CHRONIQUE – Avec Vu de Norge et nulle part ailleurs, retrouvez toute l’actualité nordique norvégienne.
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Johaug inquiète des règles sur le fluor
La FIS a finalement décidé de maintenir l’interdiction du fluor l’an prochain en ski de fond. Plus exactement, les taux présents dans les produits de fartage vont diminuer jusqu’à leur interdiction totale lors de la saison 2022-2023.
Mais plusieurs questions se posent : comment contrôler cette nouvelle règle ? Comment s’assurer que personne ne triche ? Des taux réduits de fluor affecteront-ils radicalement la vitesse des fondeurs ?
« Ce sera passionnant de voir comment ils vont résoudre tous ces problèmes, confie Therese Johaug au quotidien VG. J’espère que le respect de ces règles sera primordial et la sécurité très forte. Car si quelqu’un triche, cela pourrait vraiment affecter les résultats. »
Espen Bjervig, directeur du ski de fond norvégien, est du même avis que sa fondeuse star : « sur 15 km, on peut parler d’une minute de différence ! » révèle-t-il. Si des alternatives existent, elles ne sont pas encore aussi efficaces. « Mais nous sommes vraiment heureux de travailler sur ce changement, de tester de nouveaux produits, continue Bjervig. On nous a aussi annoncé que les contrôles seraient effectués avant la course et ceux ne respectant pas les taux de fluor ne pourront prendre le départ. Les contrôles d’après course, eux, pourront disqualifier le fondeur. »
Bjervig imagine bien sûr que certains tenteront de flirter avec les règles, voire de ne pas les respecter du tout mais il croit en la possibilité de contrôler efficacement les produits de fartage utilisés.
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Des points individuels en relais ?
La FIS est toujours à la recherche d’améliorations pour rendre le ski de fond plus attractif. Son dernier cheval de bataille ? Attirer les meilleurs du circuit mondial sur les épreuves de relais. « Pour les spectateurs, ce n’est pas bon de voir que les meilleurs mondiaux ne s’alignent pas au départ des courses par équipe, explique Vegard Ulvang, chef du comité ski de fond à la FIS. Nous prendrons donc une décision cet automne, lors du congrès. »
L’idée ? Les 100 points de la victoire seraient répartis entre chacun des quatre membres du relais, tout comme les points des places suivantes. Ils compteraient alors dans la course au globe de cristal. « Je sais que plusieurs nations sont intéressées par ce fonctionnement », ajoute Ulvang.
Le Norvégien rappelle aussi que, bien souvent, ces épreuves sont les plus regardées à la TV. Le relais de Lillehammer a ainsi été la deuxième course la plus regardée de l’hiver après le 50 km d’Oslo en Norvège. Pourtant, ni Bolshunov chez les Russes, ni Klæbo chez les Norvégiens n’avaient enfilé un dossard sur le relais.
Toujours dans l’idée de proposer de nouvelles idées, les quotas nationaux devraient aussi être diminués sur les courses à domicile, passant de 15 à 12 et obligeant les équipes à aligner au moins deux fondeurs U23. « Beaucoup de nations ont trouvé cette décision juste, déclare Ulvang dans les colonnes de VG. De nombreuses équipes ne se déplaçaient plus en Norvège car il était presque impossible d’y engranger des points. Ce n’était plus tenable. »
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Lundby change d’entraînement
Maren Lundby, depuis plusieurs hivers, est la meilleure sauteuse à ski du monde. Mais pour garder la motivation et continuer de s’améliorer, la Norvégienne cherche toujours de nouvelles solutions. Ce printemps, elle a décidé de changer son entraînement physique. « Je me suis inspirée de ce qui est fait en athlétisme, confie-t-elle au micro de TV2. C’est très amusant de faire des exercices différents, c’est encore plus motivant. »
La sauteuse a entre autres regardé ce que fait son compatriote Karsten Warholm. « Je veux aller plus vite donc j’ai travaillé les techniques de l’athlétisme plutôt que ma force », explique Lundby.
Elle a aussi regardé du côté de Bjoerndalen et Bjoergen en biathlon et en ski de fond, connus pour toujours trouver de nouvelles formes d’entraînement. « Il existe de nombreuses routes pour arriver à performer, conclut la Norvégienne. On veut toujours trouver de nouvelles façons de s’améliorer, pour toujours gagner mais aussi pour rester motivé. »
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Holmenkollen : bientôt du saut en été ?
Depuis que le tremplin d’Holmenkollen a été rénové pour les Mondiaux 2011, il est inutilisable l’été, recouvert de pierre. Pourtant, le plan initial était d’installer une piste plastique pour permettre le saut en saison estivale. « Cela va faire dix ans maintenant que nous ne pouvons pas y sauter en dehors de l’hiver et c’est une énorme perte ! s’insurge le directeur du saut à ski norvégien, Clas Brede Bråthen. L’an dernier, je pense que nous l’avons utilisé seulement 6 heures. En un an ! Avec une piste plastique, nous pourrions l’utiliser du 1er avril au 1er novembre, nous y entraîner. »
Pour le Norvégien, la mairie d’Oslo aurait aussi pu rentabiliser le tremplin depuis longtemps de cette façon : « Imaginez le nombre de touristes qui viendraient et qui seraient ravis de payer peut-être quelques euros de plus pour voir du saut en direct toute l’année ! » explique-t-il dans les colonnes de Dagbladet.
Le président de Kollenhopp, qui gère le tremplin, Roar Gaustad, estime que l’installation de cette piste coûterait au moins 16 millions de couronnes norvégiennes. « Depuis 10 ans, nous en parlons et c’est très gênant que ça n’ait pas encore abouti, déclare Gaustad. Holmenkollen est l’un des rares tremplins d’Europe qui n’ait pas de piste plastique et je comprends que les sauteurs veulent y remédier le plus vite possible. Le seul problème c’est que tout cela enlaidirait le tremplin… »
Un bien petit prix à payer pour permettre de rendre le site plus attractif pour les touristes en été et de limiter les déplacements des sauteurs vers Lillehammer chaque année.
Clas Brede Bråthen, lui, estime qu’avec une piste plastique, Holmenkollen aurait pu créer un événement d’ampleur mondiale l’été avec les meilleurs sauteurs du circuit. La municipalité osloïte estime que cela demanderait deux mois de travaux et demande à Holmenkollen de monter un projet pour pouvoir estimer son coût et le valider.
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Les farteurs de biathlon s’impliquent
Plus de 720 kilomètres. 450 miles. C’est ce que compte effectuer à ski Tobias Dahl Fenre, chef du fartage dans le biathlon norvégien. Il a parcouru ce week-end 70 kilomètres en 14 heures. Il compte bientôt ressortir 22 heures pour effectuer 110 kilomètres à ski. « C’est un peu fou de se fixer cet objectif, admet Fenre au micro de TV2. Mais ça me permet de repousser mes limites, d’être en meilleure forme et surtout, ça pourrait être un vrai atout durant la saison. »
En effet, Fenre améliore ainsi sa vitesse à ski. Le but : pouvoir effectuer plus de kilomètres lors des courtes périodes de tests qui sont allouées aux techniciens sur les pistes de coupe du monde. « Si nous allons plus vite, si nous sommes en meilleure forme, nous effectuerons plus de kilomètres et donc nous pourrons récupérer plus de données », explique Fenre.
Le biathlète Vetle Sjaastad Christiansen reconnaît que son technicien a totalement changé physiquement depuis qu’il travaille avec l’équipe norvégienne de biathlon. « Il est bien plus rapide, plus affûté et surtout je crois que c’est grâce à cela que nous avons eu de meilleurs skis cet hiver », déclare Christiansen.
Les techniciens norvégiens effectuaient en effet en moyenne plus de 50 kilomètres par jour lors des week-ends de coupe du monde ! « C’est un vrai luxe, nous avons des techniciens vraiment investis et j’en suis ravi », termine Christiansen.
Tobias Dahl Fenre a d’ailleurs négocié les contrats de ses techniciens avec la fédération de biathlon norvégienne pour qu’ils aient accès au physiothérapeute et que leur temps à ski, même hors des week-ends de compétition, soit considéré comme du temps de travail. « Je pense qu’il est important que nous soyons presque aussi bien entraînés que les athlètes, estime Fenre. J’espère que cela fera une différence. »
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Bjoerndalen à la rescousse des Russes
Markus Cramer, entraîneur national de l’équipe russe de ski de fond, a avoué récemment avoir fait appel à Ole Einar Bjoerndalen pour l’aider à gérer deux de ses athlètes.
En effet, Yulia Stupak (ex-Belorukova) et Anastasia Sedova sont devenues mamans cet hiver. Cramer avait donc besoin des précieux conseils du Norvégien pour les aider à revenir au plus vite à leur meilleur niveau.
Bjoerndalen avait en effet aidé sa femme, Darya Domracheva, à opérer le même retour (gagnant) à la compétition lorsqu’elle avait mis au monde leur petite fille, Xenia, en 2016. « Bjoerndalen m’a expliqué comment faire pour que leur retour se passe le mieux possible, explique Cramer au journal VG.
Darya avait remporté une médaille seulement 4 mois après son retour, ce qui est impressionnant. J’ai donc envoyé toutes ces informations à Belorukova même si nous allons leur laisser un peu plus de temps. »
Les deux jeunes fondeuses ont eu leur premier enfant entre 24 et 25 ans. Un âge qui peut sembler jeune en France mais qui, pour la Russie, semble déjà avancé. Leur entraîneur a expliqué à la TV russe qu’elles lui avaient toujours confié vouloir des enfants avant la fin de leur carrière.
Natalia Nepryaeva, qui a le même âge, a quant à elle annoncé le contraire : elle veut se concentrer sur sa carrière de fondeuse avant de penser à fonder une famille.
Photos : Nordic Focus et Instagram.