CHRONIQUE – Avec Vu de Norge et nulle part ailleurs, retrouvez toute l’actualité nordique norvégienne.
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Le combiné nordique sans employé
Avec le coronavirus, Coronavirus : la Fédération norvégienne obligée de licenciert. Elle a entre autres annoncé qu’elle licencierait bon nombre de ses effectifs à la date du 1er avril.
Parent pauvre du ski nordique en Norvège, le combiné nordique n’y a pas échappé.
En fait, ils sont peut-être même les plus touchés. Edgar Fossheim, président du comité de combiné à la fédération, a en effet dévoilé au quotidien VG que c’était bien tous les employés de la discipline qui seraient licenciés au 1er avril. Cela comprend aussi les entraîneurs, les techniciens et toute l’équipe de gestion (médias, sponsors, déplacements…). Seuls les athlètes ne sont pas touchés. Ivar Stuan, directeur sportif de la discipline, est quant à lui seulement en chômage partiel et non licencié.

Jarl Magnus Riiber (NOR) – THIBAUT/NordicFocus.
Une décision qui intervient alors même que la Norvège était redevenue le meilleur pays en combiné nordique, devant l’Allemagne et a remporté nombre de records cette année grâce à Jarl Magnus Riiber. « Cela va créer un certain nombre de défis pour la saison à venir, commente Fossheim. Mais j’ai bon espoir que nous arriverons quand même à nous remettre sur pieds. Dans cette équipe, nous sommes tous animés par la passion. »
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Licenciements : quid des entraîneurs ?
Le combiné nordique n’a bien sûr pas été la seule discipline touchée. Avec 96 personnes licenciées sur un total de 142, le choix a été difficile quant à qui garder. L’une des principales décisions a été de garder un entraîneur dans chaque équipe.
En saut à ski, Clas Brede Bråthen choisit la transparence et s’est expliqué dans les colonnes de VG. « Nous avons dû licencier les deux tiers de nos effectifs, raconte-t-il. Nous avons donc pu garder 7 personnes sur 23. Nous avons choisi de garder ceux qui permettent de garder un fonctionnement de l’équipe optimale. »
Parmi ceux qui vont donc garder leur emploi au-delà du 1er avril : Clas Brede Bråthen, directeur sportif, Alexander Stöckl, entraîneur de l’équipe masculine et Christian Meyer, entraîneur de l’équipe féminine.
La fédération, elle, a assuré qu’elle a délégué au directeur sportif de chaque discipline de choisir qui serait ou non licencié. Certains ont décidé ainsi de baisser les salaires pour garder plus d’employés.
Bien évidemment, ces licenciements ne sont que temporaires, le temps de savoir quelles sont les pertes liées à la situation sanitaire. Tout le monde devrait être de nouveau au travail dès que les fonds nécessaires auront été sécurisés.
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Røthe inquiet

Sjur Roethe (NOR) – THIBAUT/NordicFocus.
« Nous sommes dans une situation très particulière et nous devons nous ajuster », commence Sjur Røthe. Il parle bien évidemment des coupures budgétaires dans le ski norvégien.
En ski de fond, cela se traduit par des salaires moins élevés pour les athlètes, moins de stages, un seul en altitude et une équipe technique réduite.
TV2 a donc demandé à Røthe si, avec ces ajustements, il était toujours possible pour les Norvégiens d’aller rafler des titres aux mondiaux la saison prochaine. « Bien sûr ! répond le fondeur. C’est sûr que nous allons devoir changer de mode d’entraînement mais nous arriverons préparés et nous avons aussi de très bons endroits pour nous entraîner en Norvège alors je ne m’inquiète pas sur ce point. »

Paal Golberg (NOR), Hans Christer Holund (NOR), Sjur Roethe (NOR), Johannes Hoesflot Klaebo (NOR) – Modica/NordicFocus.
Røthe est en effet inquiet sur d’autres points : la situation sanitaire mondiale pour commencer. « J’aimerai être à Lillehammer ou Voss mais j’ai écouté le gouvernement et je suis resté à Oslo, explique-t-il. Il est difficile de se concentrer sur l’entraînement ou sur le prochain hiver, ça semble tellement futile avec tout ce qui se passe. Je suis toutes les directives mais c’est vrai que cette situation fait peur. On ne sait pas quand ça se terminera, ni comment et c’est effrayant. »
En attendant, Røthe reste confiné au maximum avec sa compagne dans leur appartement. « Je ne sors que pour faire quelques exercices mais j’évite que cela soit trop souvent », conclut-il.
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Pettersen lance un appel
En Norvège, si comme chez nous des mesures barrières sont mises en place contre le coronavirus, les habitants ne sont pas entièrement confinés chez eux. Le gouvernement les incite à sortir le moins possible, ils n’ont pas le droit d’aller dans leurs maisons secondaires mais ils peuvent toujours se déplacer. Mais pour certains, ce n’est pas suffisant. Ils lancent donc un appel à tous leurs concitoyens.
C’est le cas du fondeur Øystein Pettersen qui souffre d’un asthme assez sévère. « Quand j’ai un rhume, c’est déjà très difficile pour moi de respirer, explique-t-il. La dernière fois, c’était tellement grave que je me suis dit que plus tard, quand j’aurais 70 ans, c’est de ça que je mourrais. Et ce n’est qu’un rhume ! Imaginez ce que ce serait avec ce virus ! »

Øystein Pettersen – Instagram Øystein Pettersen
Le Norvégien se dit heureux d’habiter Lillehammer plutôt qu’Oslo où la population est bien plus dense et donc potentiellement plus à même de faire circuler la maladie. « J’ai peur de la façon dont ça pourrait dégénérer pour moi si j’attrapais le coronavirus, confie Pettersen. Mais je vais essayer de tout faire pour ne jamais le savoir. Alors je reste chez moi et j’évite de voir du monde et j’engage tout le monde à faire de même. »
Habitant dans une cabine (maison secondaire pour le ski), Pettersen peut facilement sortir à ski avec ses enfants sans croiser personne. « J’espère que tout le monde peut quand même faire de l’exercice, ça permet de garder le moral. Mais toujours en suivant les règles de sécurité ! Pensez aux personnes à risques, » dit-il.
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Holund a de la concurrence
Au début du confinement, Hans Christer Holund parcourait 204 kilomètres en un peu plus de 11 h. Un nouveau record qui a donné des idées à ses compatriotes. Car les fondeurs s’ennuient. Certains ont donc décidé de tenter de battre le champion du 50km à Seefeld.
C’est le cas de Joar Thele et Anders Aukland, coureurs de longue distance. Ils ont parcouru pas moins de 320 kilomètres en 17h50 lundi dernier. « Notre but était de battre Holund », confie Thele. « Et je peux vous dire que ça a été compliqué ! renchérit Aukland. Ils ne vont pas être nombreux ceux capables de faire plus de 300km pour participer à ce concours. »

Instagram Team Ragde Eiendom
Un concours qui ne pourra être ouvert aux Français : outre le manque de neige dans l’hexagone en avril, la Norvège permet encore à ses habitants de sortir s’ils respectent les précautions de sécurité sanitaire. Autant dire que dans le grand nord, lors de leurs 320 km, les fondeurs n’ont pas croisé grand monde.
Aukland et Thele sont partis à 5 h du matin pour leur très longue sortie à ski, sac sur le dos pour avoir de quoi manger et boire. Ils ne sont rentrés qu’à la nuit tombée après avoir fait quelques pauses. Les deux fondeurs confient que c’est devenu difficile après 230 km. « Il faisait noir, j’avais l’impression d’être un zombie », raconte Thele.
Comble de l’ironie, ils ont croisé Holund qui s’entraînait lui aussi ! « J’ai fait quelques kilomètres avec eux. Ils m’ont dit qu’ils ne partaient pas longtemps mais ils m’ont menti pour que je ne vienne pas avec eux ! rigole-t-il. Mais je comprends, j’avais fait la même chose, ils avaient fait 10km avec moi pendant mon record. Maintenant, c’est la guerre du kilomètre ! »
Et histoire de bien fixer les règles, les frères Aukland et Joar Thele sont ressortis ce week-end… Pour faire 516 km à ski.
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La vie en confinement
Si Holund et certains de ses compatriotes se font plaisir à ski, d’autres athlètes norvégiens ont trouvé différentes façons de tromper l’ennui lorsqu’on se trouve en confinement. Maren Lundby et Vetle Sjåstad Christiansen se sont ainsi prêtés au toilet paper challenge où il faut tirer dans un rouleau de papier toilette.
Le biathlète a aussi dû se couper les cheveux… Qui est prêt à se faire la coupe au bol comme lui ?
Du côté de ses coéquipières, Tiril Eckhoff donne sur son instagram des conseils pour s’occuper. Jouer au rubiks cube, tricoter, faire un puzzle, apprendre à jouer d’un instrument ou faire un jeu de société. Tous les moyens sont bons pour ne pas s’ennuyer. Ingrid Landmark Tandrevold, elle, s’est mise à la cuisine. Tout comme Emil Iversen qui savoure de délicieuses gaufres, péché mignon des Norvégiens.
Et pour éliminer toutes ces calories, la sauteuse à ski Silje Opseth part en course d’orientation. Son compatriote, le combiné Espen Bjørnstad a choisi un passe-temps plus commun : il est parti se défouler à ski.
Maren Lundby
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Vetle Sjåstad Christiansen
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Tiril Eckhoff
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Ingrid Landmark Tandrevold
Emil Iversen
Silje Opseth
Espen Bjørnstad
Photo : Nordic Focus
