Sundby n’est ainsi plus éligible, au même titre que la Polonaise Justyna Kowalczyk, condamnée lors de la saison 2005/2006. « Il y a peu de chances que cette règle change », commente le président de la fédération norvégienne, Erik Røste.
Dagbladet précise aussi que tout lauréat après 2019, condamné ensuite pour dopage, devra rendre sa médaille.
Pourtant, le comité de la médaille d’Holmenkollen ne retirera pas les prix décernés avant à des athlètes sanctionnés pour dopage. Larissa Lazutina, Ljubov Jegerova, Harri Kirvesniemi, Andrus Veerpalu et Gerhard Grimmer sont concernés. Therese Johaug, gagnante du prix en 2013, ne rendra pas non plus sa médaille.
Photo : Nordic Focus