CHRONIQUE – Avec Vu de Norge et nulle part ailleurs, retrouvez toute l’actualité nordique norvégienne.
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Le ski de fond s’adapte
Le coronavirus n’épargne aucun pays. C’est ainsi que la Norvège a dû s’adapter et a, elle aussi, pris des mesures face à la pandémie. Les équipes de fond nationales ont elle aussi dû se plier aux exigences de la situation actuelle. Plus d’entraînements collectifs, tout au moins jusqu’en juin. Espen Bjervig, le manager des équipes, a d’ores et déjà annoncé que les camps d’entraînement sur le Sognefjellet et à Bø sont annulés. « En attendant, chaque athlète devra s’entraîner seul et nous ferons un point régulièrement par chat vidéo avec les entraîneurs et les fondeurs », explique Bjervig sur la NRK.
Mais le gros point d’interrogation concerne la formation estivale : les athlètes pourront-ils voyager ? Johaug et Østberg ont ainsi pour habitude de se rendre aux Etats-Unis mais cela sera-t-il possible ? Et qu’en est-il des rassemblements en France en août et septembre et en Italie en octobre ? « Tout est suspendu pour le moment, nous devons envisager tous les scénarios car nous ne savons pas encore si la crise sera passée cet été, raconte Bjervig. Mais nous allons sans doute devoir restreindre nos déplacements jusqu’au début de la saison. »
Autre conséquence : la fédération va peut-être devoir réduire ses coûts. Elle a déjà perdu beaucoup en annulant de nombreux évènements et cela pourrait empirer si la situation ne revient pas à la normale cet été ou l’hiver prochain. « Pour le moment, nous essayons de préserver les salaires dont ceux des athlètes, déclare Bjervig. Mais peut-être allons-nous devoir réduire en taille les équipes nationales. Il y aura moins d’athlètes pour que ça coûte moins cher. »
Pour l’expert NRK, Torgeir Bjørn, ce confinement est donc peut-être une bonne chose car les équipes ne dépenseront pas en stage à l’étranger. « Il suffit de pouvoir dormir, manger et s’entraîner pour être performant, assure-t-il. Cela permettra peut-être de remettre les priorités sur le devant de la scène. » Autre problématique : les sponsors. Suivront-ils l’équipe s’ils ne peuvent plus courir ? Autant de questions auxquelles il faudra répondre dans les prochaines semaines.
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Klæbo mécontent…
La FIS a mis longtemps à annuler les dernières coupes du monde de ski de fond à Québec au Canada. Elle a en fait attendu que la plupart des équipes ne viennent pas ou repartent avant les compétitions. Ainsi, la Norvège avait refusé de faire le déplacement et le jeudi, deux jours avant la course, la Suède, le Royaume-Uni, la Finlande, la République Tchèque, l’Allemagne et la France ont décidé de ne plus participer. Le lendemain, la FIS annonçait enfin que les épreuves étaient annulées.
« Le sport, les victoires, ça ne compte pas dans cette situation et nous devons avant tout prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter la propagation du virus, réagit Johannes Høsflot Klæbo au micro de la NRK. C’est très triste de voir le temps qu’a mis la FIS à réagir. C’est mal de voir qu’au départ, ils ont fait passer la coupe du monde avant la santé de tous. » Le fondeur, vainqueur du globe du sprint, est remonté : il trouve le temps de réponse de la FIS bien trop long et se dit heureux que sa propre fédération ait pris les devants en ne se déplaçant pas au Canada.
La FIS, quant à elle, s’est justifiée en rappelant que c’était à l’organisateur d’annuler la compétition et que jamais elle ne ferait passer une épreuve avant le risque sanitaire. « Ce choix aurait dû être fait avant pour éviter à des petites équipes de voyager », estime pourtant l’entraîneur de l’équipe britannique, Jostein Vinjerui.
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… et annule son voyage
Comme beaucoup de fondeurs norvégiens, Johannes Høsflot Klæbo possède ce qu’on appelle une « cabine », c’est-à-dire une maison secondaire près des pistes de ski. Il a donc décidé de s’y rendre, à Meråker, pour s’entraîner au lieu de participer aux épreuves canadiennes (finalement annulées).
Mais quelques jours plus tard, le gouvernement norvégien décrétait qu’il était interdit aux habitants de se confiner dans leurs maisons secondaires. « Si je l’avais su avant, je n’y serais pas allé, bien sûr, explique Klæbo dans son vlog. Mais ils ne l’ont décrété que cinq jours après notre arrivée ici. »
Résultat : le fondeur a décidé de rentrer à Trondheim, préférant respecter les mesures gouvernementales. Il exhorte en effet depuis plusieurs semaines à la plus grande prudence, se voulant un exemple pour ses nombreux fans. « J’espère que tout le monde est sérieux face à cette menace, dit-il. Il faut suivre toutes les mesures et tous les conseils donnés par le gouvernement pour éviter la propagation du virus et éviter d’infecter de nombreuses personnes. »
Pourtant, ce n’est pas une raison d’après lui de déprimer. « Il faut trouver au moins une raison de sourire chaque jour et je veux vous aider à vous détendre, vous changer les idées », explique-t-il. Le jeune fondeur de 23 ans a donc décidé de faire un entraînement en live sur YouTube avec tous ses fans, depuis chez lui.
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Le saut se mobilise
Si Johannes Høsflot Klæbo vous aide à lutter contre l’ennui et le manque d’activité, l’équipe de saut à ski norvégienne va plus loin.
Depuis le début de l’épidémie en Norvège, Maren Lundby et ses coéquipiers proposent leurs services à leurs compatriotes. « Si quelqu’un a besoin de faire des courses, d’aller à la pharmacie mais ne peut pas, je peux essayer d’y aller pour eux, explique la double gagnante du gros globe de saut féminin. Je peux le faire sur ma commune et les communes alentour. J’ai beaucoup de temps avec la fin abrupte de la saison et je veux aider, contribuer. Je crois que c’est le bon exemple à donner. »
Elle a été suivie dans son initiative par ses coéquipiers de l’équipe nationale. « Si vous vous sentez seuls, nous sommes prêts à vous tenir compagnie et à vous passer un coup de téléphone. Envoyez-nous un message sur facebook et nous vous appellerons », dit le post facebook de l’équipe. « Cela nous semblait naturel, nous voulons divertir le public et nous ne pouvons plus le faire en sautant, explique le chef du saut norvégien, Clas Brede Bråthen. Alors nous avons trouvé un autre moyen. »
Jeg vil hjelpe! I en vanskelig tid ønsker jeg å bidra på den nasjonale dugnaden. Trenger du hjelp til å hente noe på din lokale butikk eller apotek? Ta kontakt og jeg vil prøve å hjelpe så godt jeg kan. Dette gjelder først og fremst innbyggere i Vestre Toten Kommune. pic.twitter.com/Y29KdnnNKd
— Maren Lundby (@marenlundby) March 15, 2020
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Holund : 204 km en une journée
Les fondeurs norvégiens s’ennuient en quarantaine. Heureusement, certains d’entre eux habitent dans des coins reculés, tout près des longues pistes enneigées de Norvège. C’est le cas d’Hans Christer Holund qui s’est fixé un défi : voir combien de kilomètres il pouvait parcourir en une seule journée à ski. Samedi, en un peu plus de 11 heures, il a donc parcouru 204,3 kilomètres.
« Quand j’ai atteint les 100, je me suis dit que beaucoup l’avaient déjà fait, confie Holund. Alors j’ai visé les 150. Et puis, une fois à 150, je me suis dit qu’il ne m’en restait que 50 à faire pour atteindre les 200. Et comme je n’ai jamais entendu parler de quelqu’un ayant autant skié, j’ai décidé de le faire. »
Au-delà de cet exploit, le skieur a enregistré une moyenne de seulement 3 minutes 21 pour 1 kilomètre. Assez incroyable sur 200 kilomètres ! « Nous avions amené de quoi nous ravitailler : nourriture et boissons, rassure le Norvégien. Trois litres de liquide, un burger qui me restait de la veille et c’était parti. » Ses coéquipiers de club, Johan Tjelle et Sjur Obrestad Gabrielsen, ont skié avec lui sur ces 200km.
Avec ses deux autres sorties la semaine dernière, Holund porte son total de kilomètres à ski à 367,1 km en une semaine. « Ce dimanche matin, en me levant, je me suis senti comme un homme de 80 ans », plaisante-t-il.
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Johannes Bø content de la quarantaine
A Kontiolathi, après avoir remporté le gros globe de cristal pour la deuxième année consécutive, Johannes Thingnes Bø n’avait qu’une hâte : rentrer chez lui, à Oslo. « Je sais d’ores et déjà que nous allons devoir passer au moins une semaine en quarantaine et ça me va très bien ! confie-t-il à VG avant de rentrer. Nous sommes habitués, nous le faisons souvent dans l’équipe juste avant les mondiaux. Et puis, j’ai hâte de passer tout mon temps avec ma femme et notre fils. »
Car après la venue au monde de son premier enfant, le Norvégien était vite revenu à la compétition pour se battre pour le maillot jaune. « Ça a été très dur mentalement, d’être à 100% tout le temps et d’être loin de ma famille, continue-t-il. Je veux aussi remercier mes entraîneurs, mes coéquipiers, les techniciens et surtout ma femme qui a presque été maman célibataire au début mais qui, heureusement, a pu compter sur nos familles. C’est grâce à eux tous que j’y suis arrivé. »
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« Le Roi est mort, vive le Roi ! »
Martin Fourcade a pris sa retraite avec panache en remportant sa dernière course. Pourtant, au micro de la NRK, il rend surtout hommage à Johannes Thingnes Bø qui a réussit à reprendre le maillot jaune et remporter le gros globe de cristal. « En France, nous disons « le Roi est mort, vive le Roi ! » » plaisante alors le tout juste retraité.
Car c’est ainsi que se passe le relais en biathlon : un Roi norvégien en remplace un, Français. « Je crois que c’était une fin de rêve pour tous, Martin remporte sa dernière course et moi le général, sur le fil, réagit Johannes Thingnes Bø. C’était la meilleure chose qui pouvait arriver. Ça montre que le combat a duré jusqu’à la toute dernière minute. Et je veux remercier Martin pour toutes ces années à lutter contre lui. C’est la fin d’une époque, la fin de la Norvège contre Fourcade. »
https://www.instagram.com/p/B9r1UALDumP/
Car oui, Martin Fourcade s’est souvent frotté aux Norvégiens et en premier lieu, à Emil Hegle Svendsen. Alors que ce dernier félicitait le Français pour sa carrière, celui-ci lui a répondu : « merci Emil, mon plus grand rival sans aucun doute. » « Nous avons eu des courses fantastiques l’un contre l’autre », conclut Svendsen qui, lui, a pris sa retraite il y a déjà deux ans et commente désormais le biathlon.
https://www.instagram.com/p/B9sDbmWlD2j/
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Anders Jacobsen démissionne
Le 1e novembre, Anders Jacobsen commençait dans son nouveau travail : directeur de la fédération de sport moto. Après seulement quatre mois à ce poste, l’ancien sauteur à ski a annoncé qu’il avait choisi de démissionner. « Entre mes enfants, mes autres charges avec le commentaire d’épreuves de saut, ça faisait trop, explique-t-il dans les colonnes de Dagbladet. Le travail avec de nombreux entraîneurs et athlètes talentueux va me manquer mais c’est mieux ainsi. »
Cinq ans après sa retraite, quatre mois après ce nouveau challenge, le Norvégien revient donc à son seul premier amour : le commentaire du saut à ski pour la chaîne TV NRK.
Photos : Nordic Focus.