CHRONIQUE – Avec Vu de Norge et nulle part ailleurs, retrouvez toute l’actualité nordique norvégienne.
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Mesures radicales en ski de fond
C’est LE grand ennemi de la saison : le coronavirus inquiète les fondeurs norvégiens. Et certains prennent donc des mesures drastiques après que des joueurs de football norvégiens aient été contaminés malgré les mesures barrières.
La plupart ont donc décidé de se mettre en confinement strict en s’isolant socialement. Pour Hans Christer Holund, ce ne sera pas un problème. « Je vois déjà peu de monde en temps normal, mais c’est pour ma femme que c’est plus difficile, explique-t-il. Elle est très sociable mais elle savait qu’en se mariant avec moi, ce serait sa vie avant chaque saison. Ça fait partie du package du fondeur. Cette année encore plus puisque si je tombe malade, c’est toute l’équipe qui pourrait être impactée. Et puis, ça ne durera que jusqu’en février. »
Son entraîneur, Eirik Myhr Nossum a fait le même choix : il a demandé à sa femme de ne voir personne tant qu’il était chez eux pour éviter toute contamination. « J’ai de la chance, elle est toujours en congé maternité et n’a donc pas d’obligation sociale », soulève-t-il.
S’ils se protègent, d’autres ont très peur du virus. C’est le cas de Heidi Weng, très affectée par son souvenir du début de la pandémie. Avec Ragnhild Haga, elles étaient arrivées au Canada avant le reste de l’équipe qui avait finalement annulé son voyage. Elles avaient alors failli rester bloquées en Amérique. « Bien sûr, je suis pressée de reprendre la compétition mais pas de voyager, explique-t-elle en interview à Beitostølen. Tout le monde avait très peur à ce moment et je n’ai pas envie de revivre ça. »
Très effrayée à l’idée de tomber malade, c’est avec un masque, des lunettes et des gants que la jeune femme est arrivée aux interviews précédant le week-end de compétitions. « Il faut respecter sa peur et je ne la forcerai jamais à rien, a commenté son entraîner Ole Morten Iversen, interrogé sur les mesures prises par Weng et vues comme extrêmes par certains journalistes. Je pense que ça s’arrangera à Ruka quand elle verra qu’elle ne risque rien mais pour le moment, elle a du mal à le voir et je le comprends. Elle n’est pas la seule à avoir ce sentiment de peur, elle l’exprime juste plus que d’autres. »
À raison ? Therese Johaug et Johannes Høsflot Klæbo, eux, soulignent que les répercussions du virus à long terme ne sont pas encore connues. Certains malades semblent garder des séquelles au niveau respiratoire ce qui pourrait vouloir dire, pour un fondeur, la fin d’une carrière au plus haut niveau. « C’est pour cela que nous devons faire attention », insiste Johaug qui estime tout de même que si la FIS juge bon d’organiser les compétitions, c’est que le contexte sanitaire le permet et qu’il ne faut donc pas avoir peur.
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Iversen et Klæbo en désaccord
Emil Iversen a récemment déclaré dans les médias qu’il vaut mieux faire partie de l’équipe nationale toutes distances plutôt que de l’équipe de sprint de ski de fond. « On aurait pu nous appeler l’équipe A et le sprint, c’est l’équipe B, dit ainsi Iversen à Dagbladet. Je crois que tout le monde est d’accord sur ce fait. Personne ne rêve de ne gagner que des sprints. Quand on se lance dans le ski de fond, c’est pour gagner des courses de distance. »
De quoi énerver son coéquipier et ami Johannes Høsflot Klæbo qui lui fait partie de l’équipe de sprint. « Il suffit de regarder qui faisait partie du top 3 mondial l’an dernier pour se rendre compte que ce sont des bêtises, réagit Klæbo. Nous étions deux membres de l’équipe de sprint et aucun membre de l’équipe polyvalente. »
Loin d’être prêt à se laisser démonter, Iversen a répondu qu’il préférait gagner le 50 km d’Oslo plutôt qu’un sprint de coupe du monde. De son côté, Klæbo voit le sprint comme un exercice plus tactique et plus physique. « Je préfère donc gagner un sprint mais je veux aussi être un fondeur complet… » admet le numéro 2 mondial.
Une intention louable pour Iversen qui n’hésite pas à rappeler que son coéquipier est tout de même l’un des meilleurs fondeurs au monde, équipe de sprint ou non.
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Granerud repart de zéro
Halvor Egner Granerud montrait un niveau prometteur il y a deux ans. Mais la saison dernière a été très difficile pour le sauteur. Évincé de l’équipe nationale, le Norvégien a dû se contenter de regarder ses coéquipiers à la télévision. « C’était vraiment difficile et j’ai compris que je devais me reprendre, changer ce qui n’allait pas », explique-t-il au micro de la NRK.
Après un hiver de plus en plus compliqué, Granerud a fait une pause d’une semaine pour se reprendre en main. « Il a fallu que je reparte de zéro, j’ai l’impression d’avoir réappris à skier », confie-t-il.
Le Norvégien a ainsi revu toute sa technique. Un travail salué par son coach, Alexander Stöckl : « on voit qu’il aime le saut et il n’a pas abandonné, c’est très bien, dit l’Autrichien. Il veut être le meilleur et il travaille dur pour ça. Résultat, il est en très bonne forme au début de cette saison, peut-être même le meilleur de l’équipe. »
Dès le mois d’avril, Granerud s’est fixé comme objectif de remporter la coupe du monde. « Dans mes meilleurs jours, je peux gagner une épreuve, j’en suis certain, conclut-il. Et j’ai commencé à réaliser qu’en alignant les meilleurs jours, je pouvais même gagner la coupe du monde. » Un objectif réaliste pour son coach.
À Wisla (Pologne), Granerud s’est classé meilleur norvégien, plus longue distance lors du concours par équipes puis quatrième du concours individuel.
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Un futur bébé mondial ?
Sjur Røthe sera bientôt papa. Sa compagne, Siv Emilie Løvvold, cavalière professionnelle, a révélé fin octobre qu’elle attendait un heureux événement pour 2021.
Le terme de la grossesse, d’abord prévu pour la mi-mars, pourrait finalement survenir quelques semaines plus tôt, en plein milieu des championnats du monde d’Oberstdorf. « Ce sera un défi supplémentaire, admet Røthe. Bien évidemment, nous voulons tous les deux que je puisse aller me battre pour une médaille d’or mais en même temps, que je sois présent pour la naissance de notre enfant. »
Leur plan ? Être toujours prêt à sauter dans un avion pour rentrer des mondiaux si l’accouchement devait survenir à ce moment. « Mais cela va aussi dépendre des conditions de quarantaine en Norvège et en Allemagne », rappelle Røthe. Et le fondeur sait quel choix il fera s’il ne peut assister aux deux évènements. Quitte à ne pas défendre son titre sur le skiathlon. « La naissance de notre enfant passe clairement en premier », affirme-t-il dans les colonnes de VG. Un choix que comprennent son entraîneur Eirik Myhr Nossum et son coéquipier, champion du 50km en titre, Hans Christer Holund, tous deux devenus papas cette année.
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Iversen et ses phobies
En ce moment, la peur numéro 1 des fondeurs norvégiens, c’est bien le coronavirus. Mais Emil Iversen s’est récemment confié à la NRK sur d’autres peurs. « L’une de mes plus grandes phobies, c’était l’avion, révèle-t-il dans une interview. Et les guêpes aussi depuis que j’ai été piqué 6 fois un été. »
Lors d’un après-midi jardinage avec Frode Estil, alors que le petit Iversen avait 10 ou 11 ans, il avait en effet subi l’attaque de plusieurs guêpes et il garde une peur de ces petits insectes. Un souvenir qui fait beaucoup rire l’ancien champion de ski de fond et qui ne handicape pas trop Iversen.
Contrairement à sa phobie de l’avion. « Je n’aurais jamais dû regarder une série sur les accidents d’avion, reconnaît-il. Un jour que je voyageais vers le sud de l’Europe, j’ai eu très peur, l’avion a penché sur le côté et j’ai pensé à ces histoires de perte de moteur… »
Une période difficile a alors commencé pour le jeune fondeur jusqu’à un vol retour de championnats U23 en Turquie. Très peu rassuré, Iversen a pris un vol qui semblait chaotique mais qui s’est finalement bien déroulé. « Je me suis dit que si je m’en sortais cette fois-là, alors ça irait toujours bien et depuis, j’ai réussi à combattre cette peur », explique-t-il. Enfin, sauf lorsqu’il y a des turbulences… Une phobie pas toujours facile à vivre lorsqu’on voyage à travers l’Europe pour le sport de haut niveau.
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Le nouveau combat de la famille Klæbo
Le grand-père de Johannes Høsflot Klæbo, Kåre Høsflot, a toujours joué un rôle important dans la carrière de son petit-fils.
La semaine dernière, il a révélé aux médias norvégiens qu’il avait entamé un traitement contre le cancer de la prostate il y a quelques mois et qu’il y avait donc peu de chance qu’ils se rendent sur des sites de compétition cette saison, laissant son petit-fils se débrouiller sans lui. « C’est dur mais en même temps, le pronostic est bon, mon grand-père a une attitude positive, c’est rassurant, déclare Klæbo dans les colonnes de VG. Il me manque beaucoup, c’est nul de voyager sans lui mais au moins, je lui parle tous les jours au téléphone. »
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Le fondeur révèle aussi qu’il est désormais celui qui conseille son grand-père, le coachant à son tour. « J’étais sceptique aussi quand j’ai appris qu’il avait demandé aux médecins de repousser le traitement jusqu’à la fin de la dernière saison mais cela en dit long sur mon grand-père, continue Klæbo. Il n’a pas voulu m’abandonner, j’en suis très touché. »
Kåre Høsflot est en effet l’entraîneur de son petit-fils depuis ses 16 ans et même s’il est désormais en équipe nationale, il n’est jamais bien loin. La radiothérapie du grand-père du champion est désormais finie et il est en rémission mais en raison des effets secondaires du traitement, il préfère ne pas prendre de risques en voyageant en pleine pandémie.
Photos : Nordic Focus.