CHRONIQUE – Avec Vu de Norge et nulle part ailleurs, retrouvez toute l’actualité nordique norvégienne.
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Eckhoff vs le reste du monde
Trois compétitions, trois titres. Tiril Eckhoff est la reine de ce début de Mondiaux de biathlon à Pokljuka. « J’ai eu des championnats extrêmement mauvais l’an dernier et je voulais prendre ma revanche ici, c’est chose faite », commente Eckhoff après sa victoire sur le sprint.
La Norvégienne en profite aussitôt pour remercier ses proches et tous ceux qui l’ont soutenue au cours de ces saisons plus difficiles. Les larmes aux yeux, elle reprend : « C’est agréable de me dire qu’aujourd’hui, j’ai fait le job, j’étais forte mentalement et physiquement. »
« Et quand Tiril trouve la bonne vague, elle surfe dessus longtemps », commente sa coéquipière Ingrid Landmark Tandrevold. C’est apparemment le cas en Slovénie puisque la Norvégienne a fait le doublé sur la poursuite. « C’est une Tiril tout à fait différente d’avant, elle est impressionnante, commente l’expert NRK, Ola Lunde. Même avec des pénalités, elle ne lâche rien et ça se voit sur la feuille de résultats. On sent qu’elle a travaillé dur et que cela porte ses fruits. »
Même constat chez Emil Hegle Svendsen, ancien biathlète : « Je sais qu’elle doit être si heureuse, dit-il. Quand on s’investit autant dans quelque chose et qu’on obtient de si belles médailles, c’est fantastique et on se dit que ça ne servait pas à rien. »
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L’ingrédient secret d’Eckhoff ? Tous les adversaires qu’elle a dû affronter, ses chutes, les commentaires acerbes qui ont pu être faits à son encontre lorsqu’elle échouait. « Ça m’a rendue plus forte, explique la Norvégienne. Ça pique quand on entend tout ça mais c’est bien meilleur quand on réplique. » Ses coéquipières, elles, lui souhaitent de continuer ainsi et d’aller remporter encore des médailles. « C’est une très bonne émulation pour tout le groupe et cela motive les autres », conclut le coach de l’équipe Sverre Huber Kaas.
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Trop peu de contrôles antidopage ?
Surprise en arrivant à Pokljuka : plusieurs biathlètes notent qu’ils n’ont été que très peu contrôlés à l’antidopage depuis le début de l’hiver. Les Français, entres autres, l’ont fait remarquer comme Emilien Jacquelin sur Twitter.
Pas 1 contrôle anti-dopage pendant les 2 semaines avant mondiaux… mais que fait la @wada_ama ?
— Emilien Jacquelin (@EmilienJck) February 7, 2021
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Tiril Eckhoff, elle aussi, a confié avoir été bien moins testée que d’habitude cette saison. « Nous aurions dû être contrôlés avant les mondiaux, estime Johannes Thingnes Boe au micro de la NRK. Surtout pour moi, je suis quand même leader de la coupe du monde et cela me semble donc anormal. » De quoi inquiéter ceux qui luttent contre le dopage : « Appelons un chat un chat, réagit Eckhoff. s’ils testent vraiment moins, alors c’est une année où des concurrents peuvent se doper. J’espère juste que ce n’est pas le cas. »
Olsbu Roeiseland, elle, estime que l’année prochaine sera plus propice aux contrôles, juste avant les Jeux olympiques. « Peut-être, aussi, cela avait-il un lien avec la pandémie et les restrictions budgétaires, ajoute-t-elle. Mais dans tous les cas, ce n’est pas bien et c’est positif de voir que de nombreux athlètes s’en inquiètent. »
La Biathlon Integrity Unit (BUI), indépendante de l’IBU et en charge des tests antidopage, a elle expliqué qu’il n’y avait pas eu moins de tests mais qu’ils avaient été faits différemment, en accord avec une nouvelle stratégie de lutte antidopage.
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Pokljuka : les filles désavantagées ?
À Pokljuka, le calendrier semble un peu désavantager les filles. En effet, elles ont commencé à concourir sur le sprint samedi, ont continué avec la poursuite dimanche et doivent repartir sur l’individuel dès mardi ! Les garçons, quant à eux, ont eu un jour de repos samedi et deux de lundi à mardi avant l’individuel. « C’est très étrange, commente Tiril Eckhoff. Il aurait semblé plus juste que le premier individuel soit le masculin comme ils avaient aussi été les premiers sur le sprint. »
Ingrid Landmark Tandrevold, elle, est fataliste: « Je ne sais pas si c’est juste ou non , je sais juste que nous n’avons pas le choix », réagit-elle dans les colonnes de Dagbladet. Marte Olsbu Roeiseland a décidé d’être plus positive et se dit excitée à l’idée de pousser son corps et de voir comment il réagit à autant de courses en si peu de temps. « Celle qui récupèrera le mieux sera sacrée », prédit-elle.
Et si cela avantageait les Norvégiennes ? « Je pense être moins fatigable que mes concurrentes », annonce Eckhoff à VG. À défaut d’avoir un programme facile, Tandrevold a aussi fait la même annonce : résultat cet après-midi. Une Norvégienne sera-t-elle en tête ?
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Tarjei Boe dans The Voice ?
Pour la première fois depuis longtemps, Tarjei Boe n’a pas été aligné au départ du relais mixte des championnats du monde de biathlon, les sélectionneurs lui ayant préféré le jeune prodige Sturla Holm Lægreid. Mais loin d’être vexé, Tarjei Boe s’est montré enchanté quand son équipe a remporté la médaille d’or. Tellement, en fait, qu’il a publié une vidéo de lui chantant l’hymne national à plein poumons.
« Je ne pouvais pas monter sur le podium, mais je pouvais au moins chanter avec eux », explique le biathlète à TV2. Et depuis, le Norvégien se prend pour la prochaine nouvelle star. « The Idol et The Voice m’ont contacté, plaisante-t-il. Mais je leur ai dit que j’étais un peu occupé avec les Mondiaux. »
En attendant de le retrouver à la TV, son petit frère, Johannes Thingnes Boe, a confié qu’il n’était pas rare d’entendre son aîné chanter du matin au soir. « Déjà au collège, il faisait de la musique et maintenant, il a presque toujours une chanson en tête et il chante une seule phrase de ce titre encore et encore… explique le maillot jaune de la coupe du monde. Le matin, on l’entend, il ne s’en rend même pas compte mais il fredonne tout le temps. » Sturla Holm Lægreid, lui, s’est dit ravi de voir cette gentille attention de son coéquipier.
Mais pas question de se laisser déconcentrer : aucun Norvégien n’est monté sur le podium du sprint ce week-end et si Johannes Thingnes Boe a rectifié le tir dimanche sur la poursuite, le reste de l’équipe doit réagir dès l’individuel mercredi.
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Les annulations en saut inquiètent
Toutes les compétitions en Norvège ont été annulées pour la fin de la saison, entre autres le Raw Air féminin et masculin. Une grosse déconvenue pour les sauteurs qui se font toujours une joie d’aller concourir en Norvège. Mais la FIS pourra-t-elle remplacer ces compétitions ? Pour Maren Lundby, nul doute qu’une solution sera trouvée pour la coupe du monde masculine. Sur Twitter, elle a aussitôt publié un commentaire désabusé : « Je me demande où ils vont bien pouvoir reprogrammer les compétitions des hommes ? » écrivait-elle.
Depuis le début de l’hiver, la sauteuse à ski est en effet déçue de voir que les filles ont pu très peu sauter puisque toutes leurs compétitions ont été annulées, tandis que les hommes ont eux pu trouver des solutions (entre autres en Pologne). « Nous sommes très déçus, confie Clas Brede Braathen, chef du saut à ski norvégien. Nous comprenons la décision du gouvernement mais nous pensons que nous aurions pu organiser des compétitions dans un cadre sanitaire adéquat et sécurisé. Les filles, surtout, sont très touchées puisque la Norvège est l’un des plus gros pays organisateurs de compétitions pour elles. Et ces annulations affectent donc en particulier celles qui sont, au départ, le moins bien loties. »
Au-delà de cette seule saison, cela montre aussi la façon dont est considéré le saut féminin. La NRK fait remarquer que les compétitions n’ont probablement pas été remplacées car télévisuellement, elles ne rapportent pas assez. « On le voit bien, dans les pays où le saut est diffusé, les compétitions féminines le sont tout de même rarement », note la chaîne TV. Et cet hiver ne risque pas d’améliorer les choses : moins de compétitions veut aussi dire moins de visibilité et donc les diffuseurs auront moins envie d’acheter les droits de la discipline.
Si Sandro Pertile, directeur du saut à ski à la FIS, se disait prêt à aider les sauteuses, il a été refroidi par l’annulation des compétitions norvégiennes : « La Norvège est souvent venue se plaindre du traitement fait du saut féminin cette saison, ils ont annoncé plusieurs compétitions sur leurs tremplins avant de tout annuler… réagit-il au micro de la NRK. Alors mieux vaut ne pas me dire que je n’aide pas le saut féminin alors que la Norvège, si. »
Blir spennende å se hvor herrene får sine renn flyttet? https://t.co/kvjRACZLtu
— Maren Lundby (@marenlundby) February 11, 2021
D’un autre côté, Alexander Stöckl, coach de l’équipe masculine, est lui inquiet des conséquences financières pour tout le saut norvégien : « Cela peut mettre à mal l’association de ski et j’espère qu’ils pourront continuer de financer nos équipes », explique-t-il dans les colonnes du quotidien VG. « Il s’agit en effet de dizaine de millions de couronnes, confirme le président de l’association de ski norvégienne, Erik Roeste. Nous verrons ce que le gouvernement peut faire pour nous aider financièrement, surtout lorsque l’on sait que les revenus des compétitions internationales servent largement à financer les compétitions et équipes juniors. »
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Lundby : « On doit faire ce qu’on veut de notre temps libre »
La sauteuse à ski Juliane Seyfarth a fait parler d’elle la semaine dernière, et pas pour ses bons résultats dans sa discipline. L’Allemande a en effet fait la couverture du magazine Playboy, faisant jaser le monde du sport. « Je suis très reconnaissante pour cette expérience et les photos sont magnifiques », s’est-elle confiée sur son Instagram.
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Maren Lundby, leader de l’équipe de saut à ski féminine norvégienne, a été interrogée sur ces photos par le quotidien Dagbladet : « Juliane fait ce qu’elle veut de son temps libre, se contente-t-elle de répondre. Elle a déjà fait ce genre de photos, elle aime bien ça et il n’y a donc rien de surprenant dans cette histoire. Et cela ne change rien au fait que c’est une très bonne concurrente depuis plusieurs saisons. Mieux, je pense que c’est bien qu’elle se démarque, ça fait parler du saut féminin. »
Ce n’est pas non plus la première fois qu’une sauteuse allemande fait la couverture de Playboy : avant Seyfarth, Melanie Faisst avait elle aussi posé pour le magazine. Alors interrogée, la Norvégienne Anette Sagen s’était contentée de dire que son adversaire était très jolie sur les photos.
Photos : Nordic Focus.