CHRONIQUE – Avec Vu de Norge et nulle part ailleurs, retrouvez toute l’actualité nordique norvégienne.
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Holund abandonne : l’explication
Samedi, la mass start de 15km classique de Falun a connu de la casse : de lourdes chutes et même la crainte, pour Andrew Young, de s’être cassé la jambe. Heureusement, plus de peur que de mal pour la plupart des fondeurs.
Mais avant la fin de la compétition, Hans Christer Holund décidait tout de même de mettre le clignotant et d’abandonner. S’il était tombé plutôt dans la course, il aurait tout de même pu espérer revenir sur le groupe de tête, comme l’a fait Bolshunov. Alors pourquoi abandonner ?
Dès qu’il a déchaussé, Espen Bjervig, manager des équipes de ski de fond, l’a rejoint pour comprendre. « Je lui ai assuré que tout allait bien mais que ça ne servait à rien de continuer, révèle Holund au micro des médias norvégiens. Il n’y avait aucune raison de participer à cette course et de prendre des risques inutiles avant les Mondiaux. Peut-être que s’ils n’avaient pas eu lieu dans trois semaines, j’aurais fini la course mais je ne vois pas l’intérêt de continuer si j’ai peur de me blesser. »
Le Norvégien s’est dit très frustré d’avoir dû abandonner à un tour de la fin. « Ce qui m’énerve le plus, c’est que l’organisation ait choisi un tel tracé, continue Holund. Les organisateurs savent très bien ce que ça va donner. C’est peut-être amusant à voir, excitant mais pas quand on skie. Ils jouent avec la santé des athlètes en faisant cela. Je déteste devoir critiquer, surtout la FIS, mais ils ne devraient pas laisser faire ça : si on veut un spectacle de ce genre, autant regarder les X Games. »
Pierre Mignerey, directeur du ski de fond à la FIS, a dit qu’il s’entretiendrait avec toutes les équipes et en particulier avec Hans Christer Holund pour avoir son retour sur la compétition et ce qui pourrait être amélioré. « Mais personne ne nous a jamais rien dit avant samedi alors que le tracé n’a pas changé du week-end », rappelle le Français.
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Holund, lui, était déjà reparti en Norvège pour retrouver sa femme et son fils de six mois puisqu’il ne prenait pas part au sprint. « J’ai hâte de les revoir mais j’ai aussi hâte d’être aux Mondiaux, conclut-il. Je n’ai jamais été aussi prêt et, à 32 ans, je n’ai peut-être plus beaucoup d’occasions d’aller aux mondiaux. C’est aussi pour ça qu’il était hors de question de risquer de me blesser. »
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Iversen, seul mais meilleur
Absent, comme toute l’équipe norvégienne, du début de la coupe du monde de ski de fond, Emil Iversen s’est tout de même illustré sur le peu de compétitions où il a participé. Une éclaircie après une année 2020 très compliquée pour le Norvégien, comme il le confie au micro de la NRK : « 2020 n’a pas été une bonne année pour moi et sur tous les plans, explique-t-il. D’abord, je suis redevenu célibataire et ensuite, j’ai presque vécu en exil avec le confinement. C’était très dur d’être tout seul, tous les jours, à Meråker. Nous sacrifions beaucoup pour être fondeur, c’est une vie vraiment spéciale. »
Mais cet isolement a peut-être porté ses fruits : Iversen s’est entraîné plus que jamais, s’est mieux préparé que jamais. Résultat, il a été le roi des derniers championnats nationaux et a aussitôt enchaîné avec une victoire sur le skiathlon de Lahti. Il fait donc parti des grands favoris sur le même format aux Mondiaux d’Oberstdorf. « Si je veux être cynique, je dirais que, grâce au Covid-19, je n’ai pensé qu’à moi et mon entraînement, je n’avais que ça à faire », continue Iversen.
Son coach, Eirik Myrh Nossum, salue sa préparation et le soin qu’il a pris pour ne pas tomber malade : « Auparavant, il est déjà tombé malade à des moments très inopportuns et il faut souligner comme il a évité ce genre de soucis cet hiver », rappelle l’entraîneur.
Heureusement pour lui, dans son malheur, Emil Iversen a pu compter sur son frère Mats avec qui il était confiné et qui lui a servi d’entraîneur, de manager mais lui a aussi remonté le moral pour le garder motivé. « Son travail est inestimable », révèle le fondeur.
Désormais, le Norvégien ne se concentre plus que sur un seul objectif : Oberstdorf. « Je me prépare déjà mentalement, je visualise la piste, j’imagine les tactiques… conclut Iversen. Mais je dois garder les pieds sur terre, ne pas partir vainqueur au risque de tout perdre. »
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La crainte de rester en Norvège
Si les fondeurs craignent en général de rester coincé à l’étranger, les sauteurs à ski norvégiens, eux, ont craint de ne plus pouvoir sortir de Norvège. Ils auraient dû rentrer entre les compétitions à Lahti et à Willingen le week-end dernier mais, finalement, entendant des rumeurs, ils ont préféré assurer le coup et se rendre directement en Allemagne. « On nous a expliqué qu’il y avait un nouveau risque de ne plus pouvoir sortir de Norvège si nous y revenions et que nous étions donc placés en quarantaine alors nous avons préféré être prudents », explique Alexander Stöckl dans les colonnes de Dagbladet.
Finalement, cette rumeur s’avèrera fausse : s’ils ont un motif sérieux – comme se rendre sur une compétition de haut niveau – les athlètes et le staff ont le droit de quitter la Norvège même si leur période de quarantaine n’y est pas terminée. « Nous allons donc rentrer, moi, Forfang et Johansson, en Norvège tandis que les autres restent à Willingen en début de semaine. Nous nous rejoindrons tous ensuite à Klingenthal », révèle Stöckl.
Le but de ce retour à la maison imprévu ? Stöckl et Johansson pourront voir leurs jeunes enfants. « C’est un soulagement de savoir que nous pouvons continuer de voir nos familles entre deux compétitions », confie le coach.
Halvor Egner Granerud, lui, a décidé de ne pas prendre de risques : il préfère rester dans la « bulle » créée par la FIS et ne pas risquer de contracter la Covid-19 en voyageant plus que nécessaire. Toute l’équipe rentrera ensuite à la maison avant de retourner à Zakopane. Ils devraient de nouveau faire l’aller-retour en Norvège avant la coupe du monde de Rasnov puis arriveront les Mondiaux d’Oberstdorf.
Un programme chargé mais millimétré et qui ne devrait pas être bouleversé par de nouvelles règles de quarantaine en Norvège comme l’a confirmé le directeur adjoint de la santé dans une lettre au saut norvégien : « Il faut différencier quarantaine d’entrée sur le territoire et quarantaine après avoir été infecté, dans le premier cas, on peut tout à fait briser cette quarantaine pour quitter le pays », dit la lettre.
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Lundby garde la tête froide
Maren Lundby ne fait pas le début de saison auquel elle nous avait habitués. La Norvégienne a des ennuis de genoux et elle a dû revoir sa technique d’atterrissage. Résultat : elle n’est pas encore montée sur un seul podium cet hiver, même si elle n’en est jamais loin. « Je dois rester patiente, continuer de travailler sur ma technique qui me fait défaut en ce moment, analyse la sauteuse à ski. J’ai besoin de concourir plus souvent, de prendre un peu plus d’expérience avec mes nouveaux réglages et ensuite, ça ira mieux », promet l’ancienne numéro 1 de la discipline.
Mieux vaut donc ne pas l’enterrer trop vite pour les Mondiaux d’Oberstdorf. « En saut, on ne sait jamais ce qui va se passer, rappelle-t-elle. On travaille entre chaque compétition et chaque week-end est différent. Soudain, tout se met en place et on gagne. En attendant, je dois garder la tête froide, garder confiance en moi et être patiente », répète Lundby dans VG.
Son équipe aussi garde confiance en elle. « Nous connaissons son niveau, son talent, elle sera dans une forme olympique une fois arrivée aux mondiaux, j’en suis certain, confie Clas Brede Bråthen, manager des équipes de saut norvégiennes. Ce n’est pas nouveau pour Maren de ne pas tout gagner et elle sait ce qu’elle doit faire pour y remédier, ayez confiance. »
Et si Lundby devait ne pas être en assez bonne forme à Oberstdorf, la Norvège peut compter aussi sur Silje Opseth et ses deux podiums en deux compétitions ce week-end, ainsi que sur la jeune Eirin Maria Kvandal qui a remporté son premier concours une semaine auparavant.
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Haga se débarrasse de la pression
Depuis sa médaille aux Jeux olympiques de PyeongChang en 2018, Ragnhild Haga n’a pas fait d’étincelles sur la coupe du monde de ski de fond. Elle n’avait pas été sélectionnée à Ruka ou à Lahti mais elle a enfin fait son retour à Falun : dernière chance pour elle de participer aux championnats du monde. Il ne reste en effet plus que deux places pour les épreuves de distance d’Oberstdof et Haga doit batailler face aux sœurs Udnes Weng pour se qualifier. La lumière au bout du tunnel pour la championne olympique ?
« Ragnhild l’a décrit très clairement après les Jeux, rappelle son coach Ole Morten Iversen, elle a eu du mal à gérer la situation, la pression. On lui rappelait sans cesse sa performance olympique et elle s’est fixé des objectifs trop élevés, on en attendait trop d’elle. » La fondeuse a donc traversé près de trois ans de disette sans trouver ce qui clochait, ce qui l’empêchait de performer. Aux championnats nationaux il y a deux semaines, pourtant, elle est soudain réapparue sur le devant de la scène en prenant la deuxième place du 10km.
« C’est important ce résultat, surtout pour ma confiance en moi, réagit Haga au micro de la NRK. Quand tout ne se passe pas comme on veut, on perd de la motivation. Mais j’aime toujours skier, je ne voulais pas arrêter… J’ai dû retrouver mon plaisir, me débarrasser de toute cette pression. » Efficace puisqu’elle a terminé 4e du 10km de vendredi, seule course où elle était engagée à Falun.
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Les fondeuses s’amusent
Heidi Weng va mieux. Après son passage à vide lors de l’ouverture de la coupe du monde à Ruka, la jeune femme s’était repliée en Norvège. Elle avait alors entrepris de demander une aide psychologique pour se préparer à son retour en coupe du monde à l’étranger, terrifiée par la perspective d’un confinement loin des siens.
À Lahti, elle retrouvait des couleurs en remontant sur le podium et confiait alors à la NRK : « C’est une toute autre Heidi que celle du début de saison, sourit-elle. Je n’étais plus moi-même, j’avais besoin de cette aide psychologique et je suis incroyablement reconnaissante de ce qu’elle m’a apporté. » Un choix qu’elle assume complètement, affirmant faire passer sa santé physique et mentale avant le ski de fond.
La Norvégienne a aussi été bien aidée par sa nouvelle compagne de chambre : Helene Marie Fossesholm. Elle est en permanence avec sa nouvelle coéquipière qui confie aux médias norvégiens que toutes deux ne cessent de s’amuser entre les compétitions. Pour preuve, une vidéo qu’elles ont récemment posté sur Instagram où l’on voit les deux fondeuses danser et le sourire retrouvé de Heidi Weng.
Photos : Nordic Focus.