CHRONIQUE – Avec Vu de Norge et nulle part ailleurs, retrouvez toute l’actualité nordique norvégienne.
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Bjørgen ne sera pas seule sur la Vasaloppet
C’est l’une des grandes annonces de la semaine dernière : Marit Bjørgen retourne à la compétition en rejoignant l’équipe longue distance des frères Aukland, le Team Ragde Eiendom.
Mais après deux ans de retraite, le premier entraînement a été difficile pour la fondeuse et elle a dû abandonner après trois kilomètres. « Je dois commencer doucement, prudemment mais c’était très amusant de s’y remettre », sourit Bjørgen au micro de la NRK.
Son objectif ? Courir la Vasaloppet et pourquoi pas, ensuite, la Marcialonga . « Quand j’enfile un dossard, j’ai forcément certaines ambitions, avoue-t-elle. Mais on va voir dans les mois à venir ce que je peux vraiment viser comme résultat. »
Et elle ne sera pas seule dans cette entreprise ! La Reine Marit a réussi à convaincre son amie et coéquipière de toujours, Therese Johaug, de la rejoindre dans l’équipe longue distance.
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Une publication partagée par Therese (@johaugtherese) le 30 Mai 2020 à 4 :38 PDT
« Je reste quand même concentrée à 100% sur la coupe du monde et je ne ferai aucune longue distance avant les Mondiaux d’Oberstdorf, assure Johaug. Mais ce serait fantastique d’être à nouveau alignée au départ avec Marit. »
Tout ça grâce à une idée folle lancée par SMS. Jørgen Aukland, patron de l’équipe, a proposé à Bjørgen de le rejoindre. La jeune maman, dont les enfants vont désormais à la crèche, avait du temps à revendre… Et envie de tester de nouvelles choses. « Elle a de bonnes chances d’arriver au sommet, d’être la première sur la Vasaloppet, assure Jørgen Aukand. Nous allons l’entraîner pour ça en tous cas. »
Mais Lina Korsgren, gagnante en titre de la Vasaloppet, ne compte pas se laisser faire. La Suédoise a confié aux médias que sa concurrente norvégienne ne l’emporterait pas si facilement. « Nous arriverons toutes aussi bien préparées que d’habitude et nous voulons gagner autant que Marit », déclare Korsgren.
Eva-Lena Frick, autre grande concurrente de la Vasaloppet, est quant à elle ravie d’avoir cette nouvelle adversaire. « Cela nous donne une motivation nouvelle et un coup de projecteur sur notre discipline », se réjouit-elle.
Et Bjørgen pourrait bien ne pas être seule à passer du ski de fond en coupe du monde à la longue distance. La rumeur court que Petter Northug Jr, après avoir fait la Marcialonga cette année, s’intéresserait à la Vasaloppet. Il avait prévu d’y participer en 2020 mais, en raison d’autres engagements, avait dû abandonner l’idée. Et si la bonne année était 2021, en même temps que Bjørgen ?
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Johaug mise en garde
La semaine dernière, Therese Johaug annonçait qu’elle participerait aux courses du stade de Bislett à Oslo en Norvège : les « Impossible Games » qui se dérouleront le 11 juin.
L’épreuve de la ligue de diamant se déroulera selon certaines nouvelles règles dues au coronavirus, les athlètes n’étant pas tous réunis au même endroit et les spectateurs étant absents des gradins.
La Norvégienne espère y améliorer son record personnel sur 10 000 mètres et pour cela, elle a un plan : partir peut-être moins vite que l’an dernier pour, sur l’ensemble de la course, aller plus vite. « Cela lui évitera d’avoir trop vite trop d’acide lactique dans les jambes, explique son frère et entraîneur Karstein Johaug. C’est ce qui lui est arrivé l’an dernier et nous voulons éviter cela. Il faut qu’elle soit fluide, qu’elle fasse le même temps à chaque tour. »
La fondeuse a aussi inclus plus de course à pieds dans son entraînement de ski de fond depuis l’an dernier et elle espère que cela portera ses fruits.
Ingrid Kristiansen, recordwoman actuelle sur cette distance en Norvège, lui a même proposé son aide. L’athlète espère en effet voir son record battu et pourquoi pas par Johaug. « C’est mon rêve d’aider une autre norvégienne à devenir meilleure que moi et je crois que c’est une bonne candidate », révèle Kristiansen dans les colonnes de Dagbladet. De son côté, Therese Johaug n’envisage pas d’aller gagner des médailles au plus haut niveau de l’athlétisme. D’ailleurs, elle a déjà annoncé qu’après les courses à Bislett, elle rangerait ses baskets d’athlétisme pour le moment et ne participerait pas à d’autres courses.
De quoi réjouir ses entraîneurs qui la mettent en garde sur le risque de blessure. « Heureusement, elle en est consciente », affirme Ole Morten Iversen avant de continuer : « Je suis content qu’elle fasse cette course, ce sera une bonne expérience qui lui montrera de nouvelles qualités de course : la patience et pas le fait de commencer fort en essayant de tenir ce rythme durant tout le parcours. »
Préférant rassurer ses entraîneurs, Johaug assure qu’elle ne fait ces courses que pour s’amuser et comme entraînement au ski de fond qui reste son principal engagement. « Avant la course à Bislett, je n’ai fait que deux entraînements sur 10 000 mètres, explique-t-elle. Mais c’est amusant de changer, de faire les choses différemment. »
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois car, auparavant, elle avait pour habitude de faire de l’aviron l’été.
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Les fondeurs de Tromsø solitaires
Si les stages à Oslo, Lillehammer et Trondheim ont rassemblé la plupart des membres des équipes nationales norvégiennes, trois d’entre eux se sont retrouvés seuls, sans entraîneur, à Tromsø, tout au nord du pays.
Erik Valnes, Finn Hågen Krogh et Anna Svendsen n’étaient en effet pas autorisés à se déplacer en avion pour rejoindre une plus large portion de l’équipe pour s’entraîner correctement. « Je dois rester ici au moins jusqu’en août… explique Valnes. Mais c’est difficile de trouver la motivation, de bien faire les choses quand on est seul. »
Sa coéquipière, Anna Svendsen, espère quant à elle qu’ils auront très vite l’autorisation de rejoindre le reste de l’équipe, au moins à Trondheim, ville de rassemblement la plus proche d’eux. Ce n’est pour le moment pas au programme mais l’équipe nationale a cherché des solutions.
Finn Hågen Krogh, qui est pour le moment seul à Alta, va donc rejoindre en voiture Tromsø pour se joindre au camp d’entraînement de l’équipe régionale auquel participeront aussi Valnes et Svendsen. « Ce qui nous manque, surtout, c’est le partage avec le reste de l’équipe », regrette la jeune femme. Arild Monsen, entraîneur de sprint de l’équipe masculine, assure qu’au moins ils ont un bon entraîneur en la personne de Kristian Skogstad.
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Le Blink s’adapte
Le Blink Festival aura bien lieu cet été, en août, comme tous les ans. Haut lieu de rassemblement du ski de fond et du biathlon international, les organisateurs norvégiens se sont assurés que les compétitions pourraient se dérouler, même si cela doit être à huis clos.
Ils ont tout de même annoncé de nouvelles règles la semaine dernière. Les courses en ville vont ainsi être déplacées et faites ailleurs, dans un lieu plus retiré et loin de la foule.
De plus, les biathlètes devront respecter une distance d’un mètre entre chaque concurrent et les fondeurs de deux mètres ! Une nouvelle qui a fait réagir l’expert NRK Fredrik Aukland. « Pourquoi y a-t-il des règles différentes pour le fond et le biathlon ? demande-t-il. Très franchement, une fois sur les ski-roues, ils font à peu près la même chose. »
Vetle Sjåstad Christiansen, biathlète norvégien, rejoint son compatriote : « C’est déjà difficile de garder un mètre de distance mais c’est faisable, réagit-il. En revanche, c’est plus que compliqué avec deux mètres. »
Per Arne Botnan, directeur des équipes de biathlon, cherche quant à lui une explication : « il ne faut pas oublier qu’en biathlon, le peloton est souvent plus étendu à cause du tir, rappelle-t-il. En fond, il y a plus de vitesse, plus de « corps à corps » et il me semble donc naturel de leur demander une plus grande distance entre eux. »
Autre mesure : il sera interdit de cracher lors des courses pour éviter de propager une quelconque infection. « Ce sera peut-être le plus dur, estime le fondeur Sjur Røthe. Avec le pollen, j’ai remarqué à l’entraînement que ça pouvait poser problème. Après, personnellement, je regarde toujours autour de moi avant de cracher pour éviter d’atteindre quelqu’un d’autre… »
Outre ces mesures barrières quelque peu contraignantes, le programme aussi a été modifié. La Lysebotn Opp, premier exercice du week-end du Blink, devrait être supprimée. Les sprints de fond et le super sprint en biathlon, eux, devraient être adaptés avec moins de coureurs au départ pour leur laisser plus de place. Il devrait ensuite y avoir une mass-start en biathlon, une course de distance en fond et enfin, dernier exercice au programme, une course de 12 heures par équipe, en relais. L’équipe ayant parcouru le plus de kilomètres sera sacrée championne.
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Ek Hagen récompensée
Il y a cinq ans, Martine Ek Hagen obtenait son meilleur résultat en coupe du monde de ski de fond en terminant deuxième lors du skiathlon à Rybinsk en Russie. Il y a deux ans, la Norvégienne prenait sa retraite et s’éloignait du monde du ski de fond.
Quelle n’a donc pas été sa surprise lorsque, vendredi dernier, la FIS l’a contactée pour lui apprendre qu’elle était l’heureuse gagnante… d’une course disputée en 2015 ! La Russe, Yulia Tchekaleva, victorieuse de cette étape à Rybinsk, a en effet été suspendue par l’instance internationale pour dopage et elle s’est vue retirer son unique victoire en coupe du monde… au profit de la Norvégienne. « C’était très probablement la meilleure course que j’ai faite de ma carrière, se souvient Ek Hagen. Je me rappelle avoir été ravie d’être deuxième mais en même temps déçue car j’avais les moyens de l’emporter, j’étais toute proche de passer la ligne d’arrivée en tête. »
Si l’ancienne fondeuse se dit ravie d’obtenir une victoire, même cinq ans après, elle regrette tout de même le déroulement des faits. « C’est à double tranchant, explique-t-elle à TV2. C’est agréable mais en même temps, ça aurait été tellement bien d’obtenir la victoire le jour même, d’avoir la sensation de l’emporter. J’ai été privée de cette expérience. C’est très étrange comme sentiment, je suis un peu choquée de savoir que des personnes dopées étaient alignées au départ mais je suis contente que la lumière ait été faite sur l’affaire, que tout cela soit pris au sérieux. » La Norvégienne se dit aussi triste qu’il ait fallu en arriver là.
Elle rêve en effet d’un sport blanc, immaculé. « Il faut penser aux conséquences que cela a sur les autres, rappelle-t-elle. Je n’ai jamais goûté à la victoire et peut-être cela a-t-il joué dans ma décision d’arrêter. C’est une victoire qui a un goût amer cette fois. » Mais Martine Ek Hagen ne va pas pour autant se laisser abattre et elle a avoué à TV2 que vendredi dernier, elle a célébré sa toute nouvelle et unique victoire sur la coupe du monde de ski de fond… Toujours cinq ans après.
Photos : Nordic Focus, Blink Festivalen, Børre E. Helgerud et Instagram.