CHRONIQUE – Avec Vu de Norge et nulle part ailleurs, retrouvez toute l’actualité nordique norvégienne.
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Klæbo sous pression
Les Mondiaux d’Oberstdorf approchent et les équipes se forment. Si les Norvégiens ont déjà été sélectionnés, certaines distances restent ouvertes. Johannes Høsflot Klæbo – à retrouver dans le nouveau Nordic Magazine – pourrait donc être aligné sur d’autres départs que les sprints et les relais. Mais est-il prêt ? « Si je suis en forme, dans une bonne journée, j’ai montré que j’étais capable de m’imposer sur une longue distance », affirme le fondeur auprès de nos confrères de la NRK. Et pourquoi pas sur le skiathlon qui aura lieu quelques jours après le sprint ? Après tout, la dernière fois qu’il s’est aligné sur cette distance, en 2017, Klæbo s’était imposé. « Oui, ça commence à remonter mais pourquoi pas », sourit-il.
Johannes Hoesflot Klaebo (NOR) – Thibaut/NordicFocus
Mais le réel problème réside ailleurs : dès qu’il est aligné sur un départ, les médias et les fans s’attendent à le voir sur le podium. « C’est difficile, quand je m’aligne, je dois toujours me battre pour la victoire, même sur des distances où je n’en ai jamais été proche, admet le Norvégien. Et quand je ne gagne pas, je ne suis pas satisfait. Mais je dois arrêter de me mettre cette pression, il faut que tout le monde comprenne que l’important, c’est que je fais de mon mieux à chaque fois. »
Johannes Hoesflot Klæbo en couverture du nouveau Nordic Magazine
Un constat partagé par son coach, Arild Monsen. « Peut-être est-il impossible de dominer le sprint tout en s’imposant sur les autres distances ? souligne-t-il encore. Mais il ne mérite certainement pas ce qu’on dit sur lui lorsqu’il termine septième d’un 15 km. C’est un bon résultat et Klæbo est un très bon skieur mais pas un surhomme ! Personne ne peut tout gagner. »
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Christiansen ne lâche rien
Vetle Sjåstad Christiansen n’est que réserviste pour le début de ces Mondiaux de biathlon. Dans une équipe extrêmement compétitive cet hiver, les places sont chères. Mais le Norvégien ne s’avoue pas encore vaincu.
Vetle Sjastad Christiansen (NOR) – Manzoni/NordicFocus
Si Sturla Holm Lægreid, Tarjei et Johannes Thingnes Bø sont presque assurés de pouvoir participer à chaque course, dont le relais. La quatrième place se jouera entre Johannes Dale et Christiansen.
Vetle Sjastad Christiansen (NOR), Henrik l’Abee-Lund (NOR), Lars Helge Birkeland (NOR), Johannes Thingnes Boe (NOR) – Manzoni/NordicFocus
« Je considère que j’ai une réelle opportunité d’aller sur le relais, estime ce dernier. Johannes a déjà eu des baisses de niveau cette saison, les coachs devront décider sur qui ils décident de parier et qui sera mieux pour affronter notre plus grand ennemi : la France. Johannes est en meilleure forme mais, sur les relais, je suis plus régulier. »
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Christiansen est donc loin d’avoir abandonné tout espoir, même s’il sait que le relais norvégien peut être titré, avec ou sans lui. Le biathlète espère aussi être aligné au départ de l’individuel où un bon résultat pourrait ensuite lui ouvrir les portes de la mass-start. « Je sais que si je vais sur la mass-start, je peux aller chercher une médaille, assure Christiansen. Je ne peux pas me permettre de laisser tomber, mentalement ce n’est pas tenable. »
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Un week-end à oublier ?
Les sauteuses à ski sont arrivées à Hinzenbach sans leur équipement. Seulement Eirin Maria Kvindal avait encore ses skis. Pour le premier concours du week-end, Maren Lundby a donc décidé de se retirer tandis que les autres Norvégiennes se voyaient prêter des skis trop courts pour elles par d’autres concurrentes, dont la Française Joséphine Pagnier. « J’ai presque déjà perdu le général de la coupe du monde, je préfère donc ne pas concourir avec des skis qui ne me conviennent pas », s’est justifié Maren Lundby dans les médias norvégiens.
Une décision que soutient à 100% l’ancien sauteur et expert NRK, Johan Remen Evensen. « C’est tout à fait compréhensible qu’elle n’ait pas souhaité participer avec un équipement qui ne lui allait pas, explique-t-il. En revanche, comment est-ce possible qu’avec plus de 60 sauteuses, aucune n’avait des skis à la bonne taille d’aucune de nos athlètes ? La plupart des athlètes ont deux paires de skis et je ne vois qu’une explication : ils ne voulaient pas que l’une des meilleures du circuit concoure. »
Maren Lundby (NOR) – Modica/NordicFocus
L’entraîneur de l’équipe féminine, Christian Meyer, a estimé lui que les autres nations avaient été très bienveillantes en sortant la Norvège d’un mauvais pas. « Malheureusement, les skis n’étaient pas à la bonne taille et cela a coûté une disqualification à Thea Minyan Bjørnseth mais on ne peut pas dire que nous n’avons pas reçu d’aide », réagit le coach.
Pour Alexander Stöckl, entraîneur de l’équipe masculine, pour éviter ce genre d’ennuis, l’équipe féminine aurait besoin d’avoir une « voiture de service » en Europe centrale qui suivrait le circuit mondial d’une compétition à l’autre, évitant ainsi que les skis prennent trop souvent l’avion et se perdent. « Mais je sais que l’équipe féminine n’a pas assez de moyens pour se le permettre, soupire Stöckl. En cela, nous avons de la chance mais ce n’est pas normal, c’est très dommageable pour elles. » Clas Brede Bråthen, manager des équipes de saut, a confirmé que la question se posait, maintenant que les sauteuses étaient compétitives et plus nombreuses.
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Kvandal, miraculée
Elle a déjà marqué cette saison en remportant sa première victoire après seulement deux compétitions en coupe du monde de saut à ski. Ce week-end, à Hinzenbach, Eirin Maria Kvandal est encore montée sur le podium vendredi. Malheureusement, dimanche, la Norvégienne chutait lourdement et était évacuée sur une civière. Résultat : le genou touché et une saison finie avant les Mondiaux. De quoi lui rappeler de mauvais souvenirs et la ramener deux ans en arrière, lorsqu’elle a été opérée du dos.
Eirin Maria Kvandal (NOR) – Modica/NordicFocus
« J’ai commencé le saut à 5 ans, se souvient Kvandal dans une interview pour TV2. Mais quand étais au collège, ma mère a remarqué que ma colonne n’était pas droite. Le médecin nous a dit que ce n’était pas grave… Jusqu’à ce qu’on me dise que ça n’évoluait pas bien quand j’étais au lycée à Trondheim pour devenir athlète de haut niveau. »
La sauteuse explique qu’elle souffrait d’une anomalie congénitale et, en grandissant, sa scoliose s’est donc aggravée. « Le médecin m’a offert deux options : porter un corset ou me faire opérée, continue Kvandal. Mais avec un corset, je devais dire adieu à tout entraînement sportif pendant deux ans avec aucune garantie que cela fonctionne. C’était hors de question. »
Eirin Maria Kvandal – Nordic Focus
La Norvégienne, à seulement 19 ans, a alors décidé de se faire opérer. « Dans mon malheur, j’ai été chanceuse : seul le haut du dos était concerné et c’est moins difficile que le bas du dos, confie-t-elle. Mais je dois avouer que je ne pensais qu’à une chose : toutes ces heures d’entraînement que j’allais perdre, ça a été difficile d’appréhender cette longue pause. »
Après sept heures d’opération et la pose de deux tiges et 22 vis en métal dans son dos, Kvandal peut enfin passer à la rééducation malgré une douleur qui ne la quitte pas le premier mois. « Mais le saut à ski m’a motivée, m’a aidée à traverser tout ça, ajoute la sauteuse. Et quand j’ai enfin pu m’élancer de nouveau du haut d’un tremplin, j’étais si heureuse ! » Elle s’est alors lancée corps et âme dans l’entraînement pour parvenir au plus haut niveau mondial. Son rêve désormais : pouvoir concourir sur le tremplin de vol à ski de Planica. Un rêve qui pourrait bien prendre un peu de temps, les filles n’y étant pas encore autorisées.
Eirin Kvandal: rocking the ski jumping world with 2 metal rods and 22 screws in her back.
Read the inspiring story of the Mosjøen girl in the link!#skijumping #skijumpingfamilyhttps://t.co/SFA7qx4sNH
— Ski Jumping Women Norway (@sjwomennorway) January 31, 2021
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Mondiaux : les mesures prises
En Norvège, on ne plaisante pas avec le coronavirus. Toute l’équipe de ski de fond s’est retirée pendant plus d’un mois de la coupe du monde pour s’assurer de n’avoir aucun malade. Pas question que cela puisse arriver lors des Mondiaux à Oberstdorf. Dès cette semaine, les sélectionnés se retrouveront donc à Sjusjøen pour une dernière préparation. Ils seront ensuite divisés en deux groupes pour voyager en Allemagne et les athlètes prendront des vols charters pour limiter les contacts avec l’extérieur. Johannes Høsflot Klæbo envisage même d’aller jusqu’en Bavière en voiture. « La règle d’or, c’est de limiter les contacts », explique le médecin de l’équipe Øystein Andersen.
Pour se faire, les Norvégiens ont réservé un hôtel à 7 kilomètres des lieux de compétition et tous les athlètes seront mis en binômes. Ils n’auront alors plus le droit de quitter leur chambre sans leur masque, à moins d’être en train de manger, et devront se tenir à 1,5 mètres de toute personne qui ne soit pas leur binôme. « Nous devons maîtriser tous les risques d’infection, explique Andersen dans les colonnes de Dagbladet. Nous voulons aussi que ce soit sécurisant pour les athlètes et qu’ils puissent se reposer car, deux semaines de compétition, c’est long mentalement pour eux aussi. »
Si les athlètes auront le droit de célébrer les victoires entre eux, il leur sera en revanche interdit de trop s’approcher des concurrents des autres nations. Tout sera aussi documenté pour éviter, s’il y a quand même des cas positifs, que trop d’athlètes soient considérés cas contacts par les autorités allemandes.
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Un championnat NRK
Souvenez-vous : il y a deux ans, Dagbladet proposait aux fans de ski de fond de créer leur propre équipe de coupe du monde. Avec un quota de points, il était possible de choisir ses athlètes masculins et féminins. Le but : remporter un maximum de points si les athlètes étaient bien placés sur les courses.
Eh bien c’est désormais au tour de la NRK de reprendre ce format ! Vous pouvez vous inscrire sur leur site et alors sélectionner vos grands favoris pour les championnats du monde de ski de fond à Oberstdorf mais aussi pour les Mondiaux de biathlon ou de ski alpin qui commencent cette semaine !
https://www.nordicmag.info/vu-de-norge-212-klaebo-sexplique-northug-sen-va-en-guerre-1127/
Avec 110 millions de couronnes norvégiennes virtuelles, vous pouvez former trois équipes de huit athlètes (quatre femmes et quatre hommes) pour chaque discipline ainsi que choisir un entraîneur par équipe. Parmi ces neuf sélectionnés, vous ne pouvez pas choisir plus de trois athlètes d’une même nation. Il est aussi possible de choisir un capitaine d’équipe qui verra alors ses points de résultats lors du championnat doublés. Il est aussi possible de changer ses athlètes entre chaque course. Mais attention à votre stratégie !
Les experts NRK recommandent de trouver un athlète « joker », c’est-à-dire un athlète qui coûterait peu de points mais qui aurait de grandes chances de marquer des points. « Par exemple, choisissez Sturla Holm Lægreid plutôt que Johannes Thingnes Bø », fait remarquer l’expert Ole Kristian Stoltenberg. Pour lui, Simon Eder serait aussi un bon athlète sur lequel parier.
En ski de fond, Torgeir Bjørn recommande de réserver ses points pour Therese Johaug qui marque toujours de gros points. Chez les hommes, les jeux seront plus ouverts et dépendront de la distance à venir. Alors, envie de jouer ?
Photos : Nordic Focus.